Fenêtre sur cour galactique
Bragelonne
Je ne sais pas s’il s’agit d’un effet de mode ou de simples coïncidences, mes lectures m’entraînent depuis le début de l’année sur le chemin de méduses, plus ou moins fidèles à l’être gélatineux ou encore à la Gorgone. Bref, elles s’invitent régulièrement dans les pages des livres de Clarke à Baxter en passant par Banks ou Hamilton. J’aurais du choisir cette créature comme thème annuel!
Pour autant, ici, point de surprise ou de rencontres fortuites, le titre est sans équivoque : Les Chroniques de Méduse, pour le duo d’écrivains que sont Alastair Reynolds et Stephen Baxter.
« Inspiré par la nouvelle Face-à-face avec Méduse de Sir Arthur C. Clarke, lauréate des prix Hugo et Nebula, ce roman raconte la rivalité croissante entre hommes et machines, à travers les siècles et les étendues du système solaire, vers un avenir imprévisible. 2080 : Le commandant Howard Falcon, pilote de dirigeable, devient infirme après le crash de son appareil. Une procédure de chirurgie expérimentale va le transformer en cyborg, doté de pouvoirs surhumains mais isolé du reste de l’humanité… 2090 : Falcon mène une mission en solo dans les nuages de Jupiter, où aucun humain naturel ne pourrait s’aventurer… 2130 : Adam, un prototype d’intelligence artificielle employé dans une exploitation minière de glace aux confins du système solaire, doit faire face à la destruction de ses congénères, et expérimente le réveil des émotions… Au fil des siècles, Howard Falcon, ni homme ni machine, mais singulièrement solitaire, devra prévenir un conflit interplanétaire effroyable.«
Intrigue et structure
Stephen Baxter a collaboré avec Arthur C. Clarke a de nombreuses reprises (L’odyssée du temps : L’œil du temps, Tempête solaire, Les premiers nés), ainsi, est-il logique qu’il se soit engagé dans cette « suite » de la nouvelle Face à face avec Méduse de l’illustre auteur américain; imaginée et rédigée en compagnie d’un autre grand nom de la SF, Alastair Reynolds.
Suite à un accident de dirigeable, Howard Falcon se retrouva être le premier (et seul) cyborg sur notre planète. Sa constitution particulière en fit le parfait candidat/cobaye pour les explorations extrêmes. Et lorsqu’une expédition dans l’atmosphère de Jupiter se met en place, son nom sort naturellement du chapeau. A cette occasion, il découvre une forme de vie consciente et intelligente, évoluant au sein des tempêtes, des bestioles aux proportions gigantesques et aux formes « gorgonesques » : ce sont les Méduses de Jupiter.
Dans Les Chroniques de Méduse, les deux auteurs ne proposent pas une aventure sur la géante gazeuse en leur compagnie. Comme le titre l’indique, le texte relate les événements sur prés d’un millénaire se déroulant dans le système solaire, à travers les yeux d’Howard Falcon. En effet, sa nature mécanique combinée aux traitements contre le vieillissement en font un témoin privilégié de l’évolution de la société humaine.
Le gouvernement mondial (GM) est déjà en place bien avant son accident puisqu’il fait partie de la Flotte mondiale dès la nouvelle de Clarke. C’est sur cette base teintée d’uchronie que Baxter et Reynolds imagine la conquête du système solaire ainsi que les divers incidents qui émaillent cette histoire future. Que ce soit les officiels ou bien les compagnies indépendantes, notre protagoniste principal prend part à diverses missions aussi bien scientifiques que diplomatiques. Missions qu’il accepte volontiers en raison de sa situation unique (et solitaire), mais aussi de la détérioration de la perception des machines dans l’opinion publique. Car, les Chroniques n’évoquent pas tant l’histoire de Jupiter (bien que la planète tienne un rôle important, tout comme ses habitants), que celle de l’émergence des machines puis à la rivalité qui s’établit avec l’humanité.
Howard qui a participé à « l’éducation » du premier robot intelligent, Adam, observera de près l’évolution des relations aux frictions initiales jusqu’à la conclusion de ce chapitre. Son rôle, jouant souvent le médiateur, est loin d’être une sinécure tant son apparence mécanique lui attire l’antipathie et la méfiance de l’homme 100% bio, tout comme son humanité percluse d’émotions et de sentiments l’éloigne des robots sécessionnistes.
