Death Note – Ohba & Obata

Le Cahier de la mort – Tsugumi Ohba, dessiné par Takeshi Obata

Kana

Light Yagami, un lycéen surdoué, ramasse un vieux carnet dans la cour de son école. Aucun indice ne permet de découvrir l’identité de son propriétaire, et il faut dire que l’objet exerce un certain attrait sur lui. Une fois dans sa chambre, il lit les instructions du cahier : la personne dont le nom est inscrit dans ses pages mourra en 40 secondes!

Incrédule, il tente « l’aventure » en inscrivant le nom d’un criminel diffusé aux informations. Ce dernier décède brutalement…. Quelques jours plus tard, il rencontre Ryûk, le propriétaire originel du carnet qui n’est autre qu’un dieu de la mort. Il a jeté son bien sur le monde des humains par jeu et surtout par ennui…

 

Ce manga de 12 tomes (et tome bonus) est initialement destiné à un jeune public adolescent. Cependant, la qualité, la noirceur et la maturité du propos plaident pour ouvrir le public cible bien plus largement.

Les personnages sont particulièrement réussis, l’histoire est prenante et les thèmes encore (et toujours) d’actualité.

Nous avons comme personnage principal Light Yagami, un lycéen surdoué très sévère à l’égard de son Japon et plus largement du monde actuel. Avec la naïveté de la jeunesse, il le juge particulièrement corrompu, pourri et immoral. Il a une âme de redresseur de tort, et c’est dans ces conditions que le Death note lui échoie.

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C’est avec surprise qu’il découvre que les instructions du carnet fonctionnent, et que son pouvoir est bien réel. Il est certes naïf et un peu immature, mais possède un solide sens de la responsabilité, il serait si facile pour lui de rayer de son chemin les personnes qui le gênent ou qui le blessent. Or, Light cherche une cause plus juste, et s’en sert ainsi pour châtier les criminels dans le but de créer un monde utopique débarrassé de cette engeance. Ce n’est pas pour autant qu’il ne se trouve jamais tiraillé par des tentations, et tenir sa ligne de conduite va devenir un défi. Un personnage bien campé et avec de nombreuses nuances et qui subira lourdement l’effet du carnet et de son poids psychologique. Son évolution morale et mentale est particulièrement bien pensée et bien orchestrée.

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La morts des criminels se succédant, elles finissent par attirer l’attention des autorités. Interpol charge L, de résoudre l’enquête sur les causes et d’arrêter les « justiciers ». Dans cette histoire, une difficulté psychologique est aussi à combattre, en raison de la nature des morts. Ce sont des criminels violents et reconnus, la tentation de laisser le « sort » se charger de leur cas est bien réelle. Ce sentiment transparaît du côté des autorités et de L. Cet aspect est important car, le lecteur ne découvre pas un antagoniste dans la plus pure veine, cet enquêteur est non seulement doté de charisme et de neurones, mais présente aussi une certaine… approbation aux faits en cours. Il sera partagé, et cela rend l’ensemble fort intéressant.

Enfin, il faut évoquer le dieu de la mort Ryûk. Ce personnage s’ennuie mortellement, et pour chasser son spleen il décide de laisser malencontreusement son carnet entre des mains humaines.  Il va suivre Light partout précisant le fonctionnement du Death Note, tout restant en retrait par rapport aux événements. La pomme qui apparaît souvent sur les couvertures est un clin d’œil à ce personnage excentrique et source d’humour noir, il adore ce fruit et de damne pour en manger….

Outre l’histoire d’une veine policier/thriller fantastique particulièrement prenante, ce sont les thématiques abordées qui en font son principal atout. Aussi bien politiques que philosophiques, elles ne semblent pas avoir été volontairement construites ainsi par son auteur qui s’axait sur la confrontation entre Light et L. Pour autant, elles sont bien présentes, et qualité importante à mes yeux, le travail de réflexion n’est pas mâché ni imposé, c’est au lecteur de faire ses propres opinions et de murir sa réflexion. Pas moralisant, au final.

Pour ne citer que les principaux thèmes : l’utopie, la justice, la peine de mort, la religion, le sens de la vie. Bien des questions toujours d’actualité, et même existentielles, sont présentes dans cette petite pépite.

