Le zoo de Mengele – Gert Nygardshaug

Le zoo de Mengele de Gert Nyargshaug

La Trilogie de Mino, tome 1

 

D’après l’éditeur, Gert Nygardshaug est un auteur très populaire en Norvège et Le Zoo de Mengele son roman le plus célèbre.

Nous y suivons la montée en puissance et en haine du très jeune Mino A. Portoguesa, surnommé Mariposa. Le petit garçon vit heureux avec sa famille au milieu de la jungle sud- américaine. Il y chasse de fabuleux papillons que son père vend aux collectionneurs. C’est la définition  même d’un bonheur paisible en synergie avec Dame Nature.

Puis, d’étranges bruits qui s’approchent de ce village isolé, perdu au sein de son écrin de verdure et de pureté, accompagnés de quelques brutalités de la milice locale. Les années passent, Mino chasse avec amour ses papillons, les violences se corsent en intensité et en quantité, le raffut grignote du terrain jusqu’au jour où les bulldozers s’emparent des terres bordant le village. Pour l’or noir.

Tout commence lorsque Mino découvre un merveilleux et inconnu papillon de l’autre côté de la rivière, alors que des hélicoptères le survolent. Peu après, une fusillade provenant du village l’alarme. Il se précipite sur le chemin de retour mais seul les morts l’attendent. Le chagrin le dispute à la colère devant le massacre de tous les villageois, de ses frères et soeurs, de son père admiré ainsi que de sa mère adorée. C’est ce jour là que né Mariposa.

Non, Mino ne jure pas de les venger sur les tombeaux de ses proches. Ce n’est pas un roman de pure fantasy, et le cheminement est plus complexe. Il est submergé par un chagrin immense et cherche surtout à survivre. Il hait tous ces américains avides de pétrole et de pouvoir. Ce sont les événements, les tragédies, les violences gratuites et les injustices auxquelles il assistent impuissant qui vont forger sa volonté d’en découdre à grande échelle.

Secouru par un magicien itinérant, ils traversent une Amérique du sud dont il est difficile de situer l’époque. Un continent qui ressemble fort au notre, qui pourrait l’être d’ailleurs, à ceci près que l’espagnol et le portugais forment un pêle-mêle harmonieux. Une volonté de l’auteur de ne pas associer son intrigue à des pays en particulier. Le flou artistique entretenu autour de la date participe à l’ambiance hors du temps du récit.

Ne vous y trompez pas, il s’agit d’un thriller baignant dans une légère touche fantasy. Dans ce premier tome, le lecteur assiste à la naissance d’un « vengeur » et d’un assassin. Vif d’esprit, charismatique, Mino ne possède pas les moyens, la logistique ou l’envergure pour frapper son ennemi avec efficacité. Les premières fois qu’il tue sont des accidents, des impulsions haineuses, ou pour se défendre lui et les êtres qui lui sont chers. La providence lui ouvre des opportunités quand il est recueilli par un groupe de dissidents, tout autant fâchés contre les americanos et leurs comparses…

Par l’intermédiaire d’ellipses temporelles, nous suivons les progrès de deux enquêteurs aux trousses du groupe terrorise Mariposa et de son leader. Les événements se situent 15 ans après le massacre du village de Mino. Ces deux trames permettent d’entretenir le suspens surtout dans ce premier tome qui voit la chrysalide se transformer en papillon meurtrier…

Je comprends les éloges dont bénéficie la trilogie sur l’ensemble de ces points. La montée en puissance de Mino est parfaite, difficile de ne pas compatir avec ce jeune homme à qui rien n’est épargné. Il faut dire que le sort s’acharne sur lui ( peut-être un peu trop question crédibilité). J’ai surtout apprécié la justesse de l’auteur : Mino ne se devient pas tueur en série suite au massacre dont il a été témoin. Point de serment de vengeance grandiose devant le macabre spectacle. Non l’auteur le transforme peu à peu, chaque exaction vécue l’engageant sur ce chemin de violence.

Le suspens progresse parallèlement à la mutation de Mariposa, les ellipses temporelles permettent non seulement d’entretenir la tension, mais aussi d’entrevoir l’étendue du conflit futur.

C’est également un plaidoyer intense pour la sauvegarde de la nature, pour une vie davantage en harmonie avec avec l’élément végétal, et dans le respect de la faune. La fresque dépeinte dans cette Amérique du sud est d’ailleurs très séduisante à l’opposé de la vie citadine, terne et sans saveur présentée. Ce côté manichéen est un peu trop prononcé à mon goût. Ainsi, le roman penche bien davantage du côté document à charge uniquement, sentiment renforcé par l’image uniquement prédatrice des américanos véhiculé dans ce roman.

Le zoo de Mengele, loin du thriller classique, nous propose la transformation d’un jeune homme palpitant, passionné de nature et de papillons en tueur froid et implacable. L’Amérique du Sud décrite est magnifique, digne d’un roman de fantasy, subissant les assauts d’américanos avides et corrompus représentants l’armée des petits bras dévoués au Tyran Pétrolum. Il est dommage que l’aspect plaidoyer ne soit pas plus équilibré. Comme quoi un papillon est un sacré dragon !

Article rédigé dans le cadre de Masse-Critique de Babelio

Mariposa = papillon

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