Les Manteaux de gloire – Sebastien De Castell

Les Manteaux de gloire de Sébastien De Castell

Bragelonne

Voici le premier roman lu et critiqué, pour fêter en fanfare avec bruit et explosivité la  première année de présence de mon blog Albédo sur la toile, et dans le cadre de ce mois anniversaire, la Gun & Powder est à l’honneur. Nous commençons donc en douceur avec Les Manteaux de Gloire de Sébastien De Castell.

Ce premier roman de l’auteur canadien nous propose de suivre les aventures de 3 représentants d’un ordre tombé en disgrâce et révoqué à la mort du Roi. Bien entendu, les 3 compagnons vont éviter pièges et traquenards, pour mieux se précipiter dans des péripéties corsées et endiablées.

Manteaux de Gloire, Kézako ? me demanderez-vous. Regardons cela de plus près…

Imaginez un croisement (métaphoriquement parlant) entre Judge Dredd et Les Mousquetaires de Dumas, vous obtenez Les Manteaux de Gloire – trois en fait, à l’image des représentants de notre célèbre écrivain français. Nous avons Kest, le maestro de la rapière, Brasti l’archer hors-pair et Falcio le chef de bande, leader de cette troupe d’élite. Leurs compétences martiales étaient reconnues, appréciées et surtout des plus utiles. En effet, leur rôle ne se limitait pas à combattre pour la veuve et l’orphelin, bien au contraire, un bon manteau de gloire devait éviter autant que possible de sortir le sabre du fourreau.

Leur noble mission : rendre la Justice du roi.

Et à l’image de l’implacable et inflexible Judge Dredd, ils étaient aussi bien juge que bourreau dans un pays soumis et piétiné par les puissants Ducs.

Sébastien De Castell ne verse pas dans la facilité d’une intrigue linéaire en nous comptant en parallèle la chute et la renaissance des Manteaux de Gloire. Un jeune Roi eu l’idée de récréer cet ordre de légende dans un contrée qui n’a rien à envier de la France de l’Ancien Régime. En effet, à l’image des serfs d’antan, les hommes et femmes sont les esclaves « personnels » des ducs qui gouvernent leur duché. Ils se sont octroyés droit de cuissage  sur les dames, droit de vie et de mort sur leurs sujets, et toutes autres joyeusetés du même tonneau… Bref, afin d’établir une nation plus équitable et de libérer son peuple, notre jeune roi édicte des lois et compte sur son nouvel ordre pour les faire respecter. Envers et contre les ducs.

Vous voyez déjà venir la tournure de la chose… au final les Manteaux de Gloire sont dissous et abandonnés à un sort déplorable, situation désespérante et infamante surtout eux dont la mission était de répandre la paix et la justice. La chute est plutôt rude, et nombreux sont ceux qui se contentent de ne vivre que d’expédients.

J’évoque la France de la fin du Haut Moyen-Âge, cependant à la lecture de ce roman, je baignais dans une ambiance piémontaise plus proche de Servir Froid d’Abercrombie – sans le cynisme et le ton mordant de cette série. Ce sentiment était lié à la description de puissants duchés communs à la Renaissance italienne, à l’environnement plus sec et poussiéreux que les campagnes françaises, moins vert que le nord de l’Europe.

Question Gun & Power, cela reste assez léger, et certainement loin du registre Flintlock que j’espérai. Le roman s’oriente autour d’un esprit cape et d’épée, les mousquets sont au rendez-vous, mais cèdent largement le pas aux combats et duels à la rapière, la magie étant juste en appui du récit et utilisée avec parcimonie. L’action  virevolte avec envie et permet de rythmer le roman en un récit vivant et animé. L’ambition de l’auteur ne se résume pas à des scènes de batailles et de combats. Les manteaux de gloire représentent une vision de la société assumée à l’encontre du pouvoir abusif et personnel, ainsi l’intrigue aura-t-elle des ramifications politiques. L’auteur canadien joue sur ce registre sans trop de subtilité,  ce texte n’est pas aussi maîtrisé que la Trilogie de l’Empire de Feist et loin de la fantasy de Kay, mais j’ai abordé le récit avec l’idée qu’il s’agissait d’un premier roman et sans doute pas dans les projets de De Castell.