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Question graphisme, le trait est dynamique,  le dessin particulièrement soigné colle parfaitement aux goûts actuels mais surtout à l’univers sombre du manga.

Pour résumer, à conseiller à tous les adeptes de manga… Comment vous ne l’avez pas encore lu ????… Et surtout à tous ceux qui hésitent à franchir le pas. Il est d’une qualité et d’une richesse remarquable, il n’y a pas à hésiter, foncez!

(je l’ai trouvé dans ma médiathèque de province, alors il n’y a aucune excuse entendable)

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Pour ceux qui sont intéressés par la différence entre l’animé et le manga, je vous conseille de lire le commentaire de Systia en bas de page :

Pour ma part, j’ai découvert ce manga +/- à sa sortie, par une amie qui m’avait prêté les premiers tomes.
Je conçois totalement qu’on ne puisse pas l’aimer car il y a pas mal de trucs qui ne me plaisent pas trop dedans :
– les personnages principaux me sont au mieux indifférents : je n’ai de sympathie pour aucun membres de la famille Yagami, n’aime ni L, ni Near ni Mello, ni les jeunes femmes (Misa, la présentatrice)… Je crois que dans le tas, il y a que Ryûk (génial) et quelques autres persos (le taciturne policier Mogi) que j’apprécie vraiment.
– comme beaucoup, le « passage de témoin » m’a chiffonnée. Et je me souviens que j’avais trouvé l’apparition de L puis de Misa trop rapide. J’aurais aimé plus de temps avec juste Light et Ryûk.

En ce qui concerne l’animé, il est globalement fidèle mais pas mal de détails manquent (je l’ai surtout remarqué à partir de l’enquête sur l’entreprise Yotsuba), ce qui peut gêner pour apprécier ou comprendre les réactions et raisonnements des personnages.
Je me dis notamment que les moments avec stratégie d’échange de carnets, etc, ne doivent pas être super clairs pour ceux qui n’ont pas lu le manga. Déjà que dans le manga, c’est pas hyper simple, je trouve ^^.
→ Bref, à ceux qui n’ont que vu (tout ou partie) de l’animé, vous pouvez tenter le manga, plus complet. En plus, au niveau durée, ça doit être à peu près équivalent.

Quant à ceux qui n’aimeraient pas ce manga à cause du perso principal, peut-être que l’adaptation que les USA sortent bientôt pourraient leur plaire : vue la bande-annonce, les personnages ne sont pas du tout pareils. Light n’est pas le garçon de bonne famille à qui tout réussit mais a l’air +/- d’un loser (on le voit se faire maltraiter par des jeunes) et L n’a pas vraiment l’air asocial/inadapté.

Merci à toi Systia!

Autres critiques :

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Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition
Défi Lecture 2017 : #25 un livre emprunté à la bibliothèque
Les mangas :
  • 13 tomes
  • éditeur Kana
  • broché : 6,50 €
  • e-book : 4,99€

 

 

 

 

 

 

 

56 réflexions sur “Death Note – Ohba & Obata

  1. Je déteste ce manga (enfin, j’ai vu l’animé pour être précis). J’avais trouvé le héros complètement débile, un ado qui fait des caprices et qui se la joue beaucoup… Du coup j’ai jamais compris le succès de ce truc :/

    Je sais, je suis le seul de cet avis 😀

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  2. J’en ai beaucoup entendu parlé naturellement et du coup j’ai essayé la série animée sur Netflix. Mais je crois que le format me dérange, j’ai du mal à rentrer dans l’histoire, le jeu de la VF me dérange autant que la VO. J’pense donc me pencher sur les mangas et après vérification, ils sont à la bibliothèque. Hihihi *se frotte les mains*

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    • Comme je le disais à un Ours, j’ai bien du mal avec les animés. Je trouve que le rythme est ralenti, il y a des scènes supplémentaires (qui n’apportent pas grand chose à l’histoire) dans le but de faire durer la série, trop de blabla, trop de délayage….

      Même Ajin présente cette différence.

      J’ai beaucoup aimé le manga, et si le tome un présente essentiellement le death note, cela devient très prenant par la suite.

