Spire, ce qui relie – Laurent Genefort

Spire, ce qui relie de Laurent Genefort

Spire, tome 1

Critic

 

« Echoués sur Arrhenius, une planète isolée et pauvre, Hummel et Lenoor, deux pilotes, décident de fonder une compagnie de transport indépendante qui desservirait les planètes des Confins. Mais la création de cette ligne commerciale interstellaire, baptisée la Spire, est jalonnée de luttes de pouvoir, de trahisons et d’inimitiés. »

Un résumé éditeur qui attire, une couverture de Manchu qui séduit, le nom d’un auteur que j’apprécie, comment pouvais-je résister à Spire, ce qui relie ? Impossible! Ma volonté fait pâle figure face à l’adversité présente et sa puissance de feu.

Si le terme « Spire » ne vous dit rien, normal, il n’appartient pas à notre bon vieux français. Il sera reconnu par les amateurs d’Albion, même si la flèche n’est pas tout à fait caractéristique du roman, et encore cela reste à démontrer.

Enfin, si ce mot évoque en vous quelque chose en forme de spirale, bingo! Vous naviguez en territoire connu, ou en voie de l’être…

En effet, Leenor (elle) et Hummel (lui) sont victimes d’un crash catastrophique sur une planète éloignée, Arrhenius. Leur compagnon de voyage n’a pas survécu à la violence de l’accident, alors que le capitaine s’en sort salement amoché : un bras en moins, et une paire de jambe incapable de le maintenir debout, marcher n’est plus à l’ordre du jour.

Les blessures s’avèrent non seulement physiques et morales, mais également psychologiques. Ce cailloux désertique est rarement desservi, aucune ligne régulière n’existe et les données nécessitent une mise à jour sérieuse. D’ailleurs, cette négligence assumée (voire orchestrée) leur a coûté un homme et un vaisseau.

En sus, dire que les colons se sentent délaissés est une lapalissade…

Les deux rescapés, sur l’impulsion de Leenor, décident de remédier au problème en créant une compagnie de transport, la Spire, dont l’emblème sera hélicoïdal (comme l’ADN). Je vous laisse découvrir le pourquoi et savourer  la symbolique. (Petite précision, Leenor n’est pas pilote pour 2 sous, elle est une sorte d’auditrice des exoplanètes.)

La création de cette entité, ainsi que toute cette entreprise reposent sur un idéal et sur une volonté farouche nés de la catastrophe : desservir les mondes des Confins. L’objectif se résume à les « désenclaver » de leur solitude, mais aussi à leur offrir l’opportunité d’améliorer leur sort (essor de la population, accès aux dernières technologies – ou au moins aux techniques de base,…)

En effet, la situation d’Arrhenius n’est pas unique. Les mondes colonisés de notre Galaxie sont reliés entre eux par des portes de Vangk, qui permettent de se transporter d’une zone à l’autre presque instantanément. Ces accès sont implantés à une distance plus ou moins proche de la planète habitable. Il s’agit d’un intervalle qui s’échelonne de quelques jours à plusieurs semaines de voyage entre les deux points.

Cette précision s’avère cruciale, car elle conditionne le « statut » des systèmes. Les plus chanceux et plus accessibles appartiennent à la catégorie enviée de la Couronne, puis vient la Ceinture et enfin les oubliés, les Confins.

Une situation de fait, liée aux axes de communication, qui fut, sont et seront un facteur essentiel dans le développement commercial, structurel, et culturel de tout pays et de toute future planète. L’essor des conditions de vie passe essentiellement pas ces voies propices au commerce et à l’échange; ainsi sans elles, la stagnation est le futur promis aux Confins. Or, cette situation n’est pas le propre d’un passé, d’un futur lointain ou d’un pays dit en voie de développement. Nous retrouvons ces contraintes techniques, les mêmes limites à l’essor d’une partie de la population ainsi que le même snobisme des métropoles vis à vis des campagnes sous nos latitudes.

