Les 12 Rois de Sharakhaï de Bradley P. Beaulieu

Les 12 rois de Sharakhaï, tome 1

Bragelonne

Il aura fallu quelque temps voir apparaître Les 12 Rois de Sharakhaï au programme du blog. Les raisons en sont simples : une méfiance certaine quand un titre est mis autant en avant, une nouvelle grosse série de Fantasy et des retours trop positifs.

Ce dernier point prête à bondir, j’en suis consciente ; mais dans ces cas, mes attentes sont si élevées qu’il est impossible au livre de les atteindre ou alors je trouve le texte surestimé.  Le passage du temps semblait la meilleure option pour aborder ce récit avec un esprit ouvert.

Pour Les 12 Rois de Sharakhaï, le tour du calendier a fait son œuvre, mes attentes se sont largement abaissées, et je l’ai abordé avec des espoirs mesurés. Bien m’en a pris, car je suis très satisfaite de ma lecture.

Cette série promet une Fantasy arabisante (selon de nombreux retours) un courant assez récent et qui offre l’indéniable avantage du dépaysement, d’une sensation de nouveauté et d’une pointe d’exotisme. En effet, Sharakhaï — inutile de « googeliser » cette contrée imaginaire — est née en plein désert autour d’un point d’eau si vital à l’épanouissement de la vie. Cette cité immense et majestueuse est une merveille et surtout l’une des seules de cette taille dans les environs…

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Qui dit désert, dit également chaleur, aridité, soleil et conditions difficiles. Un cadre très éloigné des décors médiévaux fantastiques courants qui peuplent la majorité des romans de Fantasy.  En cela, Bradley Beaulieu réussit parfaitement à inscrire son récit dans une ambiance inhabituelle ainsi qu’une atmosphère chargée en épices et en odeurs.

Nous nous immergeons facilement dans les arènes de la ville où se jouent parfois des vies, où le sang coule avec plus ou moins de profusion. Nous en retenons surtout le bruit des vivats, l’excitation des spectateurs, et l’adrénaline des combattants. Les décibels se déchaînent tout autant aux souks  – que nous visitons régulièrement – avec les appels aux chalands, les marchandages bruyants, le bruissement soyeux des étoffes, ses parfums captivants sont tout aussi entêtants.

Ces descriptions ou les différentes scènes qui se déroulent à Sharakhaï et dans le désert à proximité bénéficient d’une belle mise en lumière. L’auteur prouve un talent avéré pour rendre vivaces toutes ces ambiances qui participent à l’immersion du lecteur. Nous sommes bien ailleurs, loin de nos frontières spatio-temporelles. Et même l’architecture ou les vêtements portés par les habitants renforcent à la fois ce côté vivant, vraisemblable et captivant.

C’est presque parfait. Toujours est-il que l’impression rendue à mes yeux atteint son objectif d’exotisme et de dépaysement, nos perceptions sont vraiment soignées et le rendu « cinématographique » de mon cerveau m’en a mis plein les yeux. Presque parfait, mais pas tout à fait parfait.

En effet, j’attendais une Fantasy arabisante dans la droite ligne de Djinn de Fetjaine, ou encore un roman qui pouvait titiller sur le plan de l’ambiance orientale Les Lions d’AL-Rassan de Kay — ma référence dans le genre. Et, si Les 12 rois de Sharakhaï m’ont séduite avec son environnent désertique, sa cité majestueuse ainsi que ces épices orientales, la touche arabisante reste assez mesurée. Et pour cause, Apophis me signale justement qu’il s’agit plus spécifiquement de Silk Road Fantasy! Ce n’est pas tout à fait identique.

Nous découvrons une grande ville avec ses quartiers, ses bas-fonds, ses marchés, ses mendiants, ses riches, ses pauvres, ses étrangers de passage… tout ce que nous pourrions trouver dans une ville antique ou médiéval-fantastique. Le bruit et les odeurs  spécifiques en plus. Il me manquait une touche culturelle plus appuyée (je n’en demandais pas autant que Kay qui a brossé avec brio un Al-Andalus impressionnant, sur l’aspect arabisant), mais insérer quelques points de civilisation m’aurait énormément bottée ! L’impression orientale domine cependant. (Du coup, petite précision s’agissant d’une fantasy Silk oad, ce n’est pas étonnant).