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  3. Hoho, que de souvenirs 😛
    J’avais bien aimé la première partie du manga, en fait tout ce qui concerne L, mais je n’avais pas trop aimé ensuite quand on passé à Mello et Near, j’avais trouvé que ça perdait un peu de son intérêt et résultat je ne l’ai jamais terminé xD

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  4. Un grand classique du manga ! Je l’ai lu quand j’étais jeune (et j’ai suivi sa publication héhé), et l’histoire est vraiment cool ! Je trouve cependant que ça s’essouffle un peu après le tome 6 ou 7 (au moment du twist de la série quoi). Mais cette série m’a laissé un bon souvenir 🙂
    ~Kara

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    • Oui un grand classique désormais. L’histoire est vraiment captivante et intelligente.
      J’ai trouvé que cela s’essouflait un peu également, vers le tome 7/8 mais surtout les deux derniers.

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    • Merci Apo! Je lis peu de mangas! Généralement les sagas interminables je ne les entame pas, mais quand cela se déroule sur une dizaine de tomes et que le thème m’intéresse, je ne dis pas non.
      Pour la diversité, c’est un peu le but de mon blog. Je ne pense pas m’orienter vers la BD (du moins pas pour l’instant) et je ne souhaite pas chroniquer tome après tome, mais faire comme pour Death Note un topo sur la série globale quand cela se démarque vraiment à mes yeux.

      Merci Apo! 🙂

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  5. J’ai beaucoup aimé ce manga, surtout la première partie avec ce jeu de chat et de la souris entre Light et L 🙂 J’étais par contre contente qu’il ne se prolonge pas ad aeternam, parce que la fin part vraiment très, très loin.. Mais les premiers tomes sont fantastiques !

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  6. Death Note!!! Ca ne me rajeunit pas tout ca 😛
    J’avais beaucoup aime ce manga. J’avais essaye l’anime et le film (oui il y a un film aussi), une horreur. Le manga est super, mais les adaptations sont tout a fait ratees.
    Y’a une phrase qui m’a fait bien rire dans ta chronique: le dieu de la mort qui s’ennuie mortellement. C’est fait expres?

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  7. C’est sans doute l’animé que j’ai préféré de ma vie ! Je dois être bizarre 🙂 L’épisode 1 je l’ai trouvé dingue et j’ai trouvé les personnages tellement intelligents que je me dis que le mec qui a écrit ça doit être génial ! Mais …. je n’ai pas lu le manga, est-ce pour ça ?

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  8. Ah un grand classique 😀 Tu as bien fait de te pencher sur le manga – l’anime est vraiment nul, on perd tout le rythme et l’ambiance oppressante !

    Dans le style jeu psychologique j’avais aussi bien aimé Liar Game (le côté puzzle y est par contre vraiment prononcé et ça devient lassant au fil de tomes). Et sinon sans hésiter : Monster de Naoki Urasawa.

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    • Oui, c’est vrai qu’il y a une petit ventre mou vers les 7/8° tome, mais j’ai eu l’avantage de prendre la série à la bibliothéque et de la lire sur un seul mois, sans attente. DU coup, j’ai ingérer la totalité facilement! 🙂

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  9. [commentaire garanti sans spoiler]

    J’attendais de finir l’animé avant de commenter, c’est chose faite donc me voici.

    Pour ma part, j’ai découvert ce manga +/- à sa sortie, par une amie qui m’avait prêté les premiers tomes.
    Je conçois totalement qu’on ne puisse pas l’aimer car il y a pas mal de trucs qui ne me plaisent pas trop dedans :
    – les personnages principaux me sont au mieux indifférents : je n’ai de sympathie pour aucun membres de la famille Yagami, n’aime ni L, ni Near ni Mello, ni les jeunes femmes (Misa, la présentatrice)… Je crois que dans le tas, il y a que Ryûk (génial) et quelques autres persos (le taciturne policier Mogi) que j’apprécie vraiment.
    – comme beaucoup, le « passage de témoin » m’a chiffonnée. Et je me souviens que j’avais trouvé l’apparition de L puis de Misa trop rapide. J’aurais aimé plus de temps avec juste Light et Ryûk.

