Ramsès II – Christian Jacq

Vous m’avez signalée à maintes reprises que mon blog devait – éventuellement – faire part de mes lectures autres que la SFFF. J’ai hésité un bon moment, car ma ligne « éditoriale » reste essentiellement axée sur mon genre littéraire de prédilection. Pourtant avec la série des Ramsès, je ne déroge pas à ma propre règle. Nous ne sommes pas dans le pur roman historique fidèle aux faits et aux personnages d’alors, comme nous le verrons ultérieurement. En effet, la présence d’une dimension spirituelle et mystique ne s’expliquant qu’au travers d’un prisme magique impose naturellement la saga Ramsès II dans ces pages.

Ce pharaon est sans doute aussi célèbre que Toutankhamon, passé à la postérité en raison du fabuleux trésor découvert dans sa pyramide tombale. A l’opposé, Ramsés II incarne l’éclat et la puissance de la civilisation pharaonique.

Fils du soleil et du dieu vivant, il a régné pendant plus de soixante ans et porté l’Égypte à un degré de grandeur jamais atteint dans l’Histoire.

« Pour l’heure, l’enfant-dieu n’a que quatorze ans. Comment succédera-t-il au pharaon Séthi, son père? Quelles seront les étapes surprenantes de son initiation secrète ? Saura-t-il choisir entre Iset la Belle et la mystérieuse Néfertari ? Dans sa marche vers le trône, Ramsès ne peut compter que sur de rares amis : Améni, le scribe, Sétaou, le charmeur de serpents, et Moïse, son condisciple hébreu.« 

Une vie s’étendant sur 5 tomes

Au cours des 5 tomes que comporte cette saga, le lecteur est invité à suivre l’adolescent, puis l’homme qui deviendra un des plus fameux personnages de l’Égypte.

Le Fils de la Lumière s’occupe d’un adolescent plein de vigueur, pris en main par son père qui souhaite en faire un homme de grande envergure. Christian Jacq dépeint des rapports qui peuvent être complexes, peut-être un poil trop contemporains. Ramsés a noué des relations amicales qui nous le pressentons seront fort utiles dans le futur. Chenar son frère aîné le jalouse, et représente un obstacle, une force qu’il faudra affronter un jour ou l’autre. Nous y découvrons également ses rêves, ses aspirations, des ambitions pas si juvéniles …

Dans Le Temple des Millions d’Années, Séthi est mort, aussi Ramsés doit-il lui succéder. A 23 ans, c’est un homme accompli, au caractère et convictions affirmés. Néanmoins, la transition ne s’avère pas aisée. D’une part, les Hittites sentent une ouverture en cette période de deuil, tant que le nouveau pouvoir n’est pas consolidé. D’autre part, Chenar, son frère aîné est avide de pouvoir….

Pour marquer, le début de son règne d’un symbole fort propre à démonter autant sa force que la bénédiction des Dieux dont il jouit, il entreprend la construction du Temple des Millions d’Années.

La Bataille de Kadesh illustre l’opposition et les frictions entre L’Égypte et les Hittites. Ramsès II réglera les différents au cours d’une bataille mémorable à Kadesh.

La Dame d’Abou-Simbel propose un tome plus intime, avec un monarque aux prises avec de multiples tracas : la gestion d’un vaste royaume, des groupes dissidents tentant de profiter des remous suite à la bataille de Kadesh, Moïse qui s’élève contre lui, sa famille, la construction de magnifiques monuments,… De plus, une force mystérieuse menace.

Sous l’Acacia d’Occident achève de nous compter la vie fabuleuse de ce mythique pharaon. A cinquante ans passé, nous savons que son règne est loin d’être achevé, et ses dernières décennies restent toujours palpitantes, avec les Hittites souhaitant s’étendre vers les terres arables de l’Égypte.

Roman historique sans être un précis d’histoire.

Ramsès II vécut de 1304 av. JC à 1213 av. JC, régna à compter de -1279 jusqu’à sa mort. Parmi ses épouses, les plus célèbres demeurent Néfertari, la principale qui figure à ses côtés à Abou-Simbel et Iset. Son très long règne fut marqué par la rivalité avec les Hittites qui aboutit à la bataille de Qadesh vers 1274 av JC. Le résultat de ce conflit figure sur de nombreux monuments et démontre que le pharaon maîtrisait déjà l’art de la propagande… et qu’il était un très grand bâtisseur.

L’étude de son histoire est palpitante, tant sa vie fut riche, animée et dirigée par une détermination ainsi qu’une vision remarquables.

Rassurez-vous, je ne compte pas vous la détailler même si Ramsès exerce une fascination certaine, tout comme l’Égypte antique. Je vous renvoie à l’œuvