Les Attracteurs de Rose Street – Lucius Shepard

Un ectoplasme  au parfum de Rose

Le Bélial, Heure-Lumière

« Londres, fin du XIXe siècle. Une métropole enfumée, étouffant sous le smog et les remugles de l’industrialisation en pleine explosion… Samuel Prothero est aliéniste. L’un des meilleurs de sa profession. Membre du sélect Club des Inventeurs, jeune homme respecté, son avenir est tout tracé dans cette société victorienne corsetée. Jusqu’à ce que Jeffrey Richmond, inventeur de génie mais personnage sulfureux, sollicite son expertise sur le plus étrange des cas. Troublante mission, en vérité, pour laquelle le jeune Prothero devra se résoudre à embrasser tout entier l’autre côté du miroir, les bas-fonds de la ville-monde impériale et ceux, bien plus effrayants encore, de l’âme humaine… « 

Pour purifier correctement l’air dans toute une ville à vivre, le purificateur d’air Richmond va au-delà des conditions de tests standards. Il détecte automatiquement les particules spectrales et les âmes éthérées dans l’air, les capture à quatre-vingt dix neuf pourcent, même les ultra-fines, et les diffuse dans l’air à l’aide de la technologie des anneaux Richmond. L’attracteur de Rose Street est le seul à avoir été conçu et testé pour accomplir le réveil de vos proches passés dans l’au-delà…

Alors, prêt pour ces rencontres étranges ?…

Un aliéniste très loin du Lieutenant Ripley

Oui, je préfère le préciser. Un aliéniste n’est pas un chasseur d’Alien, prêt à en découdre avec une bestiole baveuse et dangereuse. Dans cette Londres de la fin XIX° siècle, Samuel Prothéro, notre aliéniste, chasse des démons et autres aberrations naturelles, mais celles de l’esprit et non quelques extra-terrestres méchamment remontés. Dans la ligne de Freud, il s’occupe de soigner les âmes de ses patients, aliénés par un traumatisme ou une maladie.

Nouvellement installé dans la capitale, ce jeune psy adhère au Club des Inventeurs pour grossir les rangs de sa clientèle. Au bout de quelque temps, sa stratégie semble payante, un des inventeurs, M. Richmond, lui commande ses services dans un cas très particulier, doublant au passage ses honoraires. Il doit éclaircir le comportement de la sœur de ce dernier, décédée il y a quelques temps…

Un huis-clos qui file le frisson

Ce n’est qu’une fois dans la maison de Rose Street, un quartier sulfureux de Londres que la mission est dévoilée à l’aliéniste. Entouré d’âmes éthérées et de jeunes femmes bien vivantes, Samuel va tenter d’élucider la mort de Christine, et de résoudre le puzzle psychologique que lui présente les vivants et la morte.

Lucius Shepard utilise l’espace clos de cette demeure de Rose Street pour alourdir une ambiance déjà dense. La promiscuité des revenants, leurs apparitions nombreuses, le bourdonnement des machines; tout cet ensemble participe à l’immersion de plus en plus profonde dans ce conte assez macabre et oppressant. Surtout qu’au-delà de l’aspect purement fantastique se greffe une dimension psychologique tout aussi lourde et appuyée.

L’angoisse sera encore plus tenace si vous lisez la nuit à la flamme d’une bougie; la danse de la lumière venant parachever l’esquisse de l’auteur sur les diverses apparitions, notamment celle d’un être noir qui ne semble pas animé des meilleures dispositions.

Des personnages tordus

Hormis notre brave et naïf Samuel, tous les autres personnages sont plus ou moins tordus, vivant ou mort inclus. Soit la vie s’est chargée de leur faire subir un apprentissage assez coriace, effaçant leurs illusions à la lessive St marc et l’éponge à récurer, soit, psychologiquement, un truc cloche. Dans tous les cas, peu à peu l’auteur lève le voile sur les mystères demeurant à Rose Street, transférant cette lucidité dans le regard du jeune aliéniste…

Pour tout dire, je n’ai pas réellement accroché à cette novella de Lucius Shepard. Les histoires de fantômes sont un peu trop hard-core pour ma suspension d’incrédulité. Ce n’est pas que j’y soit hermétique, mais, je préfère quand l’auteur épouse franchement le fantastique ou quand il navigue directement sur le registre de l’angoisse ou de l’horrifique. Dans Les Attracteurs de Rose Street, ce n’est pas assez tranché pour mon goût – ou ne l’ai-je pas assez ressenti (Je sais que je vais à contre courant de certains retours beaucoup plus emballés que le mien). La nature de la relation se devine trop vite, tout comme certains autres éléments que je ne dévoilerai pas. Et malgré une impression mitigée quand à l’histoire, l’auteur est parvenu à m’intéresser jusqu’au bout de son récit.

En revanche, la fin est parfaite et achève cette lecture sur une très bonne note, pour donner une conclusion à cette aventure en harmonie avec les personnages et le déroulement de l’histoire.

A noter la superbe couverture d’Aurélien Police, tout autant que la traduction de JD Bréque.

Les Attracteurs de Rose Street de Lucius Shepard se joue sur un huis-clos tout aussi psychologique qu’éthéré. Ce n’était pas une excellente pioche pour ma part, n’étant pas fan des histoire de fantômes, mais la novella possède de nombreux atouts pour séduire son public.

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez les atmosphères victoriennes
  • vous êtes amateur d’ectoplasmes
je vous le déconseille si :
  • Les poils de votre nuque se dressent à la lecture de cette chronique
  • Vous êtes claustrophobe
Autres critiques :

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47 réflexions sur “Les Attracteurs de Rose Street – Lucius Shepard

  1. Ce livre m’avait fait de l’oeil lors des premières infos divulguées, la critique de FeydRautha et la tienne me disent de m’en tenir à l’écart.
    Et je pense que la dimension psy va vite me saouler, n’étant pas très freud compatible.
    Merci de l’avoir lu et chroniqué avent que je passe au tiroir caisse.

    HS : je t’avais envoyé un mail il y a une semaine, tu l’as reçu ?

    Aimé par 1 personne

    • Oui, c’est vrai que ce n’est pas forcément une novella dans laquelle je te vois t’éclater. ET comme le dimension psy est importante,…

      HS : ma BL a été saturé pendant un temps, assaillie de spam, le temps que je m’en aperçoive, ton mail a du arriver pendant la période de blocage. Il vaut mieux que tu le renvoie. Ou alors à lutin82@orange.fr, qui a bien plus d’espace.

      J’aime

  2. […] Prise dans l’histoire, c’est presque à regret que j’ai tourné la dernière page de Rose et le masque vénitien. Dans ce tome, on semble se rapprocher de la vérité concernant Rose et son héritage familial dont elle ignore tout. J’ai ensuite attaqué Déracinée en lecture commune avec Loetitia du blog Albédo. […]

    Aimé par 1 personne

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