Les Terres de Cristal – Gabriel Katz

Le puits des mémoires, tome 3

Scrinéo

Attention, cette chronique contiendra des spoilers des tome 1, La Traque et du tome 2, le Fils de la Lune. Le lecteur connait désormais l’identité des trois fuyards, sans que les raisons de cette chasse soient vraiment claire. Leur positions respectives éminentes laissent entrevoir des enjeux importants sur l’échiquier politique d’autant que les faits coïncident étrangement avec la mort du roi de Woltan, et accessoirement l’arrivée sur le trône vacant d’un personnage plutôt violent.

Gabriel Katz avait laissé son lectorat bouché bée avec une révélation de taille et un cliff-hanger à l’américaine, Les terres de Cristal se poursuit quelques heures plus tard. Et après avoir fait bouillir les orteils et chatouiller la plante des pieds en guise de torture, inutile d’insister pour souligner les attentes créés en terme d’intrigue et de résolution d’énigme.

Sur ce registre, le contrat est rempli, mais ce dernier volume ne délivre pas la même saveur que le précédent.

Karib, Olen et Nils voient leur personnalité première poindre intempestivement sous le filtre du puits des mémoires, le sortilège ayant formater leur cerveau. Notre mage est toujours assez savoureux, et si les épreuves ont fait de lui un homme nouveau et attachant, le négociateur et diplomate en lui ressort à bon escient. Il cesse de se faire manipuler par les piques-assiettes, assume (enfin) son statut tout en faisant un  ménage salvateur autour de lui. C’est sans doute le personnage le plus agréable de la série, et parfois le plus cocasse de la trilogie. L’auteur s’amuse et nous amuse avec des situations comiques, un humour au timing parfait et des dialogues délectables.

Olen, le joli cœur, prince de son état – état qui laisse à désirer en ce début de tome, ne devient pas le plus sympathique. Les résurgences de son ancien moi – entre l’enfant gâté et le cabotin – ne sont pas toutes heureuses. Il s’avère déprimé, rancunier ainsi qu’égocentrique. Hormis dans les premiers chapitres du roman, le personnage semble traîner sa misère tout du long. Tout le contraire de Nils, protagoniste discret, taiseux et mystérieux, il s’anime au fil des pages, gagnant en épaisseur et en saveur. Son rôle est crucial dans Les terres de Cristal. Le lecteur s’y attache surtout qu’il offre un beau contrepoint à Karib, et permet également des scènes d’humour et de fraîcheur.

La trame n’a rien de révolutionnaire, et les révélations ne nous font pas hurler de surprise, mais il faut souligner que le tout est maîtrisé et écrit avec habileté. D’ailleurs, la dérision qui imprègne cette trilogie nous montre qu’il faut la lire au second degré car l’auteur s’amuse comme un petit fou avec pas mal de clichés. Du moins, c’est ainsi que je l’ai perçu.

En revanche, j’ai été moins conquise par le rythme. Certes, l’ambiance et le ton sont plus sombres dans ce dernier tome, mais il y a trop de moments un peu plat, sans révélation, action ou humour. C’est ma réserve principale concernant Les Terres de Cristal. La trilogie s’achève sur un chapitre presque bonus (n°58) en forme de flashbacks, sans être inutile, il est relativement dispensable.

Le puits des mémoires est une courte série de romans de light fantasy (cf les excellents articles d’Apophis) qui ne tombe jamais dans le burlesque, mais nous offre un humour agréable plein de gaieté malgré les péripéties des personnages. Ils sont le cœur de cette trilogie et en font toute sa saveur. Lecture parfaite pour se divertir et faire le plein de bonne humeur.

Lecture commune avec Elhyandra, nous nous sommes bien amusées avec nos théories farfelues! 😉

Autres tomes :

tome 1, La Traque – tome 2, le Fils de la Lune

Autres critiques :

Le chien critiqueLe monde d’Elhyandra

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Le livre :

432 pages

33 réflexions sur “Les Terres de Cristal – Gabriel Katz

  1. Encore une fois je rejoins complétement ton avis sur cette série, qu’il s’agisse de l’analyse globale ou de tes ressentis concernant les personnages.
    En un mot comme en 100 : vive Karib, et vive la fantasy décomplexée et sans chichi. Des fois on ne demande pas beaucoup plus 🙂

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  2. je n’ai pas relevé de spoils, voir moins que le résumé éditeur.
    Je remarque ta légère déception sur ce tome, pour ma part, j’ai pris mon pied. J’ai bien aimé comment l’auteur prenait à rebours le désir de ses lecteurs. J’avais par contre était chagriné par le traitre qui rentre un peu trop facilement dans les bonnes grâces du trio, ce n’était pas très réaliste.

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    • Merci ami canin!
      Très, très légère la déception, car quand même c’est une série fort agréable. Ce sont justement des petites choses comme le traître (la traîtrise initiale, puis finale et le pardon) qui sont de trop grosses ficelles et un rythme un peu moins animé que précédemment qui font que j’ai préféré le tome 2. Mais, je me suis bien éclatée, et je te suis entièrement sur l’auteur qui prend à rebours les désirs du lecteur!
      Merc! 🙂

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  3. C’est incroyable, cette hantise des spoils, pour les autres lecteurs ! Qu’est-ce que ça peut bien f….?
    Qu’on ne raconte pas la fin surprenante d’un roman, (qui a tué dans « Roger Ackroyd » ?…et encore !!!) mais la trame d’un roman n’a aucune importance face à tant d’autres critères !
    Je ne comprends pas pas cette mode, ou plutôt si, je la comprends trop bien : ce qui compte maintenant,c’est la fiction, c’est seulement l’histoire, le « pitch », le superficiel…On est en train de passer à côté de la Littérature…
    A la fin de la Recherche, Proust meurt ! Voilà un spoil, ne perdez pas votre temps à lire les 7 tomes…

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    • A! je comprends ce que tu veux dire, et je te rejoins globalement sur le fait que l’essentiel n’est pas forcément dans la trame et la révélation. D’ailleurs souvent l’univers, l’ambiance ont un très fort impact sur mon appréciation du roman. La plume est importante et permet d’accroitre le plaisir de la lecture. Dans le roman que je lis, elle est essentielle et savoureuse alors que le rythme, le pitch sont très secondaires.
      SI tu lis mes chroniques, je donne très peu d’éléments sur la structure et la « fiction » elles-mêmes, mais me concentre justement sur le monde créé, le ressenti de l’ambiance, etc… car je partage ton point de vue sur ces éléments. Je signale très rarement la présence de spoil dans mes critiques, mais en l’occurrence, outre la plume de Katz, la saveur de la trilogie repose sur la découverte de l’identité réelle des 3 fuyards. Je sais par ailleurs que ce sujet est sensible pour des lecteurs, donc j’essaie d’être prévenante. Je te rassure, je tente de ne pas me faire rattraper par les effets de mode! 😉

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  4. Je pense que tu peux facilement lire tous les Katz maintenant. Je n’ai pas lu deux de ses livres, trop éloignés de son style que j’apprécie (Tu les devineras vite) et j’ai été quelque peu déçu par La Maîtresse de Guerre. Le reste de ses romans est un bonheur. Il sait manier les révélations, les ambiances, le suspense avec une plume et des personnages au top.

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    • Merci!
      Je compte bien lire les autres textes de Katz. Dès l’année prochaine je pense m’orienter sur Aeternae, puis, je verrai pas la suite.
      J’ai beaucoup aimé son style et son humour léger.

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