Le Général des Galaxies de J. Mazarin

de Jean Mazarin, pas Jules!

Effectivement, l’illustre cardinal malgré ses nombreux talents, son sens de l’anticipation et son intelligence aiguisée ne nous a pas honoré de récits de science-fiction. J’ai presque envie de dire que cela est dommageable pour les amateurs de littératures de l’imaginaire, car une telle plume dans notre domaine lui aurait donner un gros coup de pouce. Je pense également que le texte aurait été bien meilleur.

Hélas, Mazarin ne fait pas tout, et le prénom se fait fort de trier le bon grain de l’ivraie. Que dire de ce roman de la collection Fleuve noir anticipation?

Vous êtes à court de lecture ? Vous souhaitez aérer votre cerveau avec un récit datant de près d’un demi-siècle?

Le général des Galaxies est fait pour vous.

Il faut dire que le pitch de départ provoque quelques interrogations, le haussement d’un sourcil et une certaine moue dubitative.

« II s’appelle Julius V Dakemberg et il est général dans l’armée galactique. C’est un vieux soldat qui combat depuis cinquante ans aux confins de l’empire des hommes de la Terre. Mais qu’est devenu cet empire depuis qu’un Arcturien a été élu maître de l’Univers ?
Un jour, un ennemi inconnu attaque et Dakemberg est convoqué sur la Terre, à City, la ville-pieuvre, capitale de l’empire. On lui confie une mission impossible et il repart vers les galaxies mais, cette fois, il n’y rencontrera que ses souvenirs ou les images de ses amis morts dans des combats sans gloire.
Et puis, la vérité éclatera et le vieux soldat comprendra qu’il n’a jamais été qu’un pion manipulé par les Puissants. Emprisonné dans ses contradictions, il choisira alors la seule solution compatible avec sa propre vie.« 

Malgré cela, il y flotte un parfum d’exotisme, un décalage vintage qui fleure bon l’aventure tout azimut, un peu dans la veine des Flandry ou de la Hanse Galactique de Poul Anderson (que je recommande chaudement).

Maiiiiiis, nous sommes loiiiin de tout cela. La lecture laisse une sensation qui oscille entre le dépit et le rire.

Au rang des points positifs :

  • Cela se lit vite – et en diagonale c’est encore mieux, histoire d’épargner nos chères pupilles.
  • La trame et l’intrigue ne font pas mal aux neurones, un seul est nécessaire pour parvenir au bout de l’aventure.
  • Rires garantis, tant le décalage entre alors et maintenant est vaste, et les termes assez rigolos désormais.
  • Cela ne fatigue pas l’esprit, puisqu’il en manque une bonne dose.
  • La matière grise entre vos deux oreilles s’en trouvera bien aérée, en raison du vide intersidéral sur le plan spéculatif.
  • Le bouquin ne vous tâchera pas les doigts, l’encre a eu le temps de sécher.
  • Votre bourse sera à peine ponctionnée car il est possible de le trouver pour 1 ou 2 € chez un bouquiniste. Le papier rivalise enfin avec le numérique!
  • L’égo humain est particulièrement soigné, ainsi si vous avez quelques ennuis d‘estime de soi, l’anthropomorphisme au centre de ce récit vous regonflera: l’homme a conquis l’Univers!!
  • Un texte propre à réconcilier les militaristes et les anti-militaristes : « je tue, mais je pense », belle évolution!
  • Si vous aimez, les odeurs de livre, bingo. Mon exemplaire a bien mûri et nous offre tout un panel d’effluves de papier renfermé, parfait pour se faire un « nez ».
  • Le bruit des pages qui tournent hésite entre le soyeux et l’avachi, tout doux à l’oreille…
  • Je n’ai pas goûté, mais je suis certaine que la saveur est caractéristique.
  • Ainsi avec cette dernière proposition, vous pouvez faire le combo « 5 sens ».

Voici un roman exceptionnel qui sollicite l’esprit, le moi, le surmoi, et le corps. Ne me remerciez pas d’avoir trouvé pour vous le roman parfait pour vos vacances d’été.

Autrement, je reprendrais le flambeau de Gandalf : « Fuyez, pauvres fous! »

Moi, j’ai trouvé mon flop du mois, voire de l’année.

Autres critiques :

Noosfère (merci de me l’avoir signalé) –

On ne sait jamais, si il se trouve des aventureux parmi nous….

Challenges :

Et voici un petit combo!

Les romans oubliés (et pour cause…) promis en début d’été.
Summer Star Wars – Rogue One

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Summer Short Stories of SFFF

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Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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42 réflexions sur “Le Général des Galaxies de J. Mazarin

  1. Un billet qui fait du bien aux zygomatiques, merci beaucoup.
    Malgré ta déconvenue, tu as pu prendre du bon temps en écrivant ta critique et amuser le lecteur de ton blog. Dans chaque nanar se trouve une pépite qui sommeille !

