Le Baptême du Soleil de Bastien Pantalé

L’onde ou la particule de la lumière (bleue) ?

Ascendance, tome 1

« Neït, Terre, Galéa, Anamets…
4 mondes aux physionomies et aux Histoires très différentes, 4 civilisations qui ignorent tout du lien qui les unit. Ce point commun, cet édifice mystérieux, conditionne pourtant leurs existences respectives.
Lutter pour l’honneur d’une dynastie, révéler un mensonge millénaire, explorer des terres vouées à l’oubli ou mener une opération de sauvetage ; les destins des représentants de chaque espèce vont se croiser sous l’influence d’une énergie éblouissante. De cette rencontre naîtra une odyssée riche en découvertes ainsi qu’une complémentarité inattendue. »

J’avoue mon hésitation devant un tel résumé. Cette aventure peut être aussi bien casse-gueule que confiner au génie, j’en espérait quelque chose d’intermédiaire. Dans tous les cas, ma curiosité était titillée, car le lien unissant les 4 mondes m’intrigue à la fois dans sa nature et dans la façon dont va l’aborder l’auteur. Et puis, quels sont ces 4 mondes mystérieux ?

D’ailleurs, pour écourter tout suspens inutile, Bastien Pantalé s’en sort plutôt honorablement dans ce premier volume. Il ne lui reste plus qu’à concrétiser ces prémices intéressantes.

Le Baptême du Soleil, premier tome de la trilogie L’ascendance, se concentre sur l’exposition de quatre mondes à des années-lumière les uns des autres ; seule une ossature humaine semble les relier au premier abord.

Quatre univers, quatre humanités, quatre civilisations apparaissent comme les premier éléments intrigants aux yeux du lecteur.

Initialement, nous prenons contact avec Neït sans être dépaysés par l’époque gréco-romaine présentée. Cette rencontre s’avère musclée puisqu’un combat entre gladiateurs marque les esprits. Il ne s’agit pas d’un spectacle à grande effusion de sang, d’un événement routinier ou encore d’une mascarade de mises à mort. Cet affrontement est lourd de conséquences et symbolique, se détachant ainsi de notre référence antique. Le fils du souverain, Tétki, cherche à affirmer sa position comme successeur de son père Sobek.

En effet, les désaccords se règlent arme à la main, les pieds dans le sable de l’arène. Les décisions de Sobek se contestent également dans cette lice. Les dirigeants de Neït se doivent d’être des experts à la fois dans la rhétorique et dans l’art de la guerre. Pour les former, à la cohorte de professeurs et de philosophe se joint un maître d’armes dont le sort de son élève l’élèvera parmi les plus grands ou l’abaissera à la déchéance.

Ces hommes se distinguent par une physionomie plus robuste, une force permettant d’allier l’esprit et le combat. Leur gabarit est adapté aux joutes verbales et martiales.

Ce n’est pas le cas de Maxime un sismologue en 2014 qui se reconvertit dans l’égyptologie, tentant d’associer ses deux passions. Cette phase du récit semble se dérouler sur notre bonne vieille Terre avec les querelles de clocher entre les différents partisans de théories plus ou moins pointues, n’hésitant pas à s’affronter dans des joutes purement verbales ou par l’intermédiaire de publications.

Maxime utilise son expertise dans l’étude géologique et la sismologie pour affiner la datation des Pyramides d’Égypte. Forcément pour les besoins de notre roman, ses résultats vont semer l’émoi dans ce microcosme universitaire.

Anamets, la planète de l’eau nous présente un autre visage. Il peut s’agir aussi bien d’une civilisation équivalente à Rome antique, ou aux Celtes avant la Guerre des Gaules, ou encore bien après, vers le Moyen-âge. Toujours est-il que cette lande subit quotidiennement la montée des eaux. Nos marées sont de la rigolade par rapport aux raz de marée qui se présentent chaque jour sur les plages. L’évolution profite de l’occasion pour démontrer son extraordinaire pouvoir d’adaptation, les habitants parviennent à juguler la puissance des eaux en érigeant un champ composé d’énergie et de matière organique contenue dans l’eau : le Brihel. Ils réussissent cet exploit quotidien lors de transes qui relie l’esprit de chacun des vigiles. Miassa est l’une d’eux et une psychique particulièrement douée. La culture décrite me fait penser au Japon avec les différentes divinités qui peuplent ce monde, à la façon des esprits animistes. Ces terres cernées par les océans présentent les mêmes craintes face à cet élément maître, tout en le vénérant pour sa protection. En effet, la montée des eaux n’est pas le seul danger qui menace ses habitants, des monstres dignes de l’Empire du Soleil Levant s’octroient des tribus de chair et de sang.