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Pour autant, Les 12 rois de Sharakhaï sont loin d’être stériles sur le plan du background historique ou des coutumes locales. La présence de deux lunes exerce une influence certaine sur les croyances et le mode de vie des habitants. Elles rythment la vie de tous, et sont l’objet de contes mythologiques. Leur impact atteint son apogée quand elles se manifestent ensemble dans le ciel nocturne de cette perle du désert. Cette nuit-là, les asirs sont de sortie et malheur à qui croiserait leur chemin dans les rues bien ou mal famées. Ces créatures humanoïdes aux griffes acérées ne se contentent pas alors des cibles désignées par un des Rois. Le malheureux s’avérerait une proie de choix pour ce prédateur hors norme.

La relation des asirs et des Rois reste un mystère pour le lecteur, mais rapidement, nous sentons qu’un lien inquiétant les unit, un lien qui plonge ses racines dans l’histoire originelle de Sharakhaï. En début de roman, le collectif royal est déjà en place depuis quelques siècles. Ce n’est que peu à peu que l’auteur dévoile les dessous de l’Histoire, en compagnie de Çeda.

J’ai un petit décalage avec cette collégialité, ou plus exactement avec la haine qu’elle engendre. Initialement, rien ne nous indique que les souverains sont tous malfaisants et oppriment leur peuple (ce n’est pas réellement le cas d’ailleurs). Le fait que les Rois n’apparaissent pas d’emblée comme tous haïssables, et mauvais, demeure un point qui m’a vraiment plu. En conséquence, j’éprouvais un décalage avec les émotions de Çeda, et certainement avec ses plans. Sa vengeance est personnelle et importante à ses yeux, mais difficile d’y adhérer totalement. Notre héroïne n’est pas la seule à vouloir les abattre. Macide, le chef d’une ligne dure cherche aussi la fin de ce régime pour s’asseoir sur un trône unique. J’ai beaucoup aimé cette différence de point de vue initialement, car il faut attendre la toute fin du premier tome, pour apprendre des actes vraiment négatifs sur les 12.

J’ai eu même l’espoir d’assister à un roman justement différent, avec des protagonistes qui chercheraient à déstabiliser un gouvernement pour des motifs uniquement personnels ou faussés, et non pas franchement dans l’intérêt général. Je me demandais si Beaulieu ne nous planifiait pas un récit à l’image de Fils des Brumes, dans lequel les héros font tomber le « tyran » et s’aperçoivent après coup qu’ils ont fait une erreur de taille.

Ainsi, nous sommes dans une fantasy  loin d’être dichotomique avec des camps bien divisés, pour un roman qui ne joue pas dans la cour de la High Fantasy. Les muances restent de mise avec de la noirceur, des compromis, des décisions sujettes à caution, des actions amorales, des personnages dans les tonalités de gris, loin du monde dichotomique qui me lasse. Bref, nous avons à faire à une dark fantasy orientale !

Avec une Çeda qui illustre parfaitement ces jeux d’ombre.

C’est d’ailleurs par son truchement que l’auteur articule à la fois ses intrigues et son worlbuilding.

En effet, ce personnage principal est une orpheline de près de 20 ans quand le lecteur fait sa connaissance. Elle est La Louve Blanche, une combattante douée et rusée qui fréquente les arènes avec brio. Cette prise de contact se fait lors d’un de ses combats qu’elle mène tambour battant en illustrant des compétences martiales efficaces. L’auteur fait coup double en nous présentant des traits de caractère de son héroïne, vecteur de ce monde riche et complet ; ces combats sont une composante essentielle de la culture locale. Les chiens de poussière qui s’affrontent dans ce cirque ne jouent pas forcément leur vie, ils peuvent y rencontrer d’autres adversaires provenant d’autres contrées, ou des personnages d’origine plus ou moins élevée cherchant à prouver leur valeur — ou leur supériorité.

Ce n’est pas un lieu pensé et quelques scènes utilisés pour agrémenter le roman de sang et d’actions, mais bien une pierre angulaire de l’intrigue et de ce monde tant les combats sont inscrits dans l’ADN de cette cité. C’est surtout une zone d’échanges, de contacts, de règlements de compte, la plaque tournante d’un peu tout.

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Ces arènes et le port. Et qui dit port, dit eau.

Eh bien non, et là, c’est une réussite magistrale de l’auteur. Nous retrouvons bien des appontements, des lieux d’accostages, des bateaux, des voiles, des termes maritimes, mais d’eau, point. Il s’agit d’une mer – que dis-je ? – d’un océan de sable qui jouera également son rôle dans l’aventure présente et future si j’en juge la couverture du deuxième tome.

