Hyperion 1 – édition Pocket- Dan Simmons

Hyperion 1 de Dan Simmons

Édition « TRAITRE » pocket !!!

Hyperion 1

Ce roman de Dan Simmons bénéficie d’une aura solaire et intimidante. Aussi, pour m’éviter la déception liée à la lecture de critiques, chroniques, avis ou commentaires plus dithyrambiques les uns que les autres, ai-je voulu me lancer dans l’aventure, vierge de toute préconception et si possible d’attente.

J’ai donc entamé mon livre Pocket avec un couverture plutôt sympathique, Hyperion 1. J’ai achevé la lecture de la dernière page, et comment traduire mon sentiment ?

Je suis dans la position d’un ou d’une jeune marié(e), le soir de ses noces, la soirée semble à la hauteur des espérances d’un tel jour. Le tout nouveau et beau (belle) conjoint(e) promet une nuit enfiévrée et vous a emmené au bord des délices, pour s’endormir brutalement à vos côtés…. The Epic Fail

Oui je suis très frustrée et en colère après l’éditeur. Car, c’est ainsi que je vis cette scission du roman. Les enchères montent, le parfum est doux, les papilles et les neurones ronronnent et puis, l’éditeur vous sèvre brusquement, sans préavis. C’est au détriment de la saveur d’un roman déjà très prometteur, car cette frustration peut potentiellement lui faire du tort (sensation de frustration intense et il faut payer presque le double pour un roman!).

En effet,  les éditions Pocket ont décidé de couper un premier tome au milieu de l’histoire. Certes, la pratique est courante dans l’édition française (des histoires de gros sous…) mais en l’occurrence c’est criminel. Il n’y a même pas de cliff-hanger à la fin.

Comment inviter à la découverte d’un auteur, donner envie de se frotter à la saga dont la réputation se frotte à l’immense Dune ? Pour ce faire, l’éditeur choisit la stratégie la plus étonnante : abandonner le lecteur en plein champ, au beau milieu du trajet. Tu veux la suite, passe à la caisse…

Hypérion est le premier roman de Dan Simmons, et dans cette toute première partie, cela se sent. Il y a un léger déséquilibre narratif : des récits de pèlerins qui exigent une mise en place initiale (temps de construction) associés à des temps plus posés entre chacun d’entre eux.

Du coup, le rythme semble fluctuer et cette  fin en queue de poisson associée à la pratique de Pocket trahissent tout le soin apporté à la construction du roman et de l’intrigue. Et c’est en cela que j’estime ce procédé criminel, car le lecteur peut rester sur cette impression et passer du coup à côté de l’univers dense et riche en construction.

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Passé la surprise du trajet spatial dans un arbre – à découvrir !-, le lecteur se voit présenter les enjeux. Une force antagoniste se dirige vers Hypérion qu’il convient donc d’évacuer. Pendant ce temps, 7 hommes et femmes désignés pour des raisons qui nous échappent doivent participer au pèlerinage des Tombeaux du Temps. Ici, le mystère est savamment entretenu. Nous sommes conscients de l’importance à la fois de ce voyage spirituel et du choix des membres de cette petite communauté, mais rien ne  nous permet de relier entre eux les éléments de l’énigme (et certainement pas dans ce pseudo tome).

7 pélérins, et non 7 mercenaires ou 7 samouraïs. Cependant, mon allusion au chef d’œuvre d’Akira Kurosawa  inspirant le western, n’est pas fortuite. Dans ces trois œuvres,  les protagonistes ne sont pas des enfants de chœur,  ils ont leurs failles, leurs défauts, leurs zones d’ombre qui d’ailleurs illumineront les pages lors de leur récit. Malgré l’apparente contradiction qu’il peut apparaître entre une démarche pieuse et leur personnalité, le lecteur flaire déjà l’impact qu’ils auront sur le sort de la planète Hypérion, tels nos 7 mercenaires, ou 7 samouraïs avec leur village respectif. (Je ne pense pas que nous aurons un affrontement de nos pèlerins, seuls contre les hordes d’Extros qui se dirigent vers la planète.).

Dans ce « tome« , seuls 3 d’entre eux ont le temps de nous délivrer l’histoire de leur vie et le rapport plus ou moins lointain avec le gritche. Monstres sanguinaire, ET, divinité locale, sa nature nous échappe, bien qu’il jouissent d’un véritable culte, avec l’existence d’une église à son nom. Nous en apprenons à chaque récit beaucoup plus, notamment sur cette entité extraordinaire alors que paradoxalement le mystère s’épaissit en relançant l’intérêt pour le lecteur. Et déjà, dans cette première partie, nous voyons le brio de Dan Simmons qui parvient à créer une forme de résonance qui prend plus de force à chaque itération.  Après chaque récit, les enjeux augmentent au diapason de la dramatique globale. Le lecteur est de plus en plus intrigué, et je sens déjà que la comparaison avec Dune n’est pas infondée.