Nous partons dans une direction totalement inverse ou presque avec la civilisation technique de Galéa. Si sur Neït, l’homme a développé ses capacités physiques, sur Anamets celles psychiques, ici la part belle flatte ses facultés intellectuelles et extra-sensorielles. En conséquence, ce sont plutôt des êtres longilignes d’aspect chétif que nous rencontrons avec Syrius et son fils Lyvius, un télépathe des plus prometteurs. La culture est axée sur la technologie et les particularités développées par ces êtres humains.

Dans chacune de ses facettes, le cours de l’existence change radicalement avec l’apparition d’un phénomène fugitif, mais intense. Maxime enquête sur un séisme de faible amplitude confiné à la Pyramide de Kéops. Sobek doit affronter le champion de la faction qui s’oppose à sa décision de ne pas se rendre dans la zone ou une étrange lumière bleue est apparue. Miassa se propose de participer à une expédition pour une manifestation lumineuse similaire tandis que père et fils assistent à ce même phénomène lors d’une sortie non autorisée.

Vous pensez que le tout est dense ?

C’est effectivement le cas, mais l’auteur a développé son approche en scindant les quatre univers prenant le temps d’expliquer les bases à chaque fois, et construisant ces cultures différentes. L’avantage procuré est perceptible, le lecteur ne peut pas se perdre ou être confus. Cependant, le revers de la médaille consiste à assister à chaque fois à un descriptif d’un monde nouveau avec l’exposition des différents éléments que cela implique.

Si le procédé facilite la compréhension et le suivi, en revanche, la narration s’en trouve coupée et le souffle retombe alors que le lecteur commence à s’immerger. Heureusement, cet effet ne persiste pas sur l’ensemble du tome, les événements s’enchaînant. Le récit devient un peu plus vivant, et l’intrigue de la lumière bleue accroche l’intérêt du lecteur.

Les personnages sont soignés, les particularités propres à leur évolution divergente permettent d’amener une touche exotique bienvenue, l’auteur choisissant de mettre en lumière à la fois les points forts, mais aussi les points faibles. La partie relative à 2014 et Maxime pourra sembler un peu aride, ou presque dans la Hard-SF tant l’auteur prend le soin d’amener des éléments scientifiques sur les séismes, sur l’analyse géologique, les protocoles expérimentaux. Le tout est adouci par une plume claire avec une sémantique adaptée.

Si le genre paraît à première vue confus, il s’agit bien de science-fiction. D’ailleurs, les thématiques développées sont en plain dans son champ : la technologie, l’évolution, l’être humain, et un des moteurs majeurs, la curiosité… Cependant, il ne faudra pas chercher à comparer avec Banks, Reynolds ou Baxter encore qui ont eu des approches et des thématiques similaires. D’ailleurs, il ne s’agit que d’un premier volume introductif qui pose les bases de la trilogie.

À confirmer dans le tome 2.

Ce roman est pour vous si :
  • vous voulez vous frotter aux mondes parallèles
  • vous adorez les trames superposées
En revanche, déconseillé si vous :
  • vous ne recherchez que des équivalents à Banks, Reynolds sur des thématiques précises
  • n’aimez pas suivre plusieurs trames parallèles
  • n’aimez pas la SF
Autres critiques :

 

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Le livre :
  • 292 pages
  • tome 1

10 réflexions sur “Le Baptême du Soleil de Bastien Pantalé

    • J’ai pris soin de te faire un clin d’oeil, sachant que je connaissais déjà ta position. Après Killing Gravity, je savais que ce serait négatif pour toi. 😉
      Ah! Merci pour l’illustration, j’ai eu beaucoup, beaucoup de mal à trouver ce que j’imaginais dans mon esprit et qui corresponde au roman. 🙂

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