Il y a des péchés de jeunesse. Le worldbuilding mériterait un peu plus de soin et d’originalité; les ressorts politiques – malgré un ou deux rebondissements très bien menés-  sont prévisibles, ainsi qu’un ou deux Deus ex-machina utilisés pour dépêtrer notre héros principal commodément…  Parlant des personnages, Flacio, le d’Artagnan de service est la clé de voute qui charpente toutes les histoires, présente et passée. Nous avons un personnage droit, chevaleresque et idéaliste qui verse dans l’amertume suite à la dissolution de son ordre, une pointe de roublardise aurait était la bienvenue. Qualité qui ne manque pas à Brasti (Porthos), animé de moins de scrupules que son learder. Kest (Athos) est le plus taciturne et manque un peu d’épaisseur. Pour les autres protagonistes, c’est parfois stéréotypé, avec mention spéciale « caricature » au Duc de Rijou.

Ainsi, ce premier roman se révèle assez prometteur même s’il n’a pas répondu à toutes mes attentes. Il pêche essentiellement en raison de la volonté d’en faire trop et du coup manque un peu d’équilibre. Les personnages ainsi que l’univers mériteraient un peu plus de soin. Cependant l’idée de ces Manteaux de Gloire est séduisante en soi. Je dois avouer que j’y ai passé une nuit…et au petit matin, il ne restait plus une ligne à lire. Cela « le fait » pour un démarrage en douceur.

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Le livre :
  • Illustrateur : Xavier COLLETTE
  • Traducteur : Mathilde ROGER
  • Date de parution : 17/06/2015
  • Nombre de pages : 384
  • Prix : 20.00 € en broché
  • en numérique : 0,99€ lors de l’ops Bragelonne

45 réflexions sur “Les Manteaux de gloire – Sebastien De Castell

  1. J’adore cette série que je lis en VO (Bragelonne a pas l’air pressé de sortir le 2), c’est certainement ma série récente préférée même si les défauts que tu cites existent bien, c’est bien peu de choses comparé au panache et a la classe qui se dégagent de tout ça.

    Et les suivants s’améliorent encore, j’ai hâte de lire le 4 qui sort en avril 😀

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    • J’ai préféré mentionner les quelques défauts, surtout liés à une première oeuvre que de donner de faux espoirs le concernant avec une critique dithyrambique. Il est très prometteur et j’ai hâte de lire la suite. D’ailleurs je l’ai lu d’une traite tellement il est prenant.

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    • Pas sombre ni glauque. Il y a surtout de l’entrain, du panache, et de l’espoir. Une ou deux scènes sont effectivement un peu dures, mais, ce n’est pas gratuit ni dérangeant. C’est un bon roman de fantasy différente de la fantasy med-fan. je ne le classe pas en Dark fantasy d’ailleurs.

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  2. J’hésite à me lancer dans de la fantasy de ce style, mais peut être pas dans celui-ci, les défauts que tu soulignes risque de m’énerver. Notamment sur le héros, j’aime lorsqu’ils sont un peu plus retors.

    Sinon belle chronique.

    Jolie sabre en photo, ça pratique un peu ou uniquement pour la déco ? 😀

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  3. J’avais bien aimé aussi même si effectivement le roman n’est pas exempt de défauts (j’ai été un peu déçue par la fin notamment). Bragelonne nous traduira peut-être la suite… 🙂

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    • oui et non. L’univers certes mériterait un peu plus d’originalité (mais c’est un premier tome). Les personnages tiennent un peu des Mousquetaires. En revanche, l’association cape et épée, juge et bourreau (pas justicier, hein) je n’avais jamais lu, et ca c’est rafraîchissant.
      Ensuite, s’il ne te tente pas avec tout ce qu’il y a à lire…

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  4. Il semble plutôt pas mal pour démarrer ce mois Flintlock ! L’idée, c’est que tu commences en douceur avec celui-ci (enfin, c’est une façon de parler ^^), pour finir par un bouquet final du tonnerre de feu, c’est bien ça ?
    Ok, alors je te suis a fond les ballons 😉

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    • Oh Oui, il est déjà vraiment pas mal. Et oui, démarrage en douceur pour ce registre car il est déjà pas mal pour de la fantasy.

