La première cavalière de Kristen Britain

Cavalier Vert, Tome 2

Au début de l’été, la lecture du premier tome de cette série s’est révélée fraîche, fun et sans prise de tête. Le premier contact avec cette héroïne, Karigan a été prometteur, non pas en terme d’envolée lyrique ou de philosophie poussée, mais en remplissant son office de roman de divertissement et de page-turner.

Lors du premier tome, Cavalier Vert, notre jeune héroïne rencontre inopinément un homme blessé. Ce dernier meurt dans ses bras après lui avoir laissé une broche et demandé de terminer sa mission : porter un message de la plus haute importance à son Roi. S’enchaine alors une course poursuite à travers une forêt dense et la découverte de certains mystères bien gardés.

Kristen Britain nous propose de suivre une nouvelle aventure en compagnie de la jeune femme, et d’assister à sa prise de décision concernant son avenir…

En effet, Karigan n’avait initialement que l’intention de tenir un engagement pris auprès d’un mourant. Sa vocation ne l’enfermait pas dans un rôle au service de l’État, quel qu’il soit et certainement pas pour les beaux yeux d’un souverain.

Ainsi, une fois sa mission accomplie dans la souffrance, la peur, et le danger, elle souhaite retourner à sa vie précédente. La Première Cavalière débute sur cette promesse.

« Karigan est rentrée à Corsa pour finir ses études et travailler auprès de son père. Mais l’Appel est plus fort que sa détermination: au fond de l’esprit de l’ancienne Cavalière résonne sans arrêt le martèlement de sabots fantômes…
Jusqu’à ce qu’elle cède et reprenne le chemin de la cité de Sacor. Mais à la cour, la jeune fille retrouve l’ordre affaiblit: des Cavaliers aguerris sont morts, et pourtant peu de nouvelles recrues ont entendu l’Appel. Cependant, Karigan voit le spectre d’une femme qui ne peut qu’être Lil Ambriodhe, la Première Cavalière. Pourquoi apparait-elle à Karigan? Et comment demander de l’aide à cette femme morte depuis un millénaire?
Car la brèche dans le mur de D’Yer continue à s’élargir et au coeur de la forêt vieille une sombre et terrible menace… »

Le lecteur s’immerge dans un univers typique de la fantasy, démontrant toutefois quelques originalités. Le monde est presque médiéval-fantastique européen, sans s’ancrer véritablement dans une veine déterminée. Le mode vie, la technologie, les moyens utilisés dans l’artisanat tout s’oriente vers le Haut Moyen-Âge. Même les coutumes et les mœurs participent à cette impression. Toutefois, la place de la femme est plus libre, moins enfermée dans une fonction/rôle, sans qu’il y ait une égalité des sexes bien établie.

Aussi, Karigan ne défie-t-elle pas les conventions en s’engageant dans la voie de cavalier vert, mais cela reste quand même assez restreint.

Nous ne sommes pas dans la Hight-fantasy car rien ne rattache l’univers et l’histoire des cavalier vert à ce genre. Nous naviguons vers la Dark fantasy d’une manière timide sans franchir réellement le Rubicon, avec des scènes plus poussées et plus cruelles que celles présentes dans la Hight, et des adversaires plus ambigüs. Je ne le voie pas comme une tentative avortée, ou une timidité à assumer une direction, mais comme une volonté de frôler cette frontière et de proposer un roman qui ne soit pas prude, tout en restant accessible.

Donc point de prophétie, d’élue désignée pour abattre un tyran ou de groupe partant pour combattre le mal. En revanche, il y a une dichotomie marquée entre le bien et le mal, et ce choix affadit l’ensemble.

La mission des cavaliers verts peut être simplifiée à la tâche de messager et de héraut du Roi. Ici, le monarque n’est pas un imbécile ou un homme avide de pouvoir. Il n’est pas non plus le dirigeant éclairé sans faille et omniscient. Celui-ci a son lot d’ennemis, de fossoyeurs de bonnes volontés, ou encore de traîtres manifestement persuadés de valoir bien mieux à la tête du royaume. Il y a aussi des forces obscures dont nous ne dirons rien de plus.

