Une cosmologie de monstres – Shaun Hamill

Albin Michel Imaginaire

Pour cette chronique, je relève le défi posé par Orion : publier un article de 3000 caractères maximum.

Dans ce roman de Shaun Hamill, Noah Turner nous conte le récit de sa vie. Commune au demeurant, elle présente quelques particularités : Noah voit des monstres dont un, en particulier, ne lui laissant aucun répit nocturne. Tout ceci prend son origine dans l’histoire familiale. Dès la rencontre entre ses parents, les faits se sont dirigés vers cette altération des sens… à tel point que la réalité même doive être remise en cause.

Certes son père présenta d’emblée une appétence sérieuse pour les récits du sieur Lovecraft, et sa mère vouée à une existence monotone dans un mariage commode ne demanda qu’à échapper à un destin morose. La rencontre de ces deux-là, qui devait faire long-feu, déboucha sur une couvée encore plus prégnante : Noah et ses visions dérangeantes…

Un registre en peine

Le fantastique horrifique est un registre qui peine à me séduire. Le frisson d’angoisse fonctionne rarement et la suspension d’incrédulité n’opère guère davantage. Un comble alors que dragons, elfes et aliens me convainquent! C’est justement ce jeu reposant sur l’incertitude quant à la réalité qui exige un équilibre parfait pour que j’y adhère.

Dans le cas d’Une cosmologie de monstres, les séquences « cauchemars » n’affichent pas la subtilité qui me sied, l’auteur prenant franchement pied dans le domaine angoissant : un baiser qui tourne soudainement à la léchouille de cafards, l’assaut d’une compagnie de nouveaux-nés ripaillant de tripes et de l’effroi de leur « mère ». Pourtant, d’autres scènes sont tout à fait convaincantes et bien menées telle celle dans la maison hantée.

Certains passages semblent prendre place dans cet univers dans le but de choquer, de réveiller l’enfant apeuré en nous, de filer des frissons de frousse et d’horreur. Juste ça. D’autres diffusent une angoisse rampante, efficace, moins frontale mais épousant davantage le récit, malmenant les personnages.

Une Lovecrafterie supplémentaire ?

Même si je ne suis guère convaincue par l’ambiance et une subtilité modérée dans l’horreur, j’ai été séduite par le tableau familial proposé par Shaun Hamill.

Malgré leurs torments psychologiques, les protagonistes – Noah surtout – nous communiquent aisément les affres qu’ils vivent. Ils sont convaincants aussi bien dans leur quotidien fait de routine, de rencontres amoureuses, de choix, que dans leur gestion de l’indicible, de leurs cauchemars personnels. En sus, Shaun décrit un paysage loin des gratte-ciels, dans l’arrière pays similaires aux villes moyennes de la vieille Europe.

La comparaison avec les textes de Lovecraft revient régulièrement. Or, la prose est diamétralement opposée à la sienne, plus simple, directe, limpide. Les personnages sont des gens ordinaires dans une Amérique profonde, tenant davantage de King que de Lovecraft. Et, c’est vraiment vers le Roi du Fantastique que Shaun Hamill lorgne avec Une Cosmologie de Montres, peut-être à son corps défendant… Toutefois, le contre-pied à Lovecraft est totalement perceptible, tout comme l’hommage à un fondateur du genre.

Une Cosmologie de Monstres est un roman de veine horrifique qui procura des sensations fortes à l’amateur en recherche de frissons. Le texte s’approche d’un King avec sa description de l’Amérique et ses personnages ordiranires. Un meilleur équilibre dans les scènes d’horreur aurait été un gros plus.

Au final, je ne suis pas le public adéquat.

Ce récit est pour vous si :
  • vous recherchez des frissons
  • vous souhaitez découvrir des héros ordinaires
  • vous aimez les contre-pieds à Lovecraft
je vous le déconseille si :
  • des cafards!!!!!!! AU secours!
  • vous ne supportez pas les Lovecrafteries, il n’y a qu’un seul Maître!
  • vous voulez de l’horreur gore, du sang et des tripes!