    En ce qui concerne l’animé, il est globalement fidèle mais pas mal de détails manquent (je l’ai surtout remarqué à partir de l’enquête sur l’entreprise Yotsuba), ce qui peut gêner pour apprécier ou comprendre les réactions et raisonnements des personnages.
    Je me dis notamment que les moments avec stratégie d’échange de carnets, etc, ne doivent pas être super clairs pour ceux qui n’ont pas lu le manga. Déjà que dans le manga, c’est pas hyper simple, je trouve ^^.
    → Bref, à ceux qui n’ont que vu (tout ou partie) de l’animé, vous pouvez tenter le manga, plus complet. En plus, au niveau durée, ça doit être à peu près équivalent.

    Quant à ceux qui n’aimeraient pas ce manga à cause du perso principal, peut-être que l’adaptation que les USA sortent bientôt pourraient leur plaire : vue la bande-annonce, les personnages ne sont pas du tout pareils. Light n’est pas le garçon de bonne famille à qui tout réussit mais a l’air +/- d’un loser (on le voit se faire maltraiter par des jeunes) et L n’a pas vraiment l’air asocial/inadapté.

    Bon, je finis mon commentaire et je vois que j’ai fait un peu long, oups ^^.
    Sinon, chouette chronique 🙂

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    • Merci pour ce superbe commentaire qui compléte merveilleusement ma chronique. Je n’ai pas été jusqu’au bout de l’animé, car l’ambiance, le rythme et d’autres éléments sont trop différents.

      L’échange de carnet est déjà pas évident dans le manga, et c’est d’ailleurs en cela qu’il vaut mieux lui donner sa chance il est plus précis finalement que l’animé qui fait plus de blabla…

      Je vais signaler ton commentaire dans ma chronique car il amène un gros plus concernant la différence avec l’animé.

      Merci beaucoup! 🙂

      J’aime

      • Ah carrément ? Je suis flattée ^^.

        Je viens de repenser à une autre différence manga/animé, du coup :


        /!\ MÉGA SPOILER /!\
        La fin est légèrement différente aussi : le procureur qui remplaçait Light se suicide dans le hangar alors qu’il est arrêté, entre les mains des gentils (ça fait un énorme jet de sang, j’ai trouvé ça « marrant », sur le coup ^^).
        Light finit de façon un tout petit peu moins minable (même s’il a toujours son moment « je pète un câble ») et plus « paisible » : Ryûk ne le tue pas alors qu’il le supplie/pique sa crise, mais alors que – très gravement blessé- il essaye péniblement de s’enfuir. Avec la voix de Ryûk que l’on voit assis sur un toit, avec la ville au loin, c’est assez mélancolique.
        Et il n’y a pas l’épilogue.
        /!\ FIN DU SPOILER /!\

        Pas sûr que ce rajout soit utile ou intéressant, mais ça aurait continué de trotter dans ma ‘tite tête si je n’en avais pas parlé.
        En tout cas, je suis contente si tu penses que mon commentaire peut être utile 😀

        *s’apprête à valider son commentaire*
        *remarque un truc*
        *tapote doucement sur l’épaule de Lutin et chuchote, pour ne pas être entendue des lecteurs*
        Je viens de voir que tu as noté que le manga fait 13 tomes ; n’oublie pas que l’histoire tient en 12 tomes : le 13ème est un bonus avec détails sur les persos, etc. (Je dis ça car des lecteurs pourraient être rebutés pas une histoire en 13 tomes, alors que 12 ça peut faire un ‘tit peu moins peur ^^)

        Bon là c’est bon, je te laisse.
        Bonne soirée !

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        • Merci de ta discrétion. Oui, je peux préciser que c’est 12 tomes et un bonus. C’est mieux.
          Ton commentaire est très utile et permet de compléter l’article, c’est pour cela que je l’ai directement cité dans le corps de la chronique.

          Merci beaucoup! 🙂

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  10. C’est sans doute le seul mange qui me tente!!!Je rêve de le lire mais je craignais de ne pas me faire à cette forme de lecture…Je suis super curieuse de voir ce que donne le thriller policier en mange, alors si je tombe dessus, sûr que je craque après ta chronique qui lui rend bien son attrait!!!!

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    • Super, je suis persuadée que cela te conviendra. Le premier manga que j’ai lu, cela n’a pas été évident. Pas en raison du sens de lecture, mais il faut aussi lire les planches et les bulles de Droite à gauche, alors je me mélanger un peu les pinceaux, mais on s’y fait rapidement.

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