Autre élément qui s’écarte définitivement de la fantasy classique est l’absence de magie spectaculaire et puissante. Pour remplir leurs différentes missions et tâches, les cavaliers verts possèdent un zeste de pouvoir qui fait davantage penser au druidisme qu’à autre chose. Une symbiose avec la nature est nécessaire, l’art de se fondre dans l’aura de la forêt, passant par un respect des éléments et des habitants. L’effet thaumaturgique est donc léger et employé avec délicatesse. Certains pourront regretter cette saveur perçue comme timide, mais cette position se marrie bien avec l’ambiance veloutée, suave et parfois traîtresse du roman.

En outre, chaque cavalier une particularité/ don/ magie qui lui est propre.

La première cavalière nous permet de remonter aux fondations de cet « ordre » discret et important. D’ailleurs le titre évoque parfaitement cet aspect historique des messagers royaux.

La trame est plutôt classique, mais bien menée. Nous nous prenons à anticiper les coups tordus en désespérant de voir notre héroïne foncer dans un piège. Nous vibrons au son de cette mélodie qui ne nous est pas étrangère mais qui nous enchante quand même. Il y a du suspens, de l’action et un rythme qui colle bien à l’ensemble – même s’il aurait été perfectible.

Les personnages sont attachants et bien construits même si certains trop prévisibles  dans leur comportements et réactions.

La première cavalière est un roman de fantasy qui s’écarte de la tradition classique avec  la mise en lumière des Cavaliers verts, un ordre de messager au service du roi, et menacé par les ennemis du monarque. Un magie discrète s’associe à l’aventure proposée et nous offre un page-turner agréable et efficace.

Ce livre est pour vous si :

  • vous êtes fan d’un personnage féminin qui a du caractére,
  • vous voulez vous aventurer dans un fantasy qui s’écarte un peu du carcan classique sans chercher à vous broyer dans une atmosphère  sombre ou aux valeurs dansantes,
  • vous avez envie d’un roman avec une touche girly,
  • vous rechercher une lecture pour reposer l’esprit.

En revanche, déconseillé si vous détestez :

  • si les romans dont les frontières sont loin d’être troubles
  • si vous détestez les romans de Trudi Cavanan
  • si vous ne jurez que par la Compagnie Noire
  • ou si vous recherchez un texte solide et exigeant

 

 

31 réflexions sur “La première cavalière de Kristen Britain

  1. Je n’avais pas été vraiment convaincu par ce premier tome. j’ai trouvé que ça se lisait bien certes mais que ça manquait de profondeur et j’ai l’impression de l’avoir oublié dés que je l’ai fermé.
    Du coup je n’ai pas lu la suite et je ne sais même pas si je la lirais un jour, on verra xD

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      • LOL! Donc tu l’avais lu !!!
        Cela m’est déjà arriver de tomber sur des bouquins que j’avais déjà lu quelques années auparavant. Tellement marquants que je ne m’en souvenais plus.. jusqu’au premières pages, et au déclic! 😉

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    • J’ai les 3 premiers tomes, c’est la raison pour laquelle je continue la lecture. J’ai passé un bon moment, mais comme tu le soulignes, ce n’est pas un roman qui restera dans les annales.

      Bon divertissement et c’est quand même déjà ça.

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  2. j’étais passée un peu à côté de ce roman.
    A lire ta chronique je pense que c’est ce flou entre les genres qui m’avait un peu perturbée. Ca et, comme tu le soulignes, le fait d’avoir une héroïne relativement dégourdie SAUF quand il s’agit de foncer droit dans les pièges ^^;

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  3. Tu me diras, il va bien falloir, un jour, que je me sorte de la tête Toubib et ses Annales…, mais j’ai compris que ce ne sera pas avec cette saga ^_^
    Peut-être dois-je garder cette idée lecture pour le moment où mon côté girly refera surface, qui sait ? 😉

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  4. Le deuxième tome confirme mon désintérêt.

    Cependant, je note un petit changement dans tes critiques depuis peu : la construction de ton avis est plus cadré, cependant je trouve que ton analyse prime désormais plus sur ton ressenti et cela me manque un peu. Par contre j’aime « Ce livre est pour vous » et « En revanche, déconseillé si vous détester »
    Bon, après c’est que mon avis, tu en fais ce que tu veux, c’est surtout pour te donner un retour sur ces petits changements.