Donc, un port que fréquente Çeda et ses amis. Alors que La Louve Blanche connaît le succès aux yeux de tous dans les arènes, les appontements dévoilent une autre facette de la jeune femme. Sous couvert de  discrètes missions de messager, elle cherche la vérité et les faiblesses des 12 Rois de Sharakhaï.

Cette combattante en quête de vengeance, souhaite abattre les souverains les uns après les autres. Quelques obstacles conséquents s’interposent entre elle et sa vendetta. Outre l’immortalité affichée par les rois, elle doit forcer le rideau de protection. Il se compose certes de hautes enceintes, mais surtout d’une garde rapprochée composée des Vierges. Ce corps d’élite forme des guerrières talentueuses et redoutables, virtuoses dans le maniement des sabres courbes. Il faut préciser qu’elles ont à cœur la santé de leurs monarques, il s’agit de leurs pères…

Les motivations de Çeda nous échappent, avant que nous apprenions le sort de sa mère tuée par les Vierges et pendue à la vue de tous, de quoi exacerber des rancœurs tenaces !

Mais cela, nous ne l’apprenons que plus tard, car Bradley Beaulieu a construit son histoire de manière à créer un double suspens et  – presque – deux trajectoires parallèles. Il réussit même à écrire un roman doublement initiatique sans que cela saute aux yeux du lecteur de prime abord. Bravo.

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Pour ce faire, il délivre sa première intrigue avec une Çeda adulte, partageant son temps entre ses activités journalières, les raids nocturnes et les missions occultes (enquête secrète). Il utilise les flash-back pour nous brosser l’enfance de la jeune fille et l’apprentissage de cette vie mouvementée depuis les derniers et mystérieux moments avec sa mère jusqu’à sa métamorphose en Louve Blanche. Alors que nous croyons nous lancer à pleines dents dans le cœur d’un récit axé sur une douce vengeance, une initiation tout autre débute, maintenant habilement le lecteur à fleur de récit.

En outre, l’auteur choisit d’exposer les différents trames et enjeux à travers différents personnages et non pas la seule Çeda. Ainsi, différents points de vue (POV) corsent-ils et enrichissent-ils l’histoire et la structure. Nous y côtoyons le meilleur ami de la jeune femme qui espionne à droite, à gauche, et qui prend des initiatives plus ou moins heureuses. Puis, un personnage qui prendra davantage de place dans le récit, le prince Ramahd – et sa belle-sœur – en quête de représailles, originaire d’une contrée voisine. Mais aussi Macide, un agitateur qui fomente le renversement des rois de son côté. Ce personnage fait froid dans le dos tant ses méthodes sont jusqu’au-boutistes et surtout peu regardantes en termes de dommages collatéraux.

Mais, c’est Çeda qui attire toute la lumière sur soi. La jeune femme nous émeut et nous captive, et s’avère un personnage fort sympathique et attachant avec ses forces morales et physiques, sa loyauté envers ses amis, sa détermination impeccable, sa curiosité digne d’un chat. En cela, elle ressemble aux héroïnes classiques du genre, mais l’auteur parvient à lui donner des nuances qui en font sa fraîcheur, que ce soit son côté déluré ou alors les doutes qui l’assaillent sa mission personnelle avançant.

Parmi ses connaissances, un jeune homme sort du lot, Emre. En fin de roman, je dois dire qu’il ne me plaît guère, mais je reconnais un joli travail sur son évolution, qui de plus s’avère cohérente. Du jeune homme amoureux, en retrait de sa belle, il s’oriente sur un chemin périlleux et pas forcément louable, motivé par le mépris de soi…

Ramahd entre dans l’histoire par la petite porte des arènes, et va se révéler être un personnage attachant associant désespoir, détermination et sensibilité. Il a du potentiel, et j’attends beaucoup de sa trajectoire personnelle dans les autres tomes. Myriam sa belle sœur est particulièrement effrayante… Ce ne seront pas les seuls personnages marquants. Il y a l’apothicaire, Osman le maître des arènes, les Vierges, l’énigmatique Shaliah, Macide et ses sbires…

Au niveau du rythme, il m’a fallu une bonne centaine de pages pour m’y mettre dedans, puis, l’histoire c’est déroulée sous me yeux. Un seul bémol, quelques facilités au niveau de l’intrigue, et une héroïne un peu trop surprise de ses réussites – au lieu d’en être heureuse.

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Finalement, cette fantasy arabisante s’avère une lecture riche, dense et captivante. Bradley Beaulieu nous offre un voyage intense parfumé au sels de l’orient, une histoire savoureuse sous le soleil implacable du désert alternant entre l’ombre et l’espoir.