Je ne vais pas m’attarder sur les personnages ni leur parcours, je dois me procurer la suite (cracher au bassinet), et je ferai une chronique plus globale sur Hypérion; reprenant les différents protagonistes et revenant sur la richesse de l’univers.

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Défi Lecture 2017 : #5 livre dont vous repoussez sans cesse la lecture.

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Le Livre :

« Fuyez! Pauvres fous! » – Gandalf * – différentes lectures peuvent être faites…

Je recommande les éditions qui vendent le tome Hypérion dans son intégralité, en numérique ou en papier. Certainement pas cette version Pocket.

72 réflexions sur “Hyperion 1 – édition Pocket- Dan Simmons

    • Je me suis mise à la VO, c’est un peu plus laborieux – surtout que j’ai choisi la difficulté. Mais, je progresse et je vais m’y mettre bien davantage.
      Je suis furax et frustrée, je crois que mon avis le relate bien… 🙂
      Je me suis engagée sur une lecture commune pour cette semaine, alors ce n’est pas avant la semaine prochaine que je lirai la suite.

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  1. Il existe une version pocket intégrale et c’est celle que j’ai lu. Surtout que Hypérion doit se lire avec sa suite La chute d’hypérion et je sais que Pocket a aussi coupé en deux ce roman puis en a sorti une intégrale.
    Pour ma part Hypérion a été un gros coup de cœur, j’ai tout adoré: les personnages, l’univers et en effet la coupure en plein milieu est très frustrante.

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    • L’on pourrait me dire que je n’avais qu’à me renseigner. Ce qui est vrai, mais ce que je voulais éviter pour être « neuve » à sa lecture. Je n’ai pris qu’un tome pour au cas où cela ne me plaise pas.

      Pour le récit, c’est que la coupure est débile! C’est juste après le récit Silenus, et de son poème à terminer. Nous avons eu Hoyt et le crucifix étrange, Kassad et l’arbre « vengeur » des Tombeaux. Il sont nulles part….
      Le début de l’univers, tu sens bien le potentiel, la mise en bouche opère, les neurones sont titillées et pouf, plus rien…même pas un petit élément pour amuser la galerie.
      Je te rassure, j’ai beaucoup aimé…. chut, je le garde pour après, mais j’avais trop envie de hurler ma rage sur ce coup!

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  2. J’avais eu la même impression, heureusement que j’avais la suite sous la main…. sauf que le problème reste le même : Hypérion n’est rien sans la Chute d’Hypérion, donc je te conseille de te le (les) procurer aussi si tu continues ta lecture, histoire de ne pas trop connaître cette frustration. Sinon, c’est le fail assuré !
    Je me suis arrêtée avant la Chute, vu que je ne les avais pas sous la main, et je dois avouer que j’ai pas senti le chef d’oeuvre arriver, donc il faudra que je les achète et que je reprenne depuis le début….

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    • Je vais me les procurer sans tarder. Quelque part, c’est assez rassurant, non pas d’avoir vécu la même mésaventure, mais d’avoir le même ressenti à l’issue de la lecture de ce tronçon de tome.
      Je vais éviter un autre fail alors et je poursuivrai avec la Chute.

      Bon, tu sais ce qu’il te reste à faire! Une bonne dose de Simmons. 😉

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  3. Je te comprends, j’ai aussi lu cette version « coupée » de manière anarchique et c’est vraiment pas la meilleur. Pocket à sorti des intégrale pour Hyperion et Endymion et je pense que ce doit être beaucoup mieux pour le lecteur !
    Marrant, je n’aurais pas du tout fait la comparaison avec Dune même si la religion est très présente dans ce Space Opéra.
    J’espère que tu appréciera la suite de l’histoire c’est un de mes space opera préféré, très riche et avec des personnages géniaux ^^

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    • Merci de partager ton vécu sur cette édition. Ce qui me fait penser à Dune, c’est l’impact d’une croyance, l’unvivers assez complexe et fouillé dès les premiers chapitres, la richesse globale. Bref, le « poids » qu’il prend également.

      J’espère apprécié la suite, et le bébé m’intrigue également.

