Les Rivières de Londres – Ben Aaronovitch

Les Rivières de Londres de Ben Aaronovitch

Le dernier apprenti sorcier, tome 1

Les nouveaux millénaires

Après quelques lectures exigeantes et magistrales, j’avais envie d’un roman léger, frais et cousu d’humour. Mon choix s’est porté sur Les Rivières de Londres de Ben Aaronovitch, premier tome du Dernier apprenti sorcier. J’avoue que j’avais quelques craintes, car des comparaisons nombreuses sont faites avec le célébrissime Harry Potter. La comparaison me semble à la fois élogieuse et dangereuse, je vais m’en expliquer.

Grant est un jeune policier de Londres qui achève sa formation. Il est affecté à la surveillance du site d’un meurtre sanglant: un homme a été décapité! Et ce n’est pas le seul crime de ce genre qui secoue la capitale britannique, à tel point que la crainte d’un tueur en série refait surface.

Notre planton reçoit en cette étrange nuit, une mystérieuse visite, M Wallpenny a été un témoin direct du meurtre. Une chance inouïe pour le jeune métis qui voit sa formation de deux ans s’achever en apothéose. Un seul hic, le témoin oculaire est mort depuis un siècle! Paniqué, réfractaire à toutes ses fadaises surnaturelles, le jeune homme se tait se pensant en surmenage, mais voilà…. l’ectoplasme le relance.

Pour ce qui est du genre, j’avoue quelques hésitations. S’agit-il d’urban fantasy ou de fantastique, la question reste pour moi difficile à trancher.

A part les initiés, Londres et le monde qui l’entoure est le même pour les personnages lambda que pour nous. Un chat qui parlerait subitement,  surprendrait plus d’un bonhomme hormis ces personnes baignant dans le secret. En effet, Ben Aaronovitch place son récit dans la réplique de notre monde et à notre époque. Scotland Yard ressemble à s’y méprendre à l’original.

Cependant, la magie existe. Elle est puissante et tire sa puissance de la même source que le célèbre Fog londonien : la Tamise. Enfin, presque, c’est le lieu de domicile de dieux et déesses plus ou moins robustes et de divers horizons. L’auteur aborde le panthéon des divinités fluviales « mondiales » avec bonheur. Elles donnent ainsi une saveur exotique à l’ensemble, sachant que leurs origines ne sont pas courantes, et changent agréablement de la configuration gréco-romaine.

L’ambiance cosmopolite de la capitale est tout aussi reconnaissable, et les passages dans les rues glauques ou les lieux peu fréquentables corsent l’enquête et le danger.

Deux personnages retiennent particulièrement l’attention. Notre jeune policier Grant, métis, dégingandé, il est loin du cliché du bleu à côté de ses pompes. Quelques réactions naïves et tendres prouvent qu’il n’est pas expérimenté, et renforcent sa crédibilité, sans le rendre niais et falot. L’inspecteur Nigthingale (nom à savourer) le prend sous son aile et lui dévoile les arcanes de la magie. Il dirige une unité particulière et obscure, les affaires non-classées ou surnaturelles tout à fait dans la veine de X-Files. Certes, il est un poil stéréotypé dans son rôle de mentor, mais fort bien rendu. Les autres protagonistes ont leur saveur propre sans être vraiment fouillés

L’enquête est agréable, réserve son lot de retournements de situation, de rebondissements, de frayeurs et parvient à surprendre le lecteur même si les fans de Dan Brown ou d’Umberto Ecco auront du mal à s’en satisfaire.  Le rythme est plutôt posé initialement avant de s’accélérer.

Le tout est soutenu par une écriture fluide, et un humour so-british addictif à mes yeux. De multiples clins d’œil viennent agrémenter l’ensemble en passant par X-Files, Harry Potter, Sherlock Holmes, Jack et d’autres figures célèbres.