Ce roman est pour vous si :
  • vous recherchez une Fantasy dépaysante
  • vous avez adorez Les lions d’Al-rassan
  • vous souhaitez un univers dense, riche, travaillé
En revanche, déconseillé si vous :
  • vous allergique au soleil
  • n’aimez pas les structures complexes
  • n’avez pas envie de vous lancer dans une nouvelle série, même emballante
Autres critiques :

Apophis Boudicca – Blackwolf – L’ours inculte – Lianne

Le livre :
  • 575 pages
  • Bragelonne
  • 17 août 2016
  • Broché : 25€
  • e-book : 12,99€

57 réflexions sur “Les 12 Rois de Sharakhaï de Bradley P. Beaulieu

  1. Mouais… On est très, très globalement d’accord, c’est un bon livre mais sans plus, et une lecture dépaysante et globalement agréable, malgré quelques points de crispation. Par contre, nous ne sommes d’accord sur quasiment rien d’autre, et surtout pas sur les bons et les mauvais points. Déjà, le premier truc qui me dérange (et ce n’est pas la 1ere fois), c’est cette posture disant « les retours qui sortent en succession rapide à la sortie sont trop positifs, je vais attendre et le lire à froid (beaucoup) plus tard ». J’ai la très nette impression que tu te programmes, même inconsciemment, pour être plus déçue ou « critique » que les autres, et dans 90 % des cas, c’est comme ça que ta recension se termine. Alors tu as évidemment le droit de moins aimer que les autres, mais j’ai la nette impression qu’en voulant éviter la déception, en fait tu te la crées toute seule. Tu sur-analyses au lieu de vivre le bouquin, tu cherches absolument la petite bête en te disant « non, pas possible, ils ne peut pas être aussi bon qu’ils le disent tous ». Attention, ce n’est pas un reproche (juste une constatation), j’ai une certaine tendance à faire pareil. J’ai aussi l’impression que tu veux toujours proposer des critiques plus « pondérées » que les autres : il y a beaucoup de lecteurs que ça « rassure », parce qu’ils se méfient des critiques trop dithyrambiques ou au contraire trop dures, sauf que certains bouquins (pas celui là, cependant) méritent de se faire descendre ou encenser sans nuances excessives. Il faut de la pondération dans la pondération 😀

    Tu pars sur une hypothèse de départ fausse : ce n’est PAS de l’Arabian Fantasy, mais de la Silk Road (et non, ce n’est pas pareil). L’inspiration tire nettement plus du côté de Samarcande que de Bagdad (il suffit de regarder la carte et les relations géopolitiques dans le bouquin pour le saisir), et les éléments plus asiatiques que proche- ou moyen-orientaux sont assez nettement visibles dans certaines novellas associées au cycle ou (dans une certaine mesure) dans le tome 2. Ensuite, si tu t’attendais à de la Fantasy Historique type Fetjaine ou (surtout) Kay (c’est ce que tu dis dans un paragraphe, avant de dire le contraire dans le suivant, donc j’ai un peu de mal à suivre), c’est toi qui a des attentes mal placées, pas le livre ou son auteur qui sont en défaut : Beaulieu n’a jamais prétendu bâtir un univers ayant la précision quasi-universitaire de ceux du Canadien. C’est comme de dire « je suis déçue, ce bouquin de Sturgeon n’est pas de la Hard SF ! ». Ben non, il n’a pas été conçu comme tel. Et je suis d’autant plus surpris quand, dans le TL/DR, tu conseilles ce livre à ceux qui ont adoré les Lions d’Al Rassan : c’est un peu paradoxal, vu que tu t’es plainte de la différence entre les deux livres quelques paragraphes plus haut, non ? Nous ne sommes, en fait, clairement pas dans le même niveau de qualité ou le même style de Fantasy Historique, sans parler de l’impact émotionnel ou de la puissance des personnages. Le bouquin de Beaulieu est globalement bon, celui de Kay est un chef-d’oeuvre : en comparant le premier au second, tu risques de créer des attentes irréalistes (surtout chez ceux qui ne lisent QUE le TL/DR).

