Bifrost 92 – Theodore Sturgeon

 

L’élément -…- avait été conçu dans le but unique d’adapter pleinement son hôte à son environnement, afin de susciter en lui cette harmonie cardinale qu’on appelle… la joie. Theodore Sturgeon

La Joie = Laetitia en latin… 😉

 

Theodore Strugeon est un auteur américain connu et reconnu dans nos contrées, essentiellement lors de la seconde partie du XX° siècle. Connaissant la réticence de l’édition française relative aux auteurs d’outre-Atlantique, l’abondance des publications pourrait surprendre, sans doute le qualificatif humaniste associé à ses textes y est-il pour beaucoup. Malgré tout, je l’ai peu lu. Vraiment peu lu. Un ou deux bouquins dans mon adolescence, dénichés chez un bouquiniste, puis le néant. Pour cause, je n’avais accroché ni à son style, ni à ses histoires. Inutile de me demander de quoi elles causaient, mon cerveau a fait un reset complet.

La lecture de ce Bifrost N°92 aura eu le grand mérite de m’éclairer sur mon désamour personnel, se résumant à deux facteurs majeur : une traduction au marteau-piqueur et un manque de maturité évident. Mais, la revue va plus loin, …

Au sommaire de Bifrost 92

4 nouvelles

  • Tandy et le brownie de Sturgeon
  • Brumes fantômes de Di Rollo
  • Aux portes de Lanvil de Roch
  • L’homme qui a perdu la mer de Sturgeon

Carnet de bord

  • Ballades sur l’arc
  • Paroles de bibliothécaires

Dossier Theodore Sturgeon

  • Le théâtre d’une vie
  • Theodore Stugeon, conteur
  • Le splendide aliéné
  • La forme courte : l’essence de l’art
  • Bibliographie

Scienti-fiction

blabla

Les 4 nouvelles

Tandy et le brownie de Sturgeon

Tandy est une petite fille au tempérament trempé, la contradiction chevillée au corps, se démarquant de ses camarades de jeux par une indépendance certaine. Les résultats scolaires sont médiocres, mais logiques lorsque le lecteur s’aperçoit que la forte de tête est réticente par « principe » à l’obéissance. Les parents sont assez perplexes lorsqu’elle se prend de passion pour un pantin, brownie, et montre une attitude concentrée, réfléchie et calme.

Dans l’espace quelques cellules évoluent…

Tandy est une des filles de l’auteur, l’amour paternel transpire dans chacune des lettres. Outre, l’aspect Sf amené tout en douceur et élégance, Sturgeon se saisit des codes de l’enfance, du regard des parents sur leur progéniture pour construire un texte tout aussi rayonnant qu’émouvant. Une nouvelle parfaite pour découvrir aussi bien l’homme que l’auteur.

Brumes fantômes de Di Rollo

Bersekker, un tueur possède non seulement la tête de l’emploi, mais également la tenue, tout de noir vêtu, avec en touche finale, un bras squelettique. Ce n’est pas une figure de style, son bras est en os. Imaginez, c’est une vision assez flippante. Bref, ce type débarque sur son île natale, pour un voyage expiatoire.

Le format court avec Thierry Di Rollo me parle toujours, et cette nouvelle ne fait pas exception. La mort rode dans ces pages, comme bien souvent chez cet auteur, mais ce n’est ni lugubre, ni pesant, ni mortel… Brumes fantômes me fait penser au Paradoxe de Grinn que j’avais adoré. ET j’adore une fois encore.

Aux portes de Lanvil de Roch

Joge-O et le docteur Ignace ont fait naufrage. Et non, tout ne baigne pas.

Pas une nouvelle qui m’a enthousiasmée…

L’homme qui a perdu la mer de Sturgeon

Un homme est mal en point sur une plage. Tandis que des souvenirs de plongées précédentes le bercent, le leurré lecteur s’interroge sur les symptômes qu’il développe. Entre hallucinations auditives et visuelles, confusion mentale, le diagnostic semble pencher vers l’amorexie liée à un accident de plongée. Un détail ne cadre pas: l’homme est vêtu d’un scaphandre.

Il s’agit d’une belle nouvelle, poignante, très bien agencée et qui surfe avec le fantastique avant de révéler ses véritables atours de SF. La narration à la deuxième personne renforce l’immersion (trop facile…) et permet de participer à l’aventure. La chute est loin d’être triste, et je me suis surprise à exulter comme cet inconnu pris de nausées.

Carnet de bord

Le présent Bifrost présente 32 critiques de livres, essentiellement de la SF. J’ai pu dénicher :

  • Uter Pandragon qui semble taillé pour les lutins.
  • Hier les oiseaux est extrêmement prometteur, sur le papier.

Dans la liste, 4 sont déjà lus, 5 sont déjà dans ma PAL, et un dans ma Wish. Il y en aurait bien trois de plus, mais mon porte-feuille n’étant pas un sac magique sans fond et inépuisable… je verrai ce que donneront les retours des copains. Comme d’habitude des critiques sont assez acérées, mais j’ai trouvé que globalement le croc n’était si mordant.

Ce n’est pas le cas du côté revue, qui se font dézinguées comme d’hab. 😉

Parole de Bibliothécaires.

Une interview intéressante, surtout quand celles-ci aiment autant la SFFF. Ce n’est pas totalement une surprise, la blogosphère est en partie composée de bibliothécaires. Ces derniers nous livrent de temps à autres  quelques pans obscurs de leur métier et nous narrent quelques anecdotes.