(Apparté, j’espère que nous aurons la fibre dans deux décennies dans mon village, nous avons enfin eu une TV potable avec la TNT. Et nous bénéficions enfin d’un réseau internet qui affiche des performances record de 20Mb/s! depuis 1 mois)

« L’éloignement » est bien un thème d’actualité, et les Confins le ressentent profondément. Ainsi, Leenor et Hummel lance leur ligne commerciale et régulière vers Arrhenius. Très vite, cette croisade apparaît peu viable avec un seul équipage et un seul vaisseau. Ils recrutent alors Cornelis à la tête du Tremaine, capitaine indépendant travaillant au profit d’une société bien installée et desservant principalement la crème : la Ceinture et la Couronne. D’ailleurs qui veut aller s’e***er avec les bouseux de colons des confins ?… Personne, hormis la Spire.

L’auteur profite de l’occasion pour brosser des modes de vie divers et chamarrés à travers des sociétés parfois occidentales, souvent différentes, vivant au rythme de leur philosophie ou en proie à la violence et aux conflits civils.

L’ambiance de toute cette épopée, et cet idéal lui-même ravivent les débuts de l’Aéropostale avec une figure emblématique de cette « conquête » spéciale, Antoine de St Exupery.

Or même ce projet démange méchamment les compagnies qui ont pignon sur rue, ainsi vont-elles s’évertuer à mettre des bâtons dans les roues des poussières dans les réacteurs de nos trois fondateurs. Les ennuis s’accumulent et les péripéties s’enchainent avec quelques machinations bien machiavéliques, mais cette adversité renforce leur détermination.

Les chapitres sont courts et bien rythmés. Chacun relate une conquête commerciale dans les confins, une étape dans leur ascension (associé, équipage, capitaine,…), ou un affrontement avec les autres compagnies. L’émotion n’est certes pas le cœur du roman, mais n’en est pas absente. Les relations entre les associés sont empreintes de respect et d’amitié, quelques heurts permettent d’y ajouter de la crédibilité.

Les personnages captent rapidement notre intérêt. Leenor, l’âme de cette épopée, s’avère une tête bien faite, sa détermination associée à sa sensibilité en font une femme remarquable. Hummel nous est tout de suite sympathique, à l’image des capitaines de vieux rafiot que l’on imagine. Son handicap, son homosexualité et sa légère condescendance vis à vis des colons l’écartent du cliché de l’homme bourru pour lui donner une saveur unique. Cornelis me fait penser à un italien (comme la blague du canard et du crocodile), tout en charme, mais avec une marotte qui aura son poids par la suite à mon avis. D’autres protagonistes s’ajouteront au fur et à mesure de cette belle aventure, chacun reconnaissable à un ou deux traits de caractère. Et le mystère des portes Vangk demeure …

Sous son apparence de Space opera de divertissement, Spire nous cache un roman de SF aux parfums de possibles et d’ouverture. Il peut être lu au premier degré, mais se savoure aussi sur un registre plus sérieux. L’humour est présent, la plume agréable et un souffle d’aventure emporte le lecteur dans la conquête d’un nouveau Far Quest.  Plaisant, rythmé, j’attends la suite avec impatience.

Un petit jeu:

Comme promis il y a deux semaines, ce mois-ci est l’occasion d’un petit jeu. Profitez-en, je n’ai pas l’intention d’en faire une coutume mensuelle ;-).

Les éditions Critic m’ont expédiée 2 exemplaires du roman Spire de Laurent Genefort, un pour moi, un pour offrir.  Seul le neuf est en jeu.