    Par contre, on ne m’enlèvera pas de l’idée que Beaulieu a réussi quelque chose de grandiose en terme d’ambiance : de l’Arabian / Silk Road, je commence à en avoir lu pas mal, et son bouquin se place dans le haut du panier sur le plan de l’atmosphère (c’est même plus poussé que dans Throne of the Crescent Moon de Saladin Ahmed, qui était jusque là ma référence sur ce point précis). L’ambiance est le gros point fort du cycle, à mon avis. D’ailleurs, je n’arrive pas à saisir comment tu peux dire que les influences arabisantes ne sont pas marquées ou que ça ressemble à n’importe quelle cité de mediéval- ou antique-fantastique : certes, comme je l’expliquais, ces influences ne sont pas les seules, mais franchement, elles sont extrêmement marquées, notamment au niveau olfactif, gustatif, dans les mets / épices / condiments vendus dans les souks, etc. Sans parler des vêtements, de certains termes d’inspiration sémitique / hébreu, des armes, etc. Et bien sûr de l’inspiration Frank Herbert : pétales d’adicharas = épice. Or Dune = ambiance arabisante.

    La relation des Asirims et des Rois ne se dévoilera que dans le tome 2, donc c’est normal qu’elle soit cryptique dans le 1. C’est un gros cycle, après tout (de mémoire, 5 tomes prévus et 4 novellas / nouvelles actuellement parues). Par contre, non, le côté malfaisant des rois se dévoile rapidement, il ne faut pas attendre la fin du roman : ce sont tout de même eux qui lâchent les asirims sur les gens toutes les nuits de Bhet Zhaïr (pas sûr de l’orthographe), il y a une pendaison de masse à un moment en rétorsion à une attaque, etc (tu pardonneras mon souvenir un poil flou, je l’ai lu, pour ma part, il y a un an et demi).

    Je ne saisis pas du tout le passage « J’ai eu même l’espoir d’assister à un roman justement différent, avec des protagonistes qui chercheraient à déstabiliser un gouvernement pour des motifs personnels ou faussés, et non pas franchement dans l’intérêt général. A priori, espoir déçu. ». Mais c’est justement ce que fait l’héroïne : elle veut buter les Rois parce qu’ils ont tué sa mère : plus personnel que ça, je ne vois pas… Tu verras même que dans le tome 2, les relations entre elle et la Résistance (les Hôtes sans lune) sont assez compliquées.

    Bref, ne prends pas ça comme une agression, mon intervention n’est pas conçue comme telle, mais je suis vraiment dans une profonde incompréhension, là. Pas sur le fait de ne pas être d’accord (je m’y attendais), mais sur les arguments développés dans ta critique pour justifier ton avis sur tel ou tel point, arguments qui, pour moi, ne correspondent pas au contenu du livre ou bien qui sont contredits par d’autres arguments avancés quelques paragraphes plus loin.

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    • Je peux te rassurer Apo, je ne prends rien comme une agression ou du mauvais côté quand tu interviens sur mon blog. ET j’aime que de temps à autre nous ne soyons pas d’accord! 😉

      Sur le premier point et mes déceptions relatives concernant quelques lectures « phares ».

      Je ne pense pas me préparer à être déçue, et me programmer de la sorte. C’est sincèrement que j’attends certains titres avec impatience quand ils ont des retours dythyrambiques. Et, c’est vrai aussi que – et c’est là que j’ai tort – je me prépare à vivre une expérience de lecture hors du commun. Tu as raison sur un point, c’est que je me programme involontairement, mais sur ce fait de lire de l’extra-oridnaire. Par conséquent, je suis déçue car même si le roman est bon, je n’ai pas ce que j’attendais.

      C’est pour cela que parfois j’attends comme ici, pour effacer cette programmation (je suis en train de faire pareil avec Silo. Attendre).

      Je suis quelqu’un d’analytique, c’était mon métier – avant l’apiculture – de déceler le dysfonctionnements, les erreurs, les petits trucs qui clochent pour y apporter des correctifs, il en va de même avec mes études scientifiques puis ma formation initiale de météorologue (analyse de cartes et de données) . Je crains que cette facette de ma personnalité ait été construite dans le temps et soit ancré en moi.

      Je ne cherche pas la pondération, pour la pondération cependant. Et plus j’attends entre une lecture et une critique, plus mon cerveau continue d’analyser le roman, de le décortiquer. Si cet aspect ressort plus, c’est que j’ai lu le livre il y a quelques jours, et d’autres nuances apparaissent.

      Pour ici, j’ai vraiment aimé le roman, et j’espère que cela se sent. Ce n’est pas un coup de cœur et ce en raison de petites choses que je mentionne.

