Zoulag de Stéphane Desienne

Le syndrome finlandais

Opération zombie!

Walrus

J’ai récemment chroniqué Les Sempiternels d’Aude Réco de la maison d’édition Walrus. Cette dernière s’est vraisemblablement spécialisée – du moins en partie – dans les récits courts et punchies. J’ai été agréablement surprise par leur dernière parution pleine fun et de peps, aussi ai-je replongé pour deux tours avec Zoulag et Zoulag II de Stéphane Desienne.

Jusqu’à présent les histoires de zombies ne m’enchantaient guère, ayant lu trois ou quatre romans à la teneur identique. Il faut prendre en compte qu’il étais difficile de rivaliser avec Je suis une légende de Matheson ou encore L’éducation de Stony Mayhall de Gregory. Zoulag, la filière finlandaise n’a aucunement cette prétention et c’est en soi une bonne option. De plus, cette novella parvient à se démarquer de mes lectures antérieures : il ne s’agit pas de lutter contre une invasion zombie ou d’y survivre. En effet, les vivants ont gagné!!

« Mona Nuss est habituée à visiter le Zoulag Nord : tous les hivers, elle et ses collègues scientifiques s’y rendent pour réaliser des prélèvements sur les zombies qui y sont enfermés. Le froid qui règne sur le camp d’isolement à cette époque congèle les morts-vivants, leur permettant de travailler sans crainte d’être attaqués.

Mais les choses sont différentes cette fois : à l’invitation d’Horace Trent, aventurier et star planétaire, la jeune femme devra s’y rendre en plein été. Une équipe de la BBC Reboot a obtenu de Bruxelles l’autorisation de tourner un documentaire à l’intérieur du Zoulag et Trent veut placer sa baignoire – une cage de verre – au milieu de la horde. »

Voici donc un résumé éditeur qui parvient à brosser le contexte sans rien dévoiler de l’intrigue. Toutefois, le lecteur se doute que les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu; cette anticipation fait le sel de la novella. D’ailleurs, je peux vous affirmer que cela ne va pas non plus se passer comme nous pourrions nous y attendre. Cette courte intrigue a réussi à me surprendre de manière fort agréable.

Ainsi, les vivants ont vaincu la pandémie avec au passage une perte de plus de 2,5 milliard d’âmes. Les zombies n’ont pas été anéantis – et leur population ne « compense » pas le nombre de décès. Malgré le danger inhérent à ces créatures, les dirigeants de ce monde ont décidé « d’épargner » quelques millions d’entre eux et les ont parqués dans trois réserves dont une en Finlande. La raison semble être médicale et académique, mais peut-être en appendons-nous davantage ultérieurement.

Quinze ans se sont écoulés depuis la fin des opérations de nettoyage, mais les esprits restent marqués par cet événement d’ampleur planétaire. Un chaîne de TV ou plus exactement un célèbre animateur animalier pense que le moment est venu de commencer une thérapie de groupe. Toutefois, cette posture n’est que la façade d’une opération purement tournée vers l’audimat et le sensationnel. Notre homme possède un égo démesuré et cherche à faire un buzz historique, d’où l’idée de l’immersion en plein territoire zombie dans une cage de verre digne des « dompteurs » de squales.

Tel le documentaire animalier, le récit se déroule en trois phases, avec une brève présentation, l’immersion proprement dite et enfin la conclusion.

L’introduction présente les enjeux affichés et les personnages. Le passage en pleine plaine 😉 zombie est telle que nous pouvions l’espérer avec la dose de frissons, de sang et de tripes adéquate et le tout se conclue sur une chute intéressante.

Ma comparaison avec le documentaire animalier n’est pas anodine, d’une part car les références à ce genre de reportage sont assez appuyées, ensuite, l’auteur a construit sa novella sur ce format pour adapter habilement son rythme et propos.  Ce procédé permet de singer et de dénoncer les méthodes – et le cynisme – de la télé-réalité et de renforcer l’immersion du lecteur dans cette aventure haute en couleur pourpre.

Le rythme est parfaitement adapté, la plume de Desienne agréable, l’humour est présent et dosé avec justesse. Les deux personnages principaux sont assez classiques mais difficile de faire mieux entre le programme affiché et le format choisi. Nous sommes dans un roman qui flirte avec l’horreur sans réellement y tomber, aussi les âmes sensibles qui s’évanouissent à la moindre goute de liquide carmin se muniront-elles de leurs sels. Pour les claustrophobes, je conseille la poche de régulation respiratoire, une sortie hors de la cage de verre s’avérant grandement risquée.

La lecture de Zoulag achevée, le parallèle avec la trilogie de George Romero vient à l’esprit tant les films et ce texte empruntent des chemins similaires. Peps, frissons et  gore garantis dans cette aventure sans prétention, le tout associé à un fond destiné à souligner les travers de notre société (la société de consommation, la TV réalité,…)

Cette novella a été lue dans le cadre d’un SP. Merci! 🙂

Ce roman est pour vous si :
  • vous recherchez un roman alliant frissons et fun
  • vous adorez les zombies
  • vous souhaitez une lecture courte, divertissante et pas neuneu
En revanche, déconseillé si vous :
  • vous êtes claustrophobe
  • n’aimez pas le format court
  • n’avez pas besoin de pause
Autres critiques :

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Le livre :

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  • 100 pages
  • 25 juin 2015
  • broché : 12€
  • e-book : 4,99€

 

22 réflexions sur “Zoulag de Stéphane Desienne

  1. Je n’ai pas besoin de pause, je n’aime pas les zombies, et en ce moment, à part une parenthèse soft-SF qui s’est révélée magistrale, les travers de notre société dénoncés via une allégorie SFFF, ça me gonfle plus qu’autre chose : je veux de la Hard-SF, des échelles temporelles et spatiales démesurées, des kilonovae et des Kugelblitz, de l’ambition à ne plus savoir quoi en faire, du roman culte (^^) ! Bref, pas pour moi, déjà en général, et surtout pas en ce moment, mais merci pour ta critique 😉

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  2. Je profite de l’occas’ pour te souhaiter une Bonne Année 2018, meilleurs vœux et plein de belles et bonnes critiques de livres super !
    Je ne suis pas super fana de zombies,; peu de livres me semblent tenir la route ; en revanche, qques films sont rigolos : le très étrange « The Battery » et « Zombie » de Romero…(celui dans le supermarché….)

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    • Merci Jean!
      Meilleurs voeux à toi aussi! 🙂
      A la base moi non plus les zombies ce n’est pas trop mon truc, mais de temps à autres j’aime bien voir ce que cela donne. De plus cette année, j’ai voulu élargir un peu mes lectures habituelles sans tomber dans la bit-lit.
      J’aime bien les films de Romero.

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  3. Tu as épinglé ce qui était aussi important à mes yeux : Zoulag n’a pas la prétention de concurrencer les grands titres (fort intenses). J’ai trouvé la nouvelle réussie avec sa chute, tout comme l’épisode 2 alors que je suis difficile avec ce format court. Alors autant te dire, que d’un point de vue personnel, jamais je ne serai rentrée dans la « baignoire » !

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    • ET cette absence de prétention est bienvenue car il jour sur un autre registre. Oui, pour moi aussi, la nouvelle est réussie et sa chute est une bonne chose.
      Pas de baignoire pour moi non plus! 😉
      Merci!

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  4. J’avais découvert la plume de Stephane Desienne dans « Walrus Institute : l’anthologie interdite », et m’étais promise d’aller examiner ses autres textes ! Merci de me le rappeler avec ton succulent retour de lecture 🙂

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