Quant aux multiples comparaisons avec Harry Potter, j’ai du mal à les confirmer. Certes, nous sommes dans une Angleterre contemporaine, avec un « apprenti sorcier » qui fait face à des dangers. Voilà les éléments de similitudes. Pour le reste, tout diffère. Il n’y a pas de prophétie, il s’agit d’une enquête policière avec de multiples ramifications, un homme et non un adolescent, des phénomènes vers le surnaturel plutôt que la magie pure, l’ambiance est (bien) plus mature,….

Bref, une comparaison certes flatteuse mais susceptible de tromper les lecteurs cherchant un roman dans la veine de HP et se retrouvant dans un X-Files britannique.

Pour conclure, j’ai été agréablement surprise par cet excellent divertissement bourré d’humour british.

Autres critiques :

NevertwhereMes Imaginaires Tanuki

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition
Le Livre :

380 pages

 

37 réflexions sur “Les Rivières de Londres – Ben Aaronovitch

  1. Je l’ai vu plusieurs fois passer mais la comparaison avec Harry Potter ne m’avais pas convaincue…
    Ta chronique change tout, surtout ce que tu dis sur le côté fantastique/urban fantasy et sa cosmogonie originale + le côté « mature ». Je vais aller voir ça de plus près 🙂

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  2. La comparaison avec Harry Potter m’avait aussi un peu fait peur sur le coup mais j’étais tout de même intriguée… Je suis contente de voir un avis positif sur le livre, je le rajoute dans la liste de mes prochains achats ! 😀

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  3. Tu le sais, je ne suis pas vraiment Urban Fantasy, mais là tu as presque réussi à me convaincre (avec cette histoire de dieux des fleuves, déjà). Dommage que mon programme de lecture soit aussi surchargé. Merci pour ta critique 🙂

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  4. Bon, là, il y en a marre, je vais devoir me foutre en rot et pousser un coup de gueule :
    Ras la casquette de tes billets qui nous donne envie de lire tous ces foutus bouquins ! J’ai une famille, une vie, un boulot. Comment je fais pour lire tout ce merdier !
    Donc arrête de donner envie de lire, bordel de merde.

    Ah, ça fait du bien. Merci

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    • Le souvenir brumeux, c’est le fog londonien. Il est envahissant le bougre. Plus sérieusement, je pense que c’est un excellent divertissement, et qu’au final on en garde le souvenir d’un bon moment.

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  5. J’ai l’impression que dés qu’on parle de sorciers en Angleterre immédiatement on fait la comparaison avec HP, alors que franchement elle n’a rien à faire ici 😛
    J’aime beaucoup cette série, il y a une vrai ambiance, une mythologie originale avec les fleuves et pas mal d’humour, elle se démarque des autres.
    J’ai d’ailleurs le T6 à lire en VO dans ma PAL et il sortira surement bientôt ^^

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    • Il y a de cela effectivement. HP est devenue la « référence » du sorcier made in UK, et toutes les productions de ce pays lui sont comparées. A tort ou à raison, et dans le cas présent, de manière surprenante et faussée.
      A croire que l’Angleterre ne possède un seul auteur sfff….

      J’ai beaucoup aimé ce premier tome, et je lirai le deuxième le mois prochain.

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  6. La lecture de ce premier tome peut-elle se satisfaire à elle-même ? L’intrigue est-elle clause à la fin ? Il y a tant de romans à lire, que je préfère éviter en ce moment de me lancer dans un cycle (je suis un peu du même avis que Le Chien critique ^^), d’autant que je suis en train de me taper les révisions d’un concours (snif, j’ai beaucoup moins de temps pour la lecture et mes articles…). Mais comme ton article donne vraiment envie de lire ce premier tome, je tâte le terrain ^^.

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  7. N’ayant jamais lu HP (Comment ça non ? Mais si, c’est possible ^^ En fait c’était moi 😀 ), le souci de la comparaison ne se posera pas 😉
    Je me baladerais volontiers dans ce Londres-là tiens ! Merci pour cette alléchante destination rehaussée d’humour british 🙂

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