      Bref, je ne cherche pas à être la plus pondérée (ni la plus bavarde) du net! 😉

      Effectivement, mon hypothése de départ est fausse. Je comprends mieux que ce côté arabisant était un peu léger à mes yeux!!! Merci de rectifier cette donnée, importante. Je ne ferai pas la même erreur pour le prochain tome!!
      Effectivement, je reconnais alors que mes attentes n’étaient pas les bonnes. Bon, après c’est assez relatif, car c’était un léger bémol qui n’a pas impacté mon ressenti, énormément. Suffisament pour que je le mentionne, mais je souligne que l’ambiance et le cadre sont captivants et réussis. Ce que je pense vraiment.

      Quand j’ai ouvert le livre, je ne cherchais pas à lire du Kay ou du Fetjaine. Je les ai pris en exemple pour l’aspect arabisant, et uniquement sur ce point précis. A aucun moment, je n’ai cherché de la fantasy historique dans Les 12 rois. Si ce n’est pas compris ainsi dans mon billet, c’est que j’ai articulé mon paragraphe de manière maladroite. Je savais que c’était de la fantasy orientale, et certaines critiques (beaucoup) indiquaient arabisantes. Aussi, je suis partie pour un voyage vers une contrée de ce style et non pas de la fantasy à la Kay ou Fetjaine.
      Sur ce plan là pas d’attente et pas de déception.
      Et d’ailleurs, il ne faut pas vois de la déception ou un interprétation si erronée du bouquin dans mon article car la réussite de l’ambiance et le rendu quasi parfait est également souligner. J’ai voulu insister sur l’atmosphère décrite par Beaulieu. C’est un quart de mon retour. Comme tu me le dis, les marqueurs sont importants et même relevés ici.

      J’écris bien ; »Les 12 rois de Sharakhaï m’ont séduite avec son environnent désertique, sa cité majestueuse ainsi que ces épices orientales, la touche arabisante reste assez mesurée. »

      Il ne faut pas se concentrer uniquement sur le fait que je note que ce n’est pas aussi arabisant que ce à quoi je m’attendais, alors que j’applaudis le rendu et l’aspect immersif.

      Pour la relation Rois/Asirs, ce n’est pas du tout un point négatif, au contraire, il y a du mystère. Pour le côté « malfaisant » des rois, je n’ai pas trouvé cela présenté clairement, avec justement un flou entre leurs actions à eux, et ce qui relevait de l’initaitive des vierges. Les pendaisons de masse dans la tome 1 sont mises sur le dos des vierges. Nous savons que les rois lâchent les asirs mais bien plus tard, en début d’histoire, les créatures sont là, mais nous ne savons pas qui les contrôle; Effectivement, on conclue que ce sont les rois, mais pas avant la moitié du roman. Surtout, qu’ils marquent leurs descendants, et c’est un « honneur ». J’ai bien aimé cette ambivalence initiale.

      Et, haïr des rois uniquement car ce sont des rois n’est pas dans mes habitudes. Du coup même si je comprenais l’ envie de vengeance de Ceda, et ses motivations, elles restaient personnelles, sans de mon côté une attente prononcée de les voir tomber.
      Ce n’est que vers la fin que l’auteur dévoile les dessous de l’histoire.
      Ne lis pas tout que du côté négatif dans ma chronique, car ce paragraphe n’est pas là pour descendre le roman, et ne cherche pas du tout à y mettre des bémols. Il relate simplement mon expérience de lecture, sur la place des monarques et les questions que je me posais. Jusqu’à mi roman, elles sont légitimes, et je me demandais vraiment si Beaulieu aller nous offrir un roman dans la même veine que Sanderson avec Fils des Brumes. Les héros y abattent leur tyran – plus tyrannique qu’ici en début d’ouvrage – mais font un choix nocif pour le bien-être du pays. Je me disais alors, ce serait vraiment fort de partir la-dessus, ce serait magistral même. Voilà. C’est devenu plus « logique » et manichéen.
      Mais, je vais remanier ce paragraphe si ce n’est pas suffisamment clair. 🙂

      J’ai envie de dire que tu décortiques trop ma critique! 😉
      Non, j’ai trouvé le roman vraiment chouette, pas le coup de coeur, mais vraiment bon. Le point fort est l’ambiance comme je le souligne.
      Les 3 bémols que j’y vois :
      – fantasy arabisante telle que les retours le placent -pas toi – pas assez appuyée, mais maintenant, j’en conviens ce n’est pas cela.
      – un démarrage vraiment en douceur, avec quelques longueurs – les 100 premières pages
      – Ceda qui prépare des plans (vierge, le palais enfouis) et qui a des réactions surprenantes. Elle réussit, mais aucune satisfaction, ou émotion positive quand cela fonctionne.