Toutefois, cette place de choix fait de lui un observateur presque impartial. Presque. Il ne peut, par exemple, que déplorer amèrement la destiné des pan-singes pourtant si prometteurs…
Ainsi, les auteurs ne trompent-ils pas sur la marchandise : ce sont bien des chroniques qui sont offertes à la lecture, et non une intrigue cousue de fil blanc avec un début, un milieu et une fin. Je souligne ce procédé narratif car l’amateur de SF pourrait être dérouté par le contenu du roman, s’attendant à un récit tournant autour de Jupiter et de ses méduses, avec une trame identifiée et classique.
Les points forts des Chroniques
J’avoue avoir été déconcertée pendant une première moitié, malgré les avis lus ici et là, car le cœur du texte bat au diapason des relations humain-robot. De plus, la tension ne va pas crescendo, et le rythme connait des fluctuations gouvernées par les crises rencontrées par le gouvernement mondial, et les missions, ou points de vue, d’Howard Falcon.
Toutefois, il y a un fil conducteur à cette tranche d’histoire du système solaire : l’émergence et l’évolution des robots intelligents, passées au filtre de la perception humaine (et parfois des machines). Notre cyborg, initialement le seul à s’apparenter aux esprits mécaniques, attise la curiosité, puis l’admiration lorsqu’une mission (ou un sauvetage) fait la une, avant de connaître la méfiance et même l’hostilité. Ce cycle va se reproduire, avant de dériver vers des frictions de plus en plus tenaces lors de l’émancipation des Intelligences artificielles.
Corrélativement, la tension progresse au fil des pages et des chapitres, happant le lecteur, consterné par certaines décisions ou certains actes (des uns et des autres), effrayé par les répercussions potentielles. Et, le tout s’achève sur une note plutôt réjouissante en terme d’émerveillement.
Reynolds et Baxter n’abandonnent pas pour autant Jupiter et ses méduses. Au contraire, bien que nous soyons amenés à voyager d’une planète à une autre, d’un rocher aride à une lune, nous retournons régulièrement sur la géante gazeuse à la découverte des merveilles qu’elle recèle. Les différentes étapes et incursions ne feront que renforcer votre envie de rejoindre cette atmosphère à la fois ouatée et oppressante, elles aiguiseront votre curiosité comme jamais car, vous serez toujours à l’affût d’une dernière surprise… Et le final tiendra toute ses promesses.
Enfin, les multiples références plus ou moins repérables parsèment judicieusement le roman. C’est un petit jeu en soi. Outre, quelques clins d’œil destinés à l’un ou l’autre des deux écrivains, j’ai noté un nombre intéressant de références, d’hommages, et même d’influences; Arthur C. Clarke est une obligation, Jules Verne cité directement, Iain Banks, David Brin sont tout autant mis à l’honneur comme bien d’autres. A vous de les trouver.
Les chroniques de méduses de Baxter et Reynolds offrent un vision captivante de notre géante gazeuse et de ses étranges habitants. Ils nous donnent un bref aperçu du système solaire du futur, écartelé entre appréhensions, tensions et aspirations. Les thématiques sont loin d’être originales dans la science-fiction, cependant les deux auteurs sont suffisamment habiles pour y donner une note alléchante et procurer un frisson certain. De plus, ils concluent l’aventure sur un final tout à fait emballant et mémorable.
Ce livre est pour vous si :
- vous savourez les romans avec des robots intelligents
- vous souhaitez lire un space-opera aux frontières définies
- vous aimez les textes écrits en collaboration
je vous le déconseille si :
- les méduses, vous avez donné et ne les appréciez pas!
- les textes de style chroniques ont tendance à vous ennuyer
- De toutes façons vous n’êtes épris que de fantasy
Autres critiques :
Apophis –
Challenge :
Au fait avez-vous déjà été piqué par une méduse ? (c’est mon cas et c’est diablement désagréable et douloureux).
[…] un deuxième avis sur ce livre, je vous conseille la lecture des critiques suivantes : celle de Lutin sur […]
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Bah, je n’apprécie pas les méduses mais pourquoi pas si l’occasion se présente 😉
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Elles sont vraiment spéciales celles-ci et mis à part la forme n’ont rein de commun avec l’espèce terrestre.
