Barrayar – Lois McMaster Bujold

Barrayar de Lois McMaster Bujold

Vorkosigan, tome 2

Prix Hugo

 

« Cordelia Naismith, ex-pilote d’astronef, n’est pas une femme comme les autres : non contente d’avoir vaincu les soldats de Barrayar, elle a épousé leur chef, l’amiral comte Aral Vorkosigan. Tous deux vivent maintenant à Barrayar. Aral vient d’être nommé régent, et Cordelia attend un enfant. Une vie tranquille, enfin…
Et puis, une nuit, c’est l’attentat. Une grenade à la soltoxine. Si Cordelia et son mari s’en tirent sans dommages, l’enfant, lui, risque d’être anormal. Qu’importe, Cordelia ne veut pas renoncer. Ce sera un garçon, elle en est sûre. Il sera beau et intelligent, plus tard il règnera sur Barrayar…
C’est ainsi que naîtra Miles Vorkosigan. Miles, un garçon différent des autres, au destin passionnant…« 

Barrayar ou comment faire aimer la sf – et plus précisément le space opera – à tout un chacun.

Le novice en la chose vorkosigane cliquant sur un moteur de recherche prendrait vite peur en découvrant la petite quinzaine de romans de la saga. Et, le lecteur de cette chronique aurait de forte chance de se détourner de cette pépite en se répétant « 15! Je ne vais pas me lancer là-dedans!« .

Disons-le de but en blanc, ce serait une erreur. Essentiellement pour deux raisons.

 

La première tient en la construction même de la saga Vorkosigan. Lois McMaster Bujold ne les a pas écrit de manière chronologique, et presque chaque tome peut se lire de manière indépendante, avec son début et sa fin. Certes, il y a une invitation, un teaser systématique qui donne envie de plonger dans la suite des aventures de Miles Vorkosigan, mais, voilà, c’est juste une ouverture. Ainsi, point de frustration à l’issue de la lecture, le lecteur ressort satisfait de son immersion dans ce space opera.

La deuxième raison réside dans le personnage phare de la saga : Miles Vorkosigan. Un jeune homme pétillant, charismatique, futé et trop audacieux pour son propre bien. N’a-t-il que des qualités ? Évidemment, non, l’écueil est magistralement évité par l’auteur qui fait vivre un personnage hors du commun mais avec ses défauts, une tendance à l’apitoiement, une confiance en soi qui frise l’arrogance, un brin d’inconséquence, et une pincée de mauvaise foi.

Ah! j’oubliais un détail, c’est un nain et il est handicapé. (si vous aimez Tyrion Lannister, vous adorerez ce cabot de nain)

Mais avant d’aller trop vite en besogne, ses parents se sont rencontrés dans le premier tome Shard of Honor que la VF a choisit de traduire par Cordélia Vorkosigan spoilant l’issue de l’intrigue juste avec ce titre….

Barrayar fait suite aux épousailles de Cordélia et d’Aral Vorkosigan, et ce dernier a accepté de devenir le Régent de Barrayar… à leurs risques et périls. Trop novateur au goût de quelques comtes (Vor), Aral va devoir affronter l’animosité de certains de ses pairs et faire face à de nombreux obstacles.  Dans l’ombre, un complot se trame pour le priver de son pouvoir et « rétablir » un prétendant au trône autre qu’un jeune garçon.

Une des premières victimes de ses trahisons et tentatives de meurtre : leur enfant à naître, Miles.  Au désespoir, acculée à l’inaction et à l’inquiétude, Cordélia décide de prendre les choses en main… Et une fois sa décision arrêtée la dame est inarrêtable et inénarrable.  Et donc, le roman se corse.

Barrayar est la planète natale d’Aral. Elle était évoqué dans le tome précédent, et le lecteur y avait fait un bref séjour, mais peu d’éléments permettaient de s’en faire une idée précise.  Nous découvrons enfin cette civilisation qui conjugue avec une certaine rigidité des archaïsmes féodaux – où la femme s’apparente parfois à une poule pondeuse ou à un bibelot – , avec un système de caste slave (les vors), une organisation sociale hiérarchisée également dans les rapports familiaux ainsi qu’une culture martiale vouant un culte à l’autorité et la force.  Pour ne rien gâcher, l’ensemble est saupoudré d’une paranoïa toute soviétique.

Les univers de cette sorte sont maintenant plus communs en SFFF, et cet agencement ne paraît plus aussi original que lors de la publication du premier roman de McMaster Bujold. Pour autant, l’alchimie fonctionne merveilleusement bien. D’ailleurs pour relever et pimenter son intrigue, l’auteur y a inséré judicieusement Cordélia. Celle-ci est originaire de Betha, une planète dont la culture est diamétralement opposée à Barrayar. Certes, le procédé est relativement usité, et a le mérite de fonctionner parfaitement.