Dossier Theodore Sturgeon

  • Le théâtre d’une vie par Francis Valery

L’article retrace la vie et la carrière de Sturgeon, en mentionnant ses œuvres les plus marquantes. Nous apprenons – sauf si vous êtes un amateur très éclairé ou un fan – que l’auteur a traversé plusieurs crises sur le plan personnel qui se sont répercutées sur son processus d’écriture. Ainsi, est-ce l’occasion de découvrir l’écrivain de talent, un maître du format court, un auteur bousculé régulièrement par l’homme.

  • Theodore Stugeon, conteur par Paul Williams

Si vous entreprenez la lecture de ce deuxième article à la suite du précédent, et sans marquer un pause quelconque vous pourriez avoir une impression de redondance, car les deux se recoupent régulièrement tant dans leur propos que dans les textes phares mis en avant.

Mais, ce serait injuste de ne cantonner l’un ou l’autre qu’à un rôle dans la redite. En effet, Paul Williams qui a côtoyé l’auteur américain nous délivre un témoignage plus proche de l’homme lui-même, plus intime et personnel. L’admiration est perceptible et pour nous, c’est un petit cadeau en soi.

  • Le splendide aliéné par Gérard Klein

M. Klein nous présente et analyse longuement deux romans phares, classés comme des chefs d’œuvre : Les plus qu’humains et Cristal qui songe. Deux textes manifestement forts et incontournables. A l’issue de l’article, je suis certaine que vous souhaiterez les lire à votre tour!

  • La forme courte : l’essence de l’art par Philippe Boulier

A l’issue des deux premiers articles, il ne fait aucun doute, que Théodore Sturgeon verse dans l’excellence, voire l’exceptionnel et même le génie à l’occasion dans le format court (pas mon choix de cœur, hein).  Philippe Boulier permet de faire le tri parmi les 160 nouvelles écrites, et notamment d’éventuellement choisir un recueil taillé pour vous, et même tous si vous tombez sous le charme de ce conteur hors pair.

J’ai jeté mon dévolu sur le Livre d’or qui me parâit être une bonne porte d’entrée, et éventuellement le recueil L’homme qui a perdu la mer,… en raison de la nouvelle présente dans les pages de ma revue fétiche.

Le seul hic dans l’ensemble de ces projets ne se résume pas à la disponibilité des divers livres qui pourraient nous titiller les papilles salivaires, mais à la qualité de la traduction, un fait très dommageable pour un auteur qui semble (d’après ce numéro) justement faire preuve de finesse. Et ce n’est pas avec une masse que l’on eut faire de l’horlogerie.

  • Bibliographie

Du travail de pro (et de pioche)

Scienti-fiction

L’astrolinguistique est passée à la moulinette, et comme toujours c’est un vrai régal, d’autant que le Paradoxe de fermi et l’équation de Drake y sont abordés!

blabla :

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Brumes fantômes, de Di Rollo

Comment s’est là-haut d’Ed Hamilton

Bifrost n° 92, spécial Theodore Sturgeon nous propose de découvrir plus qu’un auteur, avec l’homme, le père de famille, têtu parfois, un peu étrange régulièrement. Il consacra l’essentiel de ses forces créatives au format court pour nous offrir des petites merveilles de SF. Écrivain sensible à la plume raffinée, impossible de pas vouloir ouvrir un de ses textes à l’issue de ce numéro.

Autres critiques :

Xapur

21 réflexions sur “Bifrost 92 – Theodore Sturgeon

    • oui, c’était également mon cas. J’ai beaucoup aimé les deux nouvelles. Et dans le désamour, je me demande si la traduction souvent très moyenne n’a pas énormément influencé notre mauvaise perception…

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  1. Aïe, comme je ne suis pas chez moi en ce moment, il doit m’attendre dans ma boîte aux lettres ! Sturgeon et moi c’est, de mon côté, une vieille histoire d’amour car j’avais lu et beaucoup aimé, adolescente, « Cristal qui songe » et « Les plus qu’humains », relus il y a peu et je n’ai pas été déçue. Inutile de te dire, donc, que ce Bifrost sera tout à fait à mon goût 🙂 !

    Aimé par 1 personne

  2. Toujours pas commencé ma lecture de ce numéro. En même temps, je ne crois pas avoir vu passer la version électronique.
    En tout cas, tu m’ouvres l’appétit. Cela fait quelques temps que je me dis de lire Les plus qu’humains et Cristal qui songe, ce dossier me dira si je passe le pas.

    Pour le prix des lecteurs de Bifrost, Comment s’est là-haut d’Ed Hamilton a aussi ma préférence. Pour le texte français, on verra plus tard.

    Continue de saloper tes bifrosts, cela me manque depuis que je lis en numérique de ne plus annoter (je n’utilisais qu’une couleur cependant), alors j’ai l’impression de continuer à le faire par procuration

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    • Le 12 novembre pour la version numérique.

      Je pense que tu seras vraiment tenté par Sturgeon, en revanche, faudra trouver une bonne version avec une trad potable.

      Comment s’est là-haut je m’en souviens encore, comme si je l’avais lu hier. Pour moi, c’est un signe qui ne trompe pas.

      Je vais continuer, je penserai à toi en le faisant. 🙂

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