😉
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Après avoir lu la nouvelle de Clarke, je n’avais pas eu trop envie de me pencher sur le roman de Baxter/Reynolds. Ta chronique me titille quand même, je vais attendre un Op Bragelonne sur ce titre pour m’y essayer.
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je pense que cela peut te plaire car les thématiques sont dans tes goûts. Il y a que le format chronique qui ne me fait pas jurer que c’est pour toi.
Lors d’une ops B, tu ne prendras pas beaucoup de risques!!! 😉
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Pas mon style de roman malheureusement ^^ (par contre j’aime beaucoup la nouvelle présentation : j’ai l’impression que pas mal de blogs ont fait peau neuve pour la rentrée, c’est sympa ^^)
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La veine « chronique » peut dérouter et ne pas franchement séduire. J’étais mitigée jusqu’à la moitié du roman justement en raison de cette narration.
Oui, cela faisiat 2 ans et demi que j’avais le même, alors pour la rentrée, nouveau design sans être trop éloigné de l’ancien.
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Le pitch me tente beaucoup personnellement. Je vais d’abord tester la nouvelle de Clarke tout de même 🙂
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Oui, la nouvelle est une bonne introduction et finalement le roman sonne au diapason
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Je l’ai dans ma PAL celui-ci. Il faudrait juste que je le lise…
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Ben yapluka!!! 😉
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C’est là le problème avec les PAL, les yaplukas s’accumulent.
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je comprends et compatis, je subis le même phénomène…
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Bon, ce serait un très bon moyen de découvrir les deux auteurs pour moi.
Bonne chronique en tout cas 🙂 !
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Merci!
Je ne sais pas si ce roman est vraiment représentatif de leurs œuvres respectives, même si le « filon » est bien le bon. Mais pourquoi pas ?…
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Pour Baxter il faut lire Voyage !
Pour Reynolds c’est le cycle des Inhibiteurs !
😀
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Je compte lire Voyage de Baxter, et les inhibiteurs également mais ayant commencer Poséîdon, je voudrais le terminer avant d’entamer. Idem avec Baxter, il me manque le 3° et dernier tome de L’odyssée du temps. Et puis, zou, je m’attaque à ces titres.
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Tu vas te régaler… 😀
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[…] Les chroniques de Méduse de Baxter & Reynolds […]
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Tu as toujours le souci du bon timing : été, vacances, plages, et… méduses, vu qu’elles ne s’invitent pas QUE dans les pages, gloups…
Tout ça pour dire que je suis médusée ! Je remplis tous les critères : savourer les romans avec des robots intelligents, souhaiter lire un space-opera aux frontières définies, aimer les textes écrits en collaboration… Les méduses passeront sûrement par moi !!! 😉
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LOL! Je jeu de mot! Bien vu Lupa!!!
Bon si tu remplis tous les critères et que le pitch te plait, yapluka!
Fais attention aux méduses, parfois un seul regard te pétrifie.
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Je ferai gaffe, promis !
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La nouvelle Face à face avec Méduse ne m’avait pas emballé, loin de là, mais j’ai une tendresse particulière pour Baxter. Ce que tu dis de ces chroniques me donnent envie d’y jeter un oeil, même si ce ne sera pas pour tout de suite.
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Je viens de me rendre compte que j’ai lu cette chronique il y a longtemps et que j’ai oublié de la commenter !! Honte à moi 😉
Tout à fait d’accord avec ta fine analyse, donc 🙂 Je suis ravie que tu aies aimé ce titre autant que moi, et que nos avis se rejoignent une fois de plus !
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Oh! Merci P’tit Loup!
Nous en avions parlé et ce n’est guère une surprise de partager une fois encore un ressenti sur un bouquin!
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Eh non, on commence à avoir l’habitude 😀
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[…] avis de Lutin82, Maned Wolf, […]
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[…] l’image de Jupiter. J’ai d’ailleurs retrouvé des accents de ma récente lecture Les Chroniques de Méduse de Baxter & Reynolds à la lecture de L’Algébriste. Les descriptions des effets […]
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[…] Les chroniques de Méduses de Clarke et Reynolds […]
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