    J’ai adoré les :
    La trame et l’intrigue ne font pas mal aux neurones, un seul est nécessaire pour parvenir au bout de l’aventure.
    Cela ne fatigue pas l’esprit, puisqu’il en manque une bonne dose.
    La matière grise entre vos deux oreilles s’en trouvera bien aérée, en raison du vide intersidéral sur le plan spéculatif.
    L’égo humain est particulièrement soigné, ainsi si vous avez quelques ennuis d‘estime de soi, l’anthropomorphisme au centre de ce récit vous regonflera: l’homme a conquis l’Univers!!

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  2. Quand c’est bon il faut le dire à l’inverse aussi!! Mais toujours avec esprit, j’ignore si le roman est mauvais,les critiques elles sont d’une encre sarcastique du meilleur effet, eheh tu maîtrises l’art des piques humoristiques, ça fait du bien de lâcher un peu de fiel de temps à autres 🙌🏽👍🏽😈

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    • je tombe bien plus rarement sur des daube puisque je n’achète que rarement sur impulsion. Je l’ai lu après quelques titres d’une certaine qualité et envergure, il se peut que le décalage ne lui ait pas été du tout favorable dans ma perception.
      Je préfère les piques humoristiques, et j’avais envie d’en rire de cette lecture, alors tu vois le résultat…

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  3. Haha ! En tout cas tu m’as fait bien rire 😀 Et le coup des cinq sens, très bien trouvé 😉 (L’argument de l’odeur serait éventuellement le seul que je pourrais prendre au premier degré, j’adore l’odeur des vieux livres !)

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  4. Chronique de J.P Andrevon en 1977 !! sur Critique du Général des galaxies de J. Mazarin et de Démonia, planète maudite de P. Legay (Source : https://www.noosfere.org)

    Respectivement second et premier roman de deux nouveaux venus au Fleuve, ces deux ouvrages attirent l’attention par de belles incongruités spatio-temporelles. Dans le Mazarin, on apprend que la race humaine s’est élancée sans problème à travers toute la galaxie (on voudrait savoir comment), mais qu’il a fallu attendre l’invention du principe du « voyage en espace distordu » pour foncer les doigts dans le nez vers les autres galaxies. Dans le Legay, les hypernefs passent en quelques heures d’un système à l’autre en manœuvrant à la vitesse étonnante de 25 kilomètres/seconde (faites le calcul…). Et en guise de flash-back, signalons que dans Mââ, de Georges Murcie, des visiteurs interstellaires ralliaient en quelques jours la Terre à leur système, alors qu’il nous était bien précisé qu’ils ne pouvaient pas dépasser la vitesse de la lumière. Bref, il y a du mou dans le carburateur, et certains auteurs d’Anticipation auraient intérêt à potasser leur cosmogonie portative accompagnée d’un précis einsteino-langevino-asimovien.
    Ceci précisé, et si le Legay n’a guère d’intérêt, il faut revenir au Mazarin (lui franchement nul), pour en détacher quelques jolies perles… Anthropomorphiques : « Durant quelques années, il avait été de bon ton de se promener la poitrine nue, ce qui avait été douloureusement ressenti par les femmes d’Andromède car elles avaient la particularité de posséder douze petites mamelles, ce qui les rendait ridicules. » Ou : « On ne vous force quand même pas à faire l’amour avec des Arcturiens ou des êtres encore plus répugnants ? — Si… » Et militaristes : « Ce salut (le poing sur le front !) symbolisait la nouvelle devise de l’armée : ‘Je tue, mais je pense’, qui avait été adoptée pour démontrer aux populations que les soldats n’étaient pas les sombres brutes décrites par les Endormeurs. » (les pacifistes). Oh, fant de chichourne !…

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    • Merci, je vais la mettre en lien. Un instant, j’ai pensé que ce n’était pas même livre. 🙂
      Mais, c’est effectivement bien cela.

      Le « je tue, mais je pense » est immanquable. Impossible de ne pas le mentionner tant c’est frappant (pas forcément dans le bon sens du terme), j’ai fait tout de suite le parallèle avec Descartes, « je pense donc je suis »… Quelque part, cela ma fait plaisir de l’avoir noter de mon côté

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  5. Mais, j’ai pas compris… pourquoi fuir devant tant d’aspects positifs ? 😀

    Bon ok, je suis aventureuse, mais il y a des limites au supportable quand même ^_^

    J’ajoute l’héroïsme, le dévouement, et l’espièglerie sur la liste de tes hautes compétences 😉
    Merci de m’avoir fait autant rire !!!

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