Les Flammes de l’Empire – John Scalzi

L’Interdépendance, tome 2

L’Atalante

Les Flammes de L’Empire est le deuxième tome d’une trilogie de space-opera intitulée L’interdépendance. Fidèle à ses habitudes, John Scalzi nous délivre un roman pétillant au timing soigné qui se lit avec grand plaisir.  Et ce deuxième opus est sans doute meilleur que le premier, avec un twist qui enrichit l’univers et le fond du récit.

« C’était donc vrai : un premier courant du Flux vient de s’effondrer ; d’autres suivront. Ces couloirs de voyage interstellaire qui irriguent l’Interdépendance, l’empire de l’humanité, sont appelés à disparaître l’un après l’autre, entraînant la sclérose et la mort des colonies humaines isolées, privées de ressources. Passe qu’il reste des sceptiques pour ergoter, mais les dignitaires aux dents longues des grandes maisons commerciales trouvent là encore matière à comploter, et ce ne sont ni l’assassinat ni la guerre civile qui les arrêteront dans leur soif de pouvoir. Dans ce contexte, la jeune emperox Griselda II paraît bien vulnérable. Qui est l’ami, qui l’ennemi ? Mais à Machiavel Machiavel et demie… »

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Un petit rappel sur l’univers de L’interdépendance

L’Empire s’est étendu pendant plusieurs siècles depuis la Terre. L’homme a pu se répandre parmi les étoiles grâce à la découverte du Flux qui a grandement rapproché les astres les uns des autres. Ce phénomène semble suivre la structure que donne l’énergie noire à l’univers, et créer des trous de ver que les vaisseaux peuvent emprunter, en ciblant des « grèves » qui s’ouvrent sur les voies de navigations.  Il y a 1000 ans, le Flux s’est modifié et le contact avec la Terre s’est évanoui, tout comme avec une autre planète, deux ou trois cent ans plus tard. Cette modification brutale a transformé ces flux d’énergie, avec des voies qui se croisent notamment, en un lieu crucial, la station spatiale dénommée Centralie, siège de l’Empire.

C’est avec ce basculement du centre décisionnel de la Terre vers The Hub, que le fonctionnement de l’Empire s’est figé dans un système fédéral impérial, basé sur la puissance économique des monopoles.

Les cartes furent donc distribuées en fonction des différentes corporations, de leur aura ainsi que de leur santé financière, et ce quelque soit le domaine : agrumes, vins, textile,…  Qui dit compagnie commerciale, implique une famille à la tête de cette dernière, répandue à divers niveaux de l’énorme structure : esprit de corps, vie tournée autour de cette patente et de la flotte de vaisseaux. Cet univers n’est pas sans me rappeler celui de C.J. Cherryh avec son cycle Union-Alliance (La forteresse des étoiles, l’opéra de l’espace).

Le Flux semble éternel comme l’Univers. Le Flux, comme l’Univers est sujet à l’entropie; d’une stabilité apparente à l’échelle d’une vie humaine, mais dans une mouvance constante dans le référentiel cosmique. Ce Flux permet des voyages plus rapides que la lumière entre les différentes planètes et stations spatiales de l’Empire. Or, un scientique, proche du précédent Emperox a détecté de subtiles et sensibles variations dans ces voies de navigation. Les conclusions sont sans appel : le Flux s’effondre.

Ma chronique sur le tome 1 : L’Effondrement de l’Empire.

Les femmes  au centre de l’intrigue

L’Empire subit une crise sans précédent.  l’Emperox, jeune femme destinée à tout autre chose, n’inspire ni la confiance, ni la loyauté d’un appareil imbu de son importance et bouffi de certitudes. Ils se gaussent des annonces de leur souveraine, moquent ses efforts pour préserver l’avenir de tous, tournent en ridicule ses directives. Ils vont bien au-delà puisqu’ils souhaitent se débarrasser de Griselda pour maintenir un statut-quo profitable aux grandes Maisons. Au sein même de sa famille, les Wu, la dissension et la trahison font le lit (volontaire) des Nohamapetan. Encore.