      (Non, il n’y a pas de contradiction dans ce que je dis à propos de Kay. Premier point j’aborde l’ambiance arabisante et compare à Kay, plus loin je préviens de ne pas attendre du Kay).

      Nos ressentis ne sont pas si éloignés que tu le penses. Mon intro a du te mettre sur les mauvais rail. Elle ne doit pas être adéquate et adaptée à ce qui suit. Je vais voir pour l’améliorer que l’on ne s’attende pas à une critique négative, au contraire.

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  2. J’avais trouvé l’ambiance juste nickel.
    Par contre, j’ai aimé le fait que les rois ne soient justement pas uniformément « détestables », justement, ça rend la quête de Çeda plus personnelle et on tombe pas dans le cliché du méchant tyrannique mono-dimensionnel.

    En tous cas c’est une belle chronique, bien approfondie. J’ai hâte de lire ton avis su la suite.

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    • Oui, l’ambiance est magistrale. J’ai retravaillé cette partie sur l’aspect non tyrannique des rois, car cela n’était aussi clair que je souhaitais. J’ai adoré que les rois ne soit pas mono-dimensionnels et justement loin des clichés des tyrans.

      Merci! 🙂

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  3. Hey =)
    Super avis !

    En fait je ne me souviens plus trop de ce qui m’avait déplu sur ce livre mais ce n’était pas les rois vu que j’avais compris depuis le début qu’ils maintenaient la population dans la misère ce qui est pour moi directement un motif pour les détester, et du coup ils faisaient office dans mon esprit de bon « adversaires » (même si pour eux Ceda est si insignifiante qu’on ne peux pas encore dire qu’ils sont vraiment adversaires)

    Je sais que dans l’ensemble j’avais vraiment bien aimé, surtout l’ambiance qui comme tu le dis est vraiment bien faite et on est tous plus ou moins d’accord la dessus, mais je n’avais pas totalement réussi à être à 100% dedans.
    En gros c’était bon et intriguant, mais pas exceptionnel non plus.

    Après je n’avais pas eu l’idée de comparer avec du GG Kay, vu que pour de base les 2 sont dans des catégories très différentes. Et quand on me parle de fantasy orientale je pense plus à mes classiques du genre : La Rose du Prophète de Weiss et Hickman qui se rapproche bien plus de celui ci dans le sens ou c’est de la fantasy très classique mais ou les personnages viennent d’un endroit qui fait penser à l’orient. (et pas de la fantasy historique).

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    • J’ai bien aimé également et ce n’est pas non plus un coup de cœur.

      Je compare surtout avec des titres qui parlent et qui conservent un rappot avec le roman. J’ai d’autres lectures en tête mais plus confidentielle et sans doute pas si adpatée si ce n’est la cadre.

      Le me note La Rose du prophéte de Weiss qui me tente bien du coup.

      Merci!

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  4. Coucou, j’avais ce livre en tête depuis quelques temps mais comme toi j’avais un peu peur de la soudaine vague positive qui s’abattait sur une nouveauté Bragelonne et je l’ai un peu oublié par la suite. Avec cette critique, tu me rappelles que je dois me le procurer prochainement ^^
    Dans la même veine, avec un côté peut-être plus Young Adult (d’abord young, et à la fin c’est adult, si tu n’as pas encore lu, tu le comprendras si le livre t’intéresse), c’est Djinn de James Tollum, un livre qui se situe également dans un pays arabique imaginaire où règne une société de voleur très bien organisée et tout et tout. Je le conseil vivement en tout cas.
    Belle critique et très complète en tout cas 🙂

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    • Alors, tu peux lui laisser sa chance, mais je pense qu’il faut l’aborder sans attentes démesurée. C’est un bon bouquin, plein de charme avec une bonne histoire, mais pas le roman de la décennie non plus.

      Je me le note, j’adore avoir des conseils de lecture.

      Merci pour ta visite et ton commentaire. 🙂

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  5. Pas ma came, tu t’en doutes.
    Par contre magnifique chronique qui detaille bien les points forts et faibles que tu y as trouvé.