      C’est le but du jeu : terminer en fanfare!

      Très heureuse que tu sois à fond!!! 🙂

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  5. Oh suis chiffon, je l’ai dans ma liseuse mais t’es pas non plus hyper jouassent LOL mais si pour un premier essai il est bon quand même… je testerai un jour ce n’est pas la priorité actuelle et dans les commentaires tu me tentes assez 😉

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    • C’est prometteur sans être absolument abouti. Il faut aussi dire que j’avais des attentes élevées.
      Si tu l’as dans ta PAL, il vaut quand même le détour. Mais, on sens que l’œuvre est travaillée pour faire plus d’un volume même s’il y a une fin à ce roman (et merci!!!!)). Le worlbuilding mériterait davantage d’attention et les personnages en ont encore pas mal en réserve (pour la suite). Voilà pourquoi je ne suis pas hyper jouasse, car il y a de la retenue alors qu’il aurait fallu se lâcher. Mais, c’est un très bon premier roman, au dessus de beaucoup de production d’auteurs plus expérimentés.

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  6. Judge Dredd ?! XD Ah j’avoue j’avais pas fait le rapprochement mais maintenant que tu en parles, oui pourquoi !
    Je ne me souviens plus de tout tout, l’ayant lu à sa sortie, mais je me souviens que j’avais absolument adoré. Enfin moi tu me fais des références au genre du cape et épée et des Trois Mousquetaires, je tombe en pâmoison direct.

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    • Judge Dredd c’est ce qui m’est venu à l’esprit spontanément! lol
      Pour les 3 mousquetaires, je m’y attendais avec le pitch et une ou deux critiques çà et là.
      Le mélange est fort agréable et j’espère qu’il y aura une suite. Je trouverai d’autres petites choses mais pas trop souvent car les chute en pâmoison peuvent être douloureuses à la longue…. 🙂

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  7. Ho je suis encore en retard pour donner mon avis 😛
    Encore un livre que j’ai lu et que j’ai bien aimé même si comme tu le dis il y a quelques « erreurs » (si on veut, le mot est fort) de jeunesse qui j’espère seront gommées dans les suivants. J’attendais la suite chez Bragelonne mais le fait qu’ils n’ai pas mis le nom de la série sur le premier tome me fait peur, surtout qu’on ne voit rien venir pour l’instant :/

    Du coup je commençais à me laisser tenter par la VO parce que finalement il était vraiment très sympa ce premier tome, du moins c’est l’image qu’il m’en reste, et j’ai envie de continuer un peu mon chemin dans ce univers ^^

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    • oui, très sympa comme roman. Un bon souvenir. Je préfère mentionner les « erreurs » de jeunesse pour qu’il n’y ait pas de fausses attentes pour ceux qui seraient tenter.

      Oui, c’est inquiétant de la part de Bragelonne qui ne met pas autant de temps généralement…
      Je vais attendre un peu, avant de poursuivre en VO qui a de bons échos d’ailleurs. L’auteur s’améliore et l’univers s’étoffe dans la suite.

      🙂

      As-tu une critique que je peux mettre en lien ?

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      • Malheureusement pas de critique vu que je l’ai lu bien avant d’avoir mon blog, j’en avais juste fait un avis rapide sur les sites communautaires.
        Je sens que j’attendrais jusqu’à la fin de l’été et si le livre n’et pas prévu dans les programmes de la rentrée je me tournerais vers la Vo =)

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