La Traque – Gabriel Katz

La Traque – Gabriel Katz

Le Puits des Mémoires, tome 1

Scrinéo

Prix Imaginales 2013

Le Puits des mémoires est une trilogie de Gabriel Katz qui semble jouir d’une belle réputation dans la fantasy française. Le résumé éditeur – qui pour une fois ne dévoile pas le contenu de la trame –  ainsi qu’une impression de fun m’ont convaincue de le lire. J’ai profité de l’opportunité d’une lecture commune avec Elhyandra  pour me lancer dans cette aventure sans prétention.

Trois hommes s’éveillent à la suite d’un accident de la route. Leur chariot et les chevaux de trait ont basculé dans le vide. Un quatrième larron est mort, tout comme leur escorte… ou leurs tortionnaires. Il faut dire qu’ils étaient enfermés dans des cercueils et n’ont plus aucun souvenir de quoi que ce soit. Très vite, il s’aperçoivent de la nature exacte de leur statut : ce sont des proies, pourchassées par une troupe de furieux mercenaires. Désormais leur but sera de se fondre dans la masse et de découvrir leur identité.

Pourquoi sont-ils traqués ? pourquoi les cercueils ? Qui les pourchassent ? Pourquoi un tel acharnement pour 3 pouilleux ?

Car le royaume d’Hélion se trouve totalement bouleversé au plus haut niveau par cette traque. Leur puissant voisin, pacifique jusqu’alors, s’autorise une chasse fournie, musclée et accessoirement sanglante à travers cette petite contrée. En tant que lecteur, une fantasy qui débute sur ces bases amène un peu de nouveauté. Il ne s’agit pas d’une lutte – pour l’instant – contre un tyran mais d’une énigme à résoudre en compagnie de ces trois compères.

L’univers est classique puisque nous sommes dans un monde médiéval fantastique qui se dévoile à l’aune des découvertes des 3 fuyards. Ils sont effectivement nés à leur réveil, certes adulte et maîtrisant le langage autochtone, mais vierge de toute autre connaissance.

Ainsi, leur savoir – et le nôtre –  se réduit-il à l’environnement immédiat : une zone montagneuse et un climat des latitudes tempérées…. Aahh ! et une troupe de mercenaires à leurs basques. Puis, la fréquentation d’un village de paysans donne un aperçu des conditions de vie typiques du haut Moyen-Âge, celle d’une ville complète un peu plus les us et coutumes de la contrée. La situation politique se dévoile avec la  visite de la capitale d’Hélion et une traque plus sauvage.

L’aperçu de cet univers est très didactique, et ce dernier peu paraître léger (et initialement c’est réellement le cas) à tout aficionados de mondes et d’ambiances corsées et denses. Cependant, ce choix s’avère habile car l’aventure se déroule à travers les points de vue des trois proies humaines, ce qui permet au lecteur une immersion et une empathie plus importantes avec eux.

En effet, le roman repose sur ces trois personnages principaux et leur avenir. Sans aucun souvenir des lieux et de leur histoire, ils possèdent toutefois des savoirs et une mémoire kinesthésique presque instinctive. Pour commencer, ils se sont donnés des noms : Karib, Olen et Nils .

C’est avec Nils qu’ils découvrent que quelques savoirs-faire demeurent bien présents lorsque ce dernier lance une pierre avec virtuosité à la tête du chef des mercenaires, permettant à Karib, un imposant gaillard de se précipiter au combat avec sa hache de guerre… et faire un flop mémorable. Aucun d’entre eux n’est un adolescent imberbe et pleurnichard, leur personnalité est bien établie et Gabriel Katz profite amplement de la situation pour jouer sur les apparences et les contradictions. Ainsi, le plus solide, grand et charpenté des trois se trouve être d’un grande sensibilité, paternel, anxieux et prolixe. Le joli garçon séduit toutes les donzelles avec sa verve, mais tient en respect les plus forcenés avec une aisance épée en main impressionnante. Malgré ce don et son charisme, il rêve d’une vie sédentaire. Enfin Nils est le plus taciturne, renfermé, posé il fait preuve d’une patience angélique…

Nos trois pouilleux s’entendent parfaitement bien, et si la nécessite leur a forcé la main dans leur coopération initiale, c’est une amitié solide qui les unit à la fin de ce premier tome. Leur passivité continuelle m’a un peu agacée par moment, où j’avais envie de leur mettre des coups de pied au c***.

Heureusement, la carte de l’humour assumée par l’auteur permet amplement de passer outre. C’est d’ailleurs ce genre-là que j’apprécie. Tout est amené avec une légère dérision, dans le ton, dans les situations, dosé avec minutie pour ne pas tomber dans le trop (ou trop peu) et ne pas sombrer dans la farce. Que ce soit le comique de situation (le nécromant dans le village abandonné), les jeux de mots, les clins d’œil aux jeu vidéo ou de plateau (le sort de recherche de caves secrètes ou perdues – le trio : mage, combattant, « rôdeur »),  les références à d’autres romans (le Fils de la Lune) tout est maitrisé et confère à l’ensemble un goût de reviens-y.

Ainsi, le lecteur navigue-t-il entre le rire et le sourire tout au long du roman ou presque. Le danger est bien présent, et certaines scènes rappellent ô combien l’adversaire est remonté et déterminé.

Du coup la lecture est fluide et agréable. Le worldbuilding n’est certes pas le point fort du Puits des mémoires, et les personnages subissent un peu trop les événements. En revanche, La traque s’avère un roman rafraîchissant et pas prise de tête pour deux sous.

Autres critiques :

La bibliothèque d’AelinelElhyandraBlog-O-livreAu pays des CavetrollsPlumes de LuneTanuki no monogatari BoudiccaEvasion Imaginaire

Les challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Le livre :
  • en numérique : 4,99€
  • 400 pages
  • Illustration de Miguel Coimbra
  • 16,90 €
  •  18 mai 2012
     

 

33 réflexions sur “La Traque – Gabriel Katz

  1. On se rejoint totalement sur tous les points je suis joie ^^ (j’avais chroniqué le premier tome ici https://tanukinomonogatari.wordpress.com/2016/11/17/t1-le-puits-des-memoires-la-traque-gabriel-katz/). Comme évoqué plus haut, le deuxième tome est vraiment le meilleur.

    Cette série est perfectible mais je remercie encore Aelinel de me l’avoir fait découvrir; j’ai vraiment aimé son côté décomplexé et son ambiance très rôliste grande époque 🙂

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  2. Il va donc falloir que je me penche sur le cas de Katz, sans tomber au fond du puits malgré tout !!!
    Tiens, on dirait que mon humour à deux balles est de sortie ce soir 🙂 L’effet pré-Katz peut-être ?
    Avant de sortir, sous une pluie de tomates (en boîtes, vu que n’est pas encore la saison ^^), je te remercie pour cette suggestion de plus 🙂

    Aimé par 1 personne

    • C’est un humour que j’aime bien et que je pratique souvent!! lol
      Person, j’adore et c’est le genre qui me fait rire. En revanche, ce n’est pas tout à fait celui de Katz qui est un peu plus élégant que le notre!!! LOL

      🙂

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