Or, notre jeune héroïne apprend vite, très vite, et malgré son inexpérience, le lecteur découvre une femme pleine de ressource, vive d’esprit, déterminée, et surtout implacable. Elle a assez de finesse d’esprit pour jouer dans cette cour, malgré une franchise qui pourrait lui jouer des tours et elle commet encore quelques bévues qui pourraient lui coûter cher…

Elle se voit épauler par Lady Kiva de Lagos, toujours aussi gouleyante, urticante pour la comtesse Nohamapetan, et diaboliquement futée. cette dernière envoie du bois! La langue verbeuse, vigoureuse et vulgaire, elle ne passe pas inaperçue, surtout qu’elle consomme la gente masculine et féminine à toute heure du jour ou de la nuit.

Autre soutien de choix pour Griselda, Marce est de la partie ainsi que la ribambelle des emperox qui lui ont précédé sous forme de IA.

En revanche, l’Église de L’interdépendance, dont elle est la figure de proue, brille par son inanité et son inaction…. De quel côté penchera celle-ci ? Une incertitude qui pourrait lui valoir quelques migraines.

D’essence essentiellement politique, l’intrigue ne se cantonne pas à des trahisons, des discours, des dialogues à couteaux rompus ou des manipulations de cours.  Les lecteurs  savoureront des affrontements dans l’espace, de l’exploration d’OVNI et des rencontres étranges.  Les péripéties dans cet environnement inhospitalier corsent encore plus le sentiment de danger et la tension qui naissent au fil des pages.

Scalzi ouvre le champ du possible

En effet, de tierces découvertes infirment, en partie, la théorie et les spéculations des Claremont (les scientifiques à l’origine de l’effondrement du Flux). Marce n’a pas tout à fait raison. Certes les courants actuels su Flux s’effondrent, mais d’autres nouveaux ou bien plus anciens s’ouvrent…. Encore très instables, ils pourraient redessiner la carte de l’Interdépendance. Toujours est-il qu’une opportunité s’ouvre à cette humanité,…. Le danger guète, la tâche ne sera pas aisée.

Ainsi, Scalzi déplace-t-il son intrigue loin de l’habitat impérial, loin du centre décisionnaire, pour une mission périlleuse, riche d’enseignements, de découvertes et de twists. Un pari payant pour l’auteur qui charme son lectorat avec cette trame inattendue.

Une écriture au diapason du rythme

Les deux sont parfaitement associés, surtout avec une plume conjuguée avec humour et dérision. L’écriture est toujours aussi ciselée et directe, adaptée au rythme enlevé de cette partition. La traduction de M. Cambon rend parfaitement l’ambiance et cette faculté de l’auteur à nous faire sourire, rire d’un bon mot ou d’une situation pittoresque.

Les Flammes de l’Empire offre du très bon Scalzi. Sous couvert d’un récit fun, il glisse un fond tout autant intéressant, que ce soit sur la spéculation économique, l’avenir de l’humanité, les enjeux environnementaux ou encore un fort message féministe.

Ce tome n’est pas dénué de petits défauts, le discours de notre Emperox tombe un peu à plat, et donne un petit sentiment de deus ex-machina. Les antagonistes manquent un chouïa de charpente pour vraiment séduire le lecteur. Mais, j’avoue que je fais la fine bouche.

Les Flammes de l’Empire, deuxième tome de L’interdépendance,  embarque le lecteur à son corps défendant : une fois le premier chapitre avalé, impossible de lâcher le roman. Il s’agit d’un Scalzi de très bon cru, qui allie le fun et le fond, pour une danse endiablée au milieu des étoiles, alors ne boudez pas votre plaisir.

Attention : Hautement addictif!

Ce livre est pour vous si :
  • vous êtes fan de Scalzi, évidemment
  • vous aimez les space-op intelligents et funs qui ne renient pas le fond
  • vous voulez des femmes au cœur de l’action
Je vous le déconseille si :
  • vous êtes un misogyne reconnu
  • Vous n’accrochez pas à la théorie des trous de ver
  • si vous n’aimez pas l’humour de Scalzi
Autres critiques :

OrionBibliosanctumMon Troll

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Autres tomes :

  1. L’Effondrement de l’Empire
  2. Les Flammes de l’Empire
  3. Le Dernier Emperox

17 réflexions sur “Les Flammes de l’Empire – John Scalzi

  1. Je n’ai pas encore trop lu ta chronioque vu que je compte le lire bientôt.
    J’espère que ça me plaira parce que si j’ai bien aimé le premier je trouve qu’il lui manquait des thèmes importants comme dans les autres livres de l’auteur. Un petit plus quoi.

    Mais peut être qu’il est dans ce tome ci 🙂

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