    Et pas besoin de chroniquer le tome 3, je réitère mon désintérêt. ;p

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    • Ah! je n’avais aucunement l’intention d’effacer mon ressenti de mes chroniques. C’est vrai que sur Le Cavalier vert, c’est globalement un page-turner, mais pas du tout indispensable. A rai dire, j’ai construit et cadré cet avis car, fondamentalement je n’avais pas grand chose à dire…. Se laisse lire et s’oublie n’est pas une critique vraiment digne de ce nom…

      Tu as eu aussi cette impression sur La compagnie Noire et la 5° saison que j’ai adoré ?

      Dans tous les cas, je vais faire en sorte que mon impression domine car, c’est cela en priorité que je veux communiquer. Le seul plus ce mois-ci c’est le « ce livre est pour vous » et « déconseiller si… »
      A vrai dire, j’hésite avec une deuxième formlue que je testerai pour voir ce qui « fonctionne » le mieux qui serait « Public cible » – « vous aimerez si vous avez aimé aussi ». Bref, je me tate.

      Mais, je suis heureuse de tes retours sur ces petits changements, tu es le seuls à m’avoir mentionner ces petites choses.

      Tu me demanderais ce que je te conseillerai, et je te répondrais ; ce n’est absolument pas pour toi!!!

      La trilogie est un cadeau, alors il y aura sans doute le tome 3. APrès, je pense stopper mon aventure en compagnie de Karigan,car c’est un peu trop léger pour mes goûts.

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      • J’avais remarqué un changement dans la construction (un peu plus analytique) depuis quelques avis mais il restait ton ressenti. Après c’est juste une impression, on évolue avec le temps et les livres.
        Je comprends donc mieux le manque de ton ressent sur ce roman dû au fait d’un « pas grand chose à dire ».

        Je ne suis pas très fan du « Public cible » un peu trop, à mon sens, institutionnel
        « vous aimerez si vous avez aimé aussi » un peu trop de si
        En fait j’aime assez la formulation actuelle, claire et nette.

        Je lis attentivement tes chroniques moi, pas comme les autres ! (sauf ceux qui ont commenté après moi, mais j’ai l’impression que ce sont des copieurs !)

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        • Oui, je crois que nous changeons avec les lectures et avec nos chroniques. D’illeurs c’est également le cas pour toi. Les premiers billets que j’ai lu était plus concis. Désormais tu développes davantage, et donnes une très bonne idée du contenu, avec un ressenti précis. Et Un humour qui ressort encore plus!

          Bon, je garde la formualtion actuelle alors. Elle collera parfaitement avec mon prochain billet!

          LOL! je sais que tu les lis! toi! 😉

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    • Merci pour le -ez à la fin! Je relis, et je relis pourtant! Mais, je vois les bonnes lettres souvent c’est quelques jours après que je rélise que je n’ai pas écrit le bon mot, que j’ai inversé les lettres, ou fait des fautes stupides. (vive la dyslexie qui te persuade que tu écris correctement!)

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  5. Argh, syntax error….ou gros doigt mal placé sur le clavier…
    Dernière remarque avant l’autoroute : cette série avait beaucoup plu à mes collégiens et collégiennes qui ne connaissaient pas forcément bien la fantasy en dehors du SdA. Je me souviens d’un très bon moment de lecture…

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    • Ha, je ne doute pas que les adolescent l’adore cette série. Ce n’est pas mièvre, bien rythmé, histoire intéressante, quelques ambiguïtés et nuances,… Un peu juste en contenu et en exigeance pour les amateurs de fantasy.

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  6. Est-ce-qu’on voit un peu les dadas dans ce tome ci ? J’ai lu le premier tome il y a peu et ça m’avait pas énormément botté même si j’ai trouvé ça sympathique. En fait, l’épaisseur et le nombre des tomes me fait un peu peur pour continuer la série ^^ J’ai beaucoup aimé ton analyse en tout cas, c’est hyper travaillé !
    Kin

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  7. Hum autant j’ai le T1 en numérique toujours pas lu d’ailleurs autant le contexte manichéen m’embête mais j’ai bien aimé Trudi Canavan et toujours pas testé La compagnie noire (en projet)
    Hum je réfléchis, je peux toujours lire le 1 vu que je l’ai et on verra bien

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