    Un point qu’y me me fait réfléchir , ce sont les genres. Je ne suis pas très fan de la classification en sous genre et sous sous genre (je ne dis pas qu’elle n’a pas d’intérêt , tout dépend des lecteurs) mais je pense qu’elle peut amener à des désillusions pour les non connaisseurs. Dans ce livre, tu trouves que la touche arabisante ne va pas assez loin, c’est parfaitement ton droit mais la précision d’Apophis indique que le sous genre est bien respecté. Mais moi qui me contrefous des sous classifications, je suis déçu tout de même. Alors que faire ? Sélectionner en amont plus strictement ses lectures en fonction de l’éditeur , de la collection et du sous genre ? J’ai l’impression que cela devient irréel pour le simple lecteur.
    Et comment ecrit l’auteur son livre ? Il se dit tiens je vais ecrire tel sous genre et je dois respecter telles et telles recommandations ! Ou la classification se fait après ? Et si j’aime l’auteur j’invente une nouvelle taxonomie pour faire entrer le livre dans le cadre.

    Je viens d’avoir la même mésaventure avec Droneland. Je trouvais l’univers anticipatif bancal. Après ma lecture, je m’aperçois que le roman a été publié dans une collection noire. No SF donc. Mais moi je connais un peu le monde des livres, les éditeurs et les collections, ce qui n’est pas le cas je pense de tout le lectorat… Bref, si le pitch me parle d’un certain contenu, j’ai le droit d’être déçu sans avoir du lire les X avis dans des forums spécialisés ou blogs.
    Pour conclure, la classification perd parfois le lecteur non connaisseur plutôt que le guider.

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    • Ah! J’adore ton intervention qui rejoins mes réflexions.
      Déjà merci pour le compliment quant à la chronique. 🙂

      Pour le sous genre, je pense que la majorité des lecteurs y attachent une importance toute relative. Le pitch, l’auteur et la couverture sont les éléments qui vont vraiment l’attirer et lui indiquer le style du bouquin. Ensuite, peu importe que ce soit de telle ou telle influence.

      Seuls les gros lecteurs vont s’attacher aux nuances plus ou moins promises et attendre les marqueurs propres à l’influence recherchée. Que faire pour éviter les désillusion? C’est une vaste question et y apporter une réponse définitive me semble hors de portée. Ce seront essentiellement les positions personnelles qui vont y apporter des « réponses », car finalement, c’est le lecteur en recherche de quelque chose de pointu qui doit effectuer se travail de « fouille ». L’éditeur ne nous cible pas, son public est plus vaste que nous autres. ALors, il faut s’attendre à ce genre de déconvenue.

      Ceci-dit, ici, c’est vraiment TRES relatif, car je ne sais combien de fois je souligne l’ambiance du roman particulièrement réussie. Une seule réserve sur l’aspect arabisant. Est-ce un manque de recherche, de ma part, des attentes déplacées, un choix caduque ? Je ne pense pas car l’influence des retours lus n’est pas à négliger. Quelques lecteurs peuvent réellement faire la différence entre une ambiance arabisante et une autre plus sumérienne, et je n’ai gardé en filigrane que ce qui revenait (j’évite de relire les critiques sur un livre au moment de sa lecture) régulièrement.

      Bref, comme tu le constates, je suis comme toi sans réel remède à ces attentes particulières.

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  6. J’en garde un avis très mitigé : il y a plein de bonne choses (l’univers, l’ambiance…) mais je ne me suis pas attachée au personnage et je trouve que le roman souffre de gros problèmes de rythme. Apophis m’a malgré tout tenté avec sa critique du tome 2, je serais curieuse de savoir ce que tu en penses 🙂

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  7. Découvert grâce à la belle chronique d’apophis qui m’a convaincue dès l’évocation de fantasy tournée vers la route de la soie !

    Je n’ai lu que le début de ta critique + le récap final, bon va falloir que je le sorte de ma PAL celui ci 🙂

    (C’est bizarre que tu aies eu une impression aussi forte sur Les Lions. Pour moi arabisant, c’est justement plutôt côté Moyen Orient que Magreb/Espagne 😉 )

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  8. Coucou,
    Oui oui je me remets ENCORE à jour (j’ai pas de mouflet je me demande comment je ferai à ce moment-là ^^)
    Alors pareil, dès qu’un bouquin fait le buzz….je n’ai aucune envie de le lire…mais un océan de sable et de la dark fantasy orientale….COOL
    Je vais voir sur Emaginaire si je le trouve à un tarif intéressant ^^

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    • Met-toi à jour! vas-y.
      Cela m’arrive sur d’autres blogs. 🙂
      Ah!, je suis rassurée de n’être pas ma seule à ne pas être tentée par un livre qui fait le buzz!
      Mais, parfois quand je laisse le temps au temps, et que je l’ai dans la PAL cela peut-être une bonne surprise.
      C’est la cas présentement, il est pas mal. Rien de révolutionnaire, mais très dépaysant. La promesse est tenue.

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