 

Autres critiques :

Chut Maman!ApophisGromovar – Orion _ Célindanaé YuyineXapurChien critiqueBoudiccaSymphonie

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Orion, j’ai presque réussi! (32 caractères en trop)  😉

32 réflexions sur “Une cosmologie de monstres – Shaun Hamill

  1. Je découvre ton blog et je me suis plongée il y a peu dans le fantastique et l’horreur. Ma Fantasy je n’y suis pas encore totalement prête.
    Je suis moins exigeante que toi sur les travers que tu as relevé parce que nouvelle dans ce genre. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ta chronique et tes arguments.
    Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce roman dans son aspect conte fantastique et son côté philosophique.
    À bientôt !

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  2. Moi j’ai beaucoup aimé ce roman même s’il n’a pas vraiment correspondu à ce que j’attendais. Je pensais avoir à faire en effet à de l’horreur et à du frisson mais j’ai été plutôt déçu sur ce point. Comme toi j’ai trouvé ces scènes manquaient de subtilité pour vraiment « faire peur ». Par contre j’ai adoré tout le reste, le côté roman familiale, la recherche (et la compréhension) du pourquoi le mal-être dans cette famille, etc., jusqu’à cette histoire d’amour particulière. J’ai trouvé que l’auteur, vers la fin, s’est un peu trop pressé, faisant défiler les années en quelques pages pour arriver là où il voulait. Mais bon, peut-être vaut-il mieux cela qu’une pesanteur inutile. Enfin l’ambiance de fin m’a vraiment beaucoup plus et m’a même rappelé des scènes des films du type *Insidious*.

    Bref, je ne pense pas que ce soit un vrai « roman à faire peur » comme le vend la maison d’édition, mais il a une ambiance sombre qui est tout à fait plaisante et une histoire clairement prenante pour moi.

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    • Effectivement, ce n’est pas assez « rampant » comme angoisse pour faire peur, trop direct sans doute, et afficher une ambiance sombre aurait peut-être jouer en sa faveur question attente.
      C’est l’aspect familial qui m’a fait lire jusqu’au bout, car j’aimais bien. Il est vrai que la fin sent la précipitation.

      Ah! je n’aime pas les films « insidious », je fais des cauchemars en suite! 😉

      Il me manquait de la subtilité pour être totalement séduite.
      Initialement, je ne souhaitais pas le lire ce roman, car je ne le pensais pas pour moi. J’ai été convaincue par les divers retours très positifs de tenter le coup,… Or, il n’est pas pour moi. 😉

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  3. Oh que j’aime ta phrase « un baiser qui tourne soudainement à la léchouille de cafards » 😀 Si le malaise a pu parfois m’atteindre, je suis très loin d’avoir ressenti de la peur. Ce qui m’a le plus plu, c’est la rencontre de deux parents, le reste m’est apparu bien trop creux pour que j’y adhère vraiment.

    Aimé par 2 personnes

  4. C’est marrant parce qu’on ne l’a pas du tout vécu pareil. Déjà moi je ne le conseillerai pas à des personnes qui recherche le frisson car je trouve que ça ne fait absolument pas peur, et que ce n’est même pas vraiment horrifique. J’ai mis du temps à rentrer dedans mais ensuite j’ai été totalement conquise par une histoire que j’ai trouvé surtout émouvante 🙂

    Aimé par 2 personnes

    • C’est sans doute fonction des sensibilités. Je trouve qu’il ne fait pas peur, comme de nombreux romans avec l’étiquette horreur, pourtant des lecteurs éprouvent ces frissons.
      Sans doute, cette absence de frayeur participe à ma déception.
      L’aspect familial est le coeur du roman, et la raison pour laquelle je l’ai lu jusqu’au bout! 😉

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