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  4. Comme toi, j’ai découvert la saga avec ce tome amputé de sa seconde moitié, car c’est vrai que c’est de la mutilation un découpage pareil !!! Heureusement, je n’ai eu qu’à tendre la main pour attraper le suivant, faisant immédiatement taire mon énervement pour l’édition en question, tellement absorbée par les récits des autres pèlerins *_*
    En revanche, je n’ai pas continué avec La chute, et je le regrette après coup ^^ Mais ce n’est que partie remise, car j’ai adoré 😉

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  5. Moi qui voulais lire prochainement Hypérion, je sais désormais quelles précautions d’achat je dois prendre ! Merci. J’ai par ailleurs lu il y a quelques jours Le Chant de Kali, son premier roman. Je l’ai dévoré, ce qui me donne vraiment envie de relire cet auteur.

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  6. J’avoue que je suis resté quelque peu dubitatif devant le « fuyez, pauvres fous » de la phrase d’introduction… Le moins qu’on puisse dire est qu’on ne voit pas très souvent ces termes associés à Hypérion. Et dubitatif je suis resté devant le reste de la recension, mettant un moment à comprendre que c’était plus l’édition que le roman que tu critiquais. Même si celui en prend aussi pour son grade. Et que je suis persuadé que certains vont comprendre (de travers) que c’est le roman qu’il faudrait fuir, et pas l’édition en question.

    Pour tout te dire, personnellement, j’ai toujours des scrupules à critiquer une moitié de roman complet, vu le nombre de ceux qui sont défaillants dans une des deux moitiés et des chefs-d’oeuvre dans l’autre. Nous sommes parfois obligés de le faire (moi même j’y ai cédé pour le tome 2 du cycle Malazéen, tronçonné en deux livres dans l’édition française), mais Hypérion est un tel équilibre entre les récits des pèlerins, qui se nourrissent et s’expliquent mieux les uns les autres au fur et à mesure qu’on les découvre, qu’il me paraît hasardeux de n’avoir pas chroniqué l’ensemble du roman original. Ensemble qui, d’ailleurs, montre que chaque récit explore une thématique (guerre, religion, etc) donnée en employant, de plus, un ton, voire un genre, radicalement différent. Personnellement, j’en vénère depuis plus de 25 ans la moindre syllabe.

    Pour terminer, j’ai heureusement évité ces turpitudes éditoriales, ayant lu le cycle à sa sortie, dans les années 90, en édition Ailleurs & Demain.

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    • Pour être honnête, le Fuyez! Pôvres fous t’était destiné, je suis retorse, je savais que cela te ferai réagir. Je souhaitais justement aller sur ce terrain.

      J’ai hésité très longtemps pour faire un billet sur cette édition et ce tronçon de roman.

      Loin de moi, la volonté de pousser un lecteur potentiel à se détourner d’un tel roman, car, l’humus est présent en quantité et l’émergence d’un chef d’œuvre en puissance est bien réelle dans ce que j’ai lu.

      Je souhaitais montrer à quel point cette scission à cet endroit est stupide car effectivement si tu n’es pas forcément attentif à la construction de tout un univers (religieux, philosophique, historique, technologique et politique) tu passes à côté et la seule sensation qui reste est un goût d’inachevé. C’est criminel et honteux de la part d’un éditeur.

      D’où mon hésitation car à cet endroit, nous avons effectivement qu’un roman en puissance.

      C’est le point de vue que je tente de mettre en lumière. J’espère y être parvenue, car en aucun cas, je ne veux faire du tort au roman lui-même. Mais, je vais peut-être légèrement modifier le titre pour que la situation soit limpide.

      Ce que tu soulignes, sur ce jeu de mise en lumière réciproque, on le pressent dans cette première partie, mais cela reste encore du domaine de l’esquisse.

      J’ai déjà noté la thématique propre à chaque récit (Religion avec Hoyt, martiale avec Kassad, culturelle et spirituelle avec notre poète) et j’ai été agréablement emballée par le « ton » employé différent à chaque récit.

      Personnellement, il me tarde de lire la suite, et ne je compte lui faire une critique uniquement sur la valeur propre du roman complet. (J’ai commencé la deuxième partie et nous serons du même avis 😉 )

      Tu as eu de la chance d’éviter cette version meurtrière.

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          • Euh, comment dire… il ne s’agit pas de ma petite personne. Il se trouve que tu es une blogueuse respectée, lue attentivement par un nombre croissant de gens, et que si ces derniers (et particulièrement les novices dans ce genre de SF haut de gamme) se mettent à associer « Hypérion » et « fuyez pauvres fous », le risque de détourner un nombre conséquent d’entre eux d’un des plus grands chefs d’oeuvre de la SF du dernier quart de siècle est réel. Après, chacun ses goûts, et si tu avais, avec ton degré d’argumentation habituel, descendu le livre pour sa construction, son intrigue, etc, bref sur le plan littéraire et PAS éditorial, ça ne m’aurait pas posé de problème existentiel insurmontable.

