Une histoire naturelle des dragons – Marie Brennan

Une histoire naturelle des Dragons de Marie Brenan

L’Atalante

Connaissez-vous Adèle Blanc-Sec ? Les BD ? Le film peut-être ?

Si c’est le cas, l’héroïne -Lady de Trent – de cette Histoire naturelle des Dragons ne vous surprendra pas, car c’est véritablement une Adèle en puissance. En premier lieu, nous découvrons une Isabelle d’une grande vitalité et d’un bel attrait. De plus, nous flirtons avec des époques similaires où la place de la femme dans la société est bien délimitée : pas trop d’autonomie, pas trop de culture et surtout hop! à la maison!

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Le tempérament de la future Lady de Trent n’est pas compatible avec une vie dans un cocon anesthésiant et plein de vacuité. Elle est passionnée, irrémédiablement attirée par les dragons peu étudiés mais déjà célèbres.  Cette passion dévorante la conduit à enfreindre en premier lieu les règles familiales au péril de sa vie, puis la bienséance de la société (toujours de manière risquée). Ces créatures sont sa raison de vivre. Sans cette relation étroite avec les dragons, sa vie n’a plus la même saveur, elle ne peut s’épanouir ni se projeter dans la futur… Une chance qu’elle épouse un homme, Jacob, des plus compréhensif et avant-gardiste qui l’autorise à l’accompagner dans un voyage d’étude sur une espèce de dragon. Bien entendu, les péripéties de notre aventurière vont soulever bien des découvertes et pas uniquement d’ordre naturalistes…

En avance sur son temps, le verbe haut quand il le faut, curieuse, autodidacte, déplaçant et bousculant les convenances, elle possède bien des traits de la célèbre Adèle Blanc-sec. Bref, elle décoiffe! Elle décape cette société frileuse! L’univers de ces deux héroïnes, partagent également des points communs qui permettent de relever l’aspect extraordinaire de leur tempérament ainsi que leurs centres d’intérêt : l’histoire naturelle et l’archéologie.

En effet, dans cette Europe imaginaire de la fin  du XIX° siècle, une femme n’a rien à faire au beau milieu d’un désert ou sur les hauteurs de montagnes glacées à la chasse aux dragons. Le pays d’origine d’Isabelle ressemble d’ailleurs beaucoup à l’Angleterre victorienne. L’ambiance décrite par Marie Brennan ainsi que les carcans sociaux mis en place dans son récit y font clairement référence. La société est prude et très rigide, d’où les difficultés pour la jeune fille, puis la femme à s’épanouir et assouvir sa passion pour l’histoire naturelle, occupation à cent lieues de la  bienséance! La chance lui sourit toutefois très rapidement (il en faut toujours une bonne part) car son père s’avère ouvert et tolérant jusqu’à couvrir les incartades littéraires de la jeune Isabelle. Il la guide même en direction de son futur époux, démontrant là une belle compréhension de sa fille alliée à un amour paternel discret et tangible.

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Les aventures naturalistes d’Isabelle la conduisent par la suite dans un pays plutôt froid et aride, du moins en terme de société. Le village qui leur sert de point de chute est décrit comme arriéré et peu communicatif.

Du coup, j’ai trouvé le rendu de l’ambiance victorienne du roman un peu limitée, ainsi qu’une redondance dans la description des villageois et de leur conduite presque hostile durant les longs mois de leur présence… C’est même un peu surprenant que rien n’ait pu adoucir leurs mœurs au bout de nombreuses semaines et de plusieurs mois de contacts. Plus que bizarre et incongru, cet parti-pris de narration a sonné un peu faux dans mon esprit.

 

Les critiques que j’ai consultées évoquaient un ton Young Adult (de qualité). Effectivement, Marie Brennan a choisi de nous délivrer les mémoires de Lady de Trent à la première personne. Le ton est enjoué et léger, accompagné d’une certaine autodérision tout aussi plaisante. Les réflexions et l’introspection de la jeune femme d’alors sont assez savoureuses quoique parfois répétitives (tout comme les pseudo références à ses ouvrages passés, citées trop souvent). Aussi, j’ai trouvé des moments inégaux en terme d’intérêt et un ton trop décalé pour une soi-disant vieille dame. Mon sentiment est assez paradoxal, j’aurais attendu soit davantage d’esprit critique sur l’époque, ses perceptions d’alors (un retour d’expérience plus approfondi), soit une narration plus enlevée et centrée sur les aventures d’Isabelle. De manière triviale, j’ai eu le sentiment de me retrouver le « cul entre deux chaises ».

Attention, ce n’est pas déplaisant pour autant ni gênant au point de rendre la lecture désagréable. C’est un simple constat une fois la lecture terminée : il y a comme un petit goût d’inachevé pour un roman pourtant très prometteur.

Je ne parlerai point des dragons, c’est l’enjeu de ce roman. Il s’agit justement d’une histoire naturelle sur ces animaux, aussi, dévoiler leur nature ou leur comportement ternirait-il le plaisir de cette découverte lors de votre lecture. J’ai adoré cette partie « immersion scientifique » à propos de cette créature mythologique, à la fois complexe et sauvage. C’est très réussi.

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En conclusion, je regrette le choix de narration perfectible et l’ambiance victorienne qui peine à prendre de l’ampleur dans ce tome d’ouverture. Autrement, cette Histoire naturelle des Dragons est  captivante,  créative et récréative, avec une héroïne pleine de peps et d’humour.

Que demander des plus ? Des Dragons pardi! Ils sont au rendez-vous (en chair et en os…)!

Autres critiques :

Je vous conseille vivement de lire au moins la critique d’Apophis qui m’a convaincue de lire le roman. La couverture m’avait fait de l’œil. Et celle de Xapur.

Bouddica (Le bibliocosme) Papillon dans la Lune

Challenges :

Un tout petit combo

Challenge Summer Short Stories of SFFF – saison 2

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Défi Lecture 2016 : # 47 un livre avec un animal dans le titre

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20 réflexions sur “Une histoire naturelle des dragons – Marie Brennan

  1. Bon, j’ai prévu de lire ce roman, mais je crois qu’il faut vraiment que je me mette en tête qu’il ne va peut-être pas être à la hauteur de ce que j’espérais au départ, tout le monde parle beaucoup de ce côté young adult. On verra bien 🙂

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    • Oui, il y a bien un côté YA avec son sentimentalisme immature. C’est toutefois un roman agréable et divertissant. Même s’il n’est pas à la hauteur de ce que j’en attendais. Bon premier tome.

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  2. Merci pour le lien 🙂

    Je suis tout à fait d’accord avec ta critique : on attend beaucoup de ce roman, qui, tout en étant très recommandable, laisse tout de même la vague impression qu’avec quelques petits ajustements, il aurait vraiment pu prendre une dimension encore supérieure.

    Pour moi, le vrai test va être le tome 2, qui sort dans un mois.

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  3. Coucou,
    J’avais vu ce roman de loin sans trop savoir de quoi il retournait, j’ai adoré le film Adèle Blanc-sec son humour me plaît beaucoup et de l’auteure je connaissais son dyptique Deux soeurs si je me souviens bien du titre, c’était très bien.

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