Voici donc un petit questionnaire :

  1. Quels sont les noms des 3 premiers associés fondateurs ?
  2. Quel est le nom du vaisseau de Cornelis
  3. Sur quelle planète s’écrase Leenor et Hummel ?
  4. Question subsidiaire pour départager : Pour quelle occasion personnelle j’organise ce jeu ? (une épine dans le pied, la Sainte Lutin, l’anniversaire de mon blog, l’anniversaire du lutin, Roger a gagné l’Open de Montauban… à vous de trouver)
  • Date limite : le 20 mai 2017, même si j’espère avoir des bonnes réponses dès ce soir.
  • Contact : lutin82@free.fr
Autres critiques :

LorhkanDionysos (le Bibliocosme) – Au pays des cavetrolls

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition
Le livre :
  • 320 pages
  • 16 mars 2017
  • 18€
  • e-book : 14€ – sans DRM

51 réflexions sur “Spire, ce qui relie – Laurent Genefort

    • Il est sympathique et se lit vraiment tout seul. Lecture agréable, j’ai bien aimé.
      Tu fais bien de le mettre en wish-list, un petit jeu devrait offrir l’occasion de remplir ce voeux 😉 !

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  1. Il a l’air vraiment sympa ce livre ! Comme je ne lis pas bcp de SF c’est l’occasion ! Merci pour le jeu en tout cas, je participe avec plaisir !
    1. Leenor, Hummel et Cornelis
    2. Le Tremaine
    3. Arrhenius
    4. Comme je ne connais pas la réponse, je vais dire que tu as réussi à te faire une hydre à 6 têtes faisant 4 000 livres. Voilà.

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  2. Ta critique, comme toujours très bien construite, n’est pas en cause (pas plus que celles de Lorhkan ou de Dionysos), mais je n’arrive pas à m’intéresser suffisamment à ce roman pour l’acheter ou même participer à ton sympathique concours (au passage, je suis ravi de voir que certains éditeurs se sont enfin décidés à te faire profiter de services-presse, le fait que tu aies attendu aussi longtemps, malgré la qualité de ton blog, n’était que pure injustice, à mon sens).

    (Federer au tournoi Future de Montauban, elle est bien bonne 😀 ).

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    • Je ne suis absolument pas surprise que tu mentionnes ton non-intérêt. Je savais déjà en écrivant ma critique que ce ne serait pas le cas. Je ne dis pas qu’il manque d’intérêt, mais avec ton programme de lecture, le challenge n’est pas suffisamment élevé pour te tenter!

      Au passage, ce n’est pas un SP, une petite erreur! Ils me l’ont envoyer 2 fois. Quand je les ai contacté pour leur signaler, ils m’ont gentiment proposer l’offrir. Ce que je fais! Mais, merci à eux car grâce à cela je peux faire un petit jeu.

      Pour Federer, oui, je me suis marrée en écrivant cette proposition!! lol
      Merci Apo!

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    • Ah, le dilemme des séries. J’ai exactement le même soucis que toi. A tel point que cette semaine j’ai fait le point des séries en cours et des séries que je souhaite lire. je me suis imposée des vétos pour ne pas en entamer une autre tant que j’en ai pas terminer une. Spire est hors course car je l’ai eu avant cette décision…

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  3. Si je n’avais pas un planning aussi chargé, peut être que….Mais là, impossible, en plus si c’est une série ça me fait un poil hésiter…
    Comme d’habitude superbe chronique! 😉
    Je ne participe pas au concours même si je trouve ça généreux de faire partager les copinautes, mais j’aimerai répondre juste à la question 4: je pense que c’est parce que tu es un lutin merveilleux, doté d’un pouvoir de persuasion efficace, et juste adorable!!!!!;)

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  4. Excellente critique qui rend bien compte du roman…
    Un livre très agréable ! Ça change de certains romans SF un peu difficiles, un peu trop denses…
    Je ne connais ce footballeur dont tu parles : Ferer , c’est ça ?

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    • Très agréable, divertissant sans être dénué de profondeur. J’aime bien aussi que l’on ne cherche pas à nous en mettre plein les neurones!

      Non, c’est Fedex! Et c’est du beauch volley! lol

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    • Omale est un sacré morceau. Je lai dans ma PAL. J’ai lu de lui une nouvelle Rempart et depuis j’ai flashé. Puis Lumen et SPire.
      Je compte lire Point chaud et Mémoria que j’ai également dans la PAL avant de m’attaquer à Omale.
      Le style me convient parfaitement.

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  5. Sacré chronique, on sent que le livre t’a emballé ! J’aime bien aussi ce genre d’histoire, le côté aventure, pionnier de l’espace m’attire pas mal.