Ainsi, le roman propose une intrigue aux ramifications politiques et familiales complexes, avec une double lecture, la première typique du planet opera, la seconde à travers les yeux d’une mère – que dis-je! d’une tigresse prête à tout pour protéger son petit.

La trame politique en elle-même est conduite avec brio, les chausses-trappes sont à plusieurs niveaux, et l’inexpérience allié au caractère d’Aral facilitent souvent le travail de comploteurs, dans l’ombre même pour le lecteur. Face à lui, des pros de la politique et des faux semblants se délectent de sa chute potentielle, de là à y voir une critique du monde politique contemporain…

Nous vivons cette crise à travers le regard de Cordélia qui doit  non seulement s’adapter aux us et coutumes de sa planète d’adoption mais également se familiariser à un rôle pour lequel elle n’était pas préparée (ni très enthousiaste). Les manœuvres politiques la visent également pour précipiter la chute de son époux. En outre, cette mère en puissance affronte la perte possible de son enfant, offrant des moments fort poignants.

Malgré ces sombres perspectives, Bujold réussit à nous offrir un roman bourré d’humour, d’amour et de tendresse. Les personnages, notamment Aral et Cordélia sont particulièrement captivants. Bien entendu, je suis admirative de la femme du régent, si pleine de vie, de rage, de détermination, d’amour, de doutes, de moments de faiblesse, d’une force de caractère impressionnante et vindicative aussi!

Le rythme est enlevé, le style fluide, et la traduction des plus correcte. Le suspens est bien entretenu, et les rebondissements nombreux.

Ce roman a reçu le prix Hugo. A la fin de la lecture, le pourquoi semble évident. Nous avons un space opera – ou planet opera – inventif et flamboyant, qui brosse un univers réaliste et divers. Il combine avec bonheur une intrigue politique avec des thématiques plus intimistes, le tout sur  fond humoristique, sans oublier ses quelques combats. Et quelle chute!!!

Ne fait pas partie de la thématique mensuelle

Autres critiques :

Signalez-vous!

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

d2_orig

Le livre :
  • 446 pages
  • J’ai lu
  • 6 juin 2001

24 réflexions sur “Barrayar – Lois McMaster Bujold

  1. Whaou ! Une fois de plus, j’adore l’idée ! J’ai envie de tester rien que pour le personnage principal (et puis maintenant, quand tu dis space opera je sors mon porte-monnaie, tu es déjà au courant espèce de fourbe!). J’aime aussi que les romans se suffisent à eux-mêmes, comme ça on est pas obligés de s’embarquer dans 15 tomes mais si on aime l’univers on peut le prolonger 🙂
    Très impatiente de voir ce que ça donne !

    Aimé par 1 personne

    • Aha! j’étais certaine que je te titillerais les neurones!!
      Cela se lit avec un grand plaisir. Je te confirme donc qu’il te faut une liseuse, et qu’il faut te lancer avec la saga Vorkosigan. Je les lis dans l’ordre chronologique de l’histoire, avec initialement Cordélia.

      Aimé par 1 personne

  2. J’adoooooooore cette série, elle fait vraiment parti du top du top en SF pour moi !
    Je les ai tous lus bien entendu et à la suite en plus, je n’ai pas pu m’en empêcher.

    Bref je ne les ai pas chroniqué vu que la lecture date d’avant mon blog mais accourez, foncez, elle vaut 100 fois le coup !
    De la SF humaine et d’aventure, de l’humour, des bon scénario et des personnages qu’on adore.

    Bref, que du bon !

    Aimé par 1 personne

  3. Cette saga Vorkosigan fait partie de ma liste de lecture à venir et le fait qu’il y a pas mal de tomes a été un point déterminant. Surtout en space opera, j’apprécie grandement avoir un univers riche et donc qui a l’occasion d’être étoffé sur de nombreux romans.
    Donc voilà, j’étais déjà bien intéressé mais là tu me donnes encore plus envie. 😀

    Aimé par 1 personne

  4. Je ne connais pas du tout le space-opera (et pour être honnête ça ne m’attire pas des masses…) mais si tu dis que c’est une bonne porte d’entrée pour découvrir le genre alors je me le note dans un coin. A force de vous voir en parler avec autant d’enthousiasme toi et Apophis je vais peut-être finir pas sauter le pas ! 😉

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire