Le Janissaire – Olivier Berenval

Mnémos

Lorsqu’il débarque sur Khataï, une planète perdue au bout de l’univers, pour enquêter sur l’assassinat d’un haut dignitaire, le janissaire Kimsè ne doute pas un instant qu’il élucidera cette affaire : surentraînés, son corps et son esprit ont été modifiés pour faire de lui l’élite des investigateurs.
Mais alors qu’il progresse dans une enquête aux détails de plus en plus troublants, il prend conscience que Khataï est bien davantage qu’un simple rocher ocre : c’est un monde où grondent les légendes, où il se pourrait que l’on croit à la magie, et où une rumeur insaisissable, à peine perceptible, monte

Quelles saveurs pour l’univers de ce Janissaire ?

Le Janissaire se remarque par une couverture réussie et alléchante qui marque son territoire. Les contrées visitées évoquent le dépaysement complet, l’immense « truc » (un effet artistique, je sais, j’aime imaginer un truc ou turc) en surplomb traversé par un engin volant place l’histoire dans la SF, à n’en pas douter et enfin, le personnage armé promet quelques échauffourées. Forcément, une telle illustration ne pouvait qu’attirer mon œil, séduit par celle-ci et par les coloris tirant vers la sanguine.

Il y a aussi, ce titre, Le Janissaire. Un titre qui anime souvenirs et émotions de lectures, liés à Lamartine, Guy Gavriel Kay ou encore Alexandre Dumas. Dans un registre plus humoristique, j’ai aussi de Cape et de Crocs qui fait la part belle au secret du Janissaire!

Or, les janissaires sont avant tout autre considération, une troupe d’élite turque, redoutable, composée de jeunes enfants chrétiens enlevés lors de raids durant 5 siècles autour de la Mer Méditérannée.

Vous comprenez que cet ensemble alliant notions historiques, une illustration au top, ainsi qu’un résumé attirant ne peut qu’enflammer mon imagination et doper mes attentes. Un ordre quasiment prétorien, mis en scène dans un roman de science-fiction… c’est franchement excitant !

Hélas! La proposition d’Oliver Berenval ne comble pas mes attentes en la matière. Certes, je n’ai pas lu Nemrod qui brosse un tableau bien plus complet de cet univers. Cependant, je n’ai pas pu me départir d’une impression de thème plaqué sur la planète Khataï, car les saveurs ottomanes sont plutôt légères. Tout comme, Kimsé, Janissaire de son état, qui porte ce titre sans qu’il n’ait réellement une consistance vaguement historique. Toutefois, il s’agit d’un membre d’une élite redoutée, à juste titre dans ce roman, efficace et concentré à l’extrême sur sa mission.

Pour autant, cette planète n’est pas dénuée de charme et d’intérêt. Les paysages sont exotiques, l’aridité se sent à travers les pages tout comme la précarité de ce monde à la limite de l’empire, au bord du néant de l’univers. Chamarré et presque entêtant!

Un personnage principal peu sympathique

Kimsé n’attire pas la sympathie, surtout lorsqu’il frappe facilement, femmes et enfants, pour des manquements parfois plus que légers. Il est acquis entièrement à sa cause, psychorigide, et sans aucune chaleur. Sa relation professionnelle avec Creek possédait la capacité à le ou les faire évoluer, et proposer un personnage, puis un duo moins monolithique. Ce n’est pas le cas, chacun reste campé sur sa position.

J’avoue une double déception. Un tel titre est lourd d’évocations. La planète éloignée de son système central, esseulée au bord de l’univers peut avoir adoptée des coutumes propres, expliquant la faible pénétration d’une quelconque culture turque. En revanche, Kimsé est un janissaire, nous nous attendons à un « parfum » ottoman assumé. Que néni!

A cela s’ajoute le tempérament de cet enquêteur, et l’incapacité des uns et des autres à évoluer dans un sens ou dans l’autre. Cet immobilisme ne permet donc pas de passer outre ma déception « ottomane ».

Un enquête qui cède le pas à un souffle de liberté

L’enquête peine à rester captivante, jusqu’au rebondissement en milieu de roman. Dès le début, nous sentons que ce monde se dissocie peu à peu de son échelon central, qu’il y a un vent de rébellion qui souffle sournoisement, et sans doute, le meurtre de l’envoyé impérial n’est-il qu’une pierre jetée à l’édifice. Kimsé creuse dans cette direction, puis les événements s’emballent. Le roman gagne alors en intensité et en intérêt… jusqu’à son dénouement.

Le Janissaire est un roman de SF qui ravira les amateurs de mondes exotiques au bord de l’implosion.

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez les mondes arides et exotiques
  • vous laissez les relations au second plan
Je vous le déconseille si :
  • Si vous attendez un roman à forte ambiance ottomane
  • Un monde aride ? Dune ?

Autres critiques :

XapurApophisMon Troll qui m’a offert le romanChut! Maman litLe Bibliocosme

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

Envie de soutenir le blog ? Vous pouvez le faire en passant par le lien en dessous (pas de frais supplémentaire!).

Le Janissaire

12 réflexions sur “Le Janissaire – Olivier Berenval

  1. C’est marrant parce que quand on évoque le terme de Janissaire et ce qu’il évoque j’avoue que « aride » « psychorigide » « rudesse » « endoctrinement » sont parmi les premiers mots qui me viennent à l’esprit.
    Du coup sur ce point ça semble plutôt bien réussi dans l’esprit.

    Ça n’en fait pas des personnages particulièrement sympathique à suivre, on est d’accord.

    Je ne pense pas que ce livre soit pour moi, mais de toute façon je n’avais jamais été tenté de le mettre en wishlist, et ta déception confirme mon impression de départ.

    Bonne prochaine lecture !

    Aimé par 1 personne

    • Sur le point psychologique, cela peut cocher des cases, comme beaucoup de cas similaires. Il me manque le particularités qui les démarquent les uns des autres. C’est son universalisme qui ne me satisfait pas.

      Pas fait pour toi, je te le confirme.

      J’aime

Répondre à Le Janissaire – Olivier Bérenval – Les Lectures de Xapur Annuler la réponse.