    Pour l’aparté, je compatis, je connais la dure vie dans les confins, je n’ai même pas la télé (via le net). Le jour où j’aurai la fibre, Mars sera surement colonisé ! 😥

    C’est cool pour le concours, je vais tenter ! 🙂

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    • Oui, j’ai bien aimé. pas de prise de tête un esprit pionnier, de l’aventure mais pas que.
      Ah, toi aussi tu auras la fibre après la colonisation de Mars! Les Confins sont boudés. 😉

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    • Je comprends tout à fait, nous ne pouvons pas tout lire. Et qui sait, une fois que tu auras lu les roman de Laurent Genefort déjà dans ta PAL tu auras peut-être envie d’entamer Spire?….
      Nous verrons!
      Merci Lupa! 😉

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  6. Je passe mon tour pour le concours : papier + trilogie, j’attendrai, mais ta critique me donne envie, peut être dû au fait du ravitaillement par les corbeaux de mon bled !
    Pour la question 4 c’est simple, tu nous avais montré quelques photos de tes bibliothèques : et il n’y a plus de place !

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  7. Malheureusement, je suis vraiment inculte en SF, mais la lecture de tes chroniques commence à sérieusement me donner envie de m’y mettre… On verra, en tout cas, celui-ci me tente beaucoup! Très chouette chronique en tout cas!

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  8. Je me dois de rectifier : spire est un mot français, il s’agit d’un circuit électrique fermé, le plus souvent en forme de cercle. Plusieurs spires côte à côte forment une bobine qui, parcourue par un courant électrique, forme un champ magnétique. 😉

    Et du côté du roman, ce fut une bonne lecture, un bon roman de space-opera d’aventure, avec en bonus un fond qui pousse à la réflexion. Sans doute pas une lecture inoubliable, mais un très bon roman, j’attends la suite ! 😉

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  9. Ce qui est bien avec Laurent Genefort, c’est que dans le pire des cas on a un texte agréable à lire. Il produit beaucoup, mais reste toujours de bonne qualité. Avant de lire ce bouquin il faut que je m’attaque à l’intégrale du cycle d’Omale qui attend sur mes étagères, mais je ne m’imagine pas arrêter Genefort après. Donc pourquoi pas avec ce bouquin. Courage pour la fibre, de tout coeur avec toi ! Si ça peut te réconforter, je vis en plein Paris, et pourtant la fibre a beau passé au pied de mon immeuble, la copro ne veut pas payer le raccordement ^^. Un classique dans beaucoup d’endroit à Paris.

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  10. Petite question, je n’ai pas trouvé ta chronique de la suite sur ton blog.
    A l’heure où je me demande si je ne vais pas acheter ce premier tome, j’aurais aimé savoir ce que tu as pensé de la suite parce qu’avec l’avis sur le 1 je suis moyennement convaincue 😀

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  11. Pour avoir lu cette trilogie je te confirme qu’elle n’est pas absolument indispensable. Il n’y a pas de sens of wonder vertigineux, pas d’enjeux aux conséquences galactiques, etc. Mais cette série a pourtant de réelles qualités. Elle est écrite dans un style fluide et elle est à hauteur d’homme dans le sens où l’auteur prend grand soin a soigner les personnalités de ses protagonistes ce qui n’est pas si fréquent en SF. Les deux volumes suivants sont plus dramatiques et l’évolution de la Spire implique des sacrifices mis en avant avec un vrai sens du suspens.
    Le coté « lecture légère » du premier tome disparait vite avec des dissensions entre les principaux protagonistes et la chute est très réussie.
    Tu faisais remarquer précédemment que La spire pouvait être une bonne porte d’entrée pour des lecteurs peu expérimentés en SF et je te rejoins sans réserve à ce sujet. J’ajouterai que mêmes des personnes plus aguerries dans ce genre peuvent prendre du plaisir à sa lecture.
    Donc pas indispensable, c’est vrai, mais ce serait quand même dommage de s’en priver.

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