            Maintenant, pour être honnête, je me suis fait une réflexion tout au long de la lecture de ta recension : celle que Simmons payait 1/ pour la politique commerciale douteuse d’un de ses éditeurs français sur laquelle il n’a pas vraiment de contrôle et 2/ sur la lecture d’une moitié de livre, et encore (et de loin) la moins significative des deux, étant donné que les récits de Weintraub et du Consul sont dans la seconde moitié. Bref, tu connais tout le respect et la sympathie que j’ai pour toi, mais cette critique m’a, effectivement, mis mal à l’aise.

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            • Ooooh!
              Là, c’est décevant pour moi Apo, j’ai vraiment mal tourné mon billet – que je ne vois pas comme une critique d’ailleurs. SI tu m’écris cela, c’est que globalement je me suis plantée sur le ton et les arguments.

              Non, je ne veux absolument pas faire payer dan Simmons qui n’est pas responsable de la politique éditoriale de cet éditeur. J’aime bien Dan Simmons, et je compte bien poursuivre mes lectures avec lui.

              Bref, il va falloir que je remanie ma chronique car, je veux montrer la stupidité d’un tel emballage qui va doit faire du tort au roman, et cela me désole car j’ai été très séduite par ce premier contenu. Chaque récit donne de l’ampleur, aiguise la curiosité et ajoute un niveau au côté dramatique.

              Je te remercie car, je ne pensais pas avoir inverser le rapport au livre et donner des raisons de fuir le livre. Et je suis désolée -vraiment – de t’avoir mis mal à l’aise.

              Bon, je vais la retravailler tout de suite.

              Merci Apo!

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      • Je comprends ton ressenti, mais malheureusement c’était la politique de Pocket à une époque. La Roue du Temps en édition Pocket a ce problème également, et c’est loin d’être la seule série dans ce cas. Je crois qu’ils ont tenté de réparer un peu avec ça avec leurs intégrales, et c’est pas plus mal. Il faudrait juste qu’ils finissent d’écouler les stocks des tomes à l’unité 🙂

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  7. Épic fail 😂 J’ai éclaté de rire
    Pour ma part j’écoute Gandalf et m’en vais voir ailleurs surtout de cet auteur
    J’ai beaucoup aimé Nuit d’avril qui m’a bien flanqué les miquettes et j’ai L’échiquier du Mal dans ma PAL dont j’ai entendu beaucoup de bien 😊
    Bisous

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    • A vrai dire, je ne sais pas exactement. Si je prends Dune, le livre j’ai tenté de le lire vers 16 ou 17 ans. ce fut un flop monumental pour moi. Puis plus tard, même bien plus tard j’ai vu le film et l’adaptation TV. Ce fut un bonheur.
      Le fait d’avoir muri, et d’avoir davantage de consistance et culture sf y ont beaucoup fait.

      Après, il y a des romans ou des auteurs ou tu ne sais pas pourquoi tu n’accroches pas. La rencontre ne se fait pas et il ne faut pas chercher plus loin.

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  8. J’ai acheté les quatre « intégrales » en format semi-poche. Oui car maintenant on qualifie d’intégrales les romans complets auparavant tronçonnés. On n’arrête pas le progrès dans l’édition française ! 😀
    En tout cas, je note (mais je pense le savoir depuis longtemps) que le roman est bon. Il me reste maintenant à lui trouver un créneau de lecture, et ce n’est pas la partie la plus facile…

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  9. D’ailleurs, avec La chute d’Hypérion, c’est un peu pareil. les récits des pèlerins sont tous racontés, mais le pèlerinage, lui, n’est pas fini. Donc profite pour acheter les deux tomes de La chute d’Hypérion (et ainsi profiter des sublimes illustrations de Jean-Sébastien Rossbach).

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    • C’est ce que j’ai fait. J’aurais sans doute été perplexe de découvrir que l’histoire ne s’est pas achevé.
      J’ai été prévenue et du coup, je me suis préparée cette fois-ci! Merci 🙂
      Et oui, toujours avec de belles illustrations.

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  10. En revanche, Les voyages d’Endymion se passe 274 ans, donc mieux vaut laisser passer quelques mois. Surtout pour prendre le temps de recevvoir une claque. Moi, je crois que j’ai attendu 2 ans entre les deux. Mais je pense que 6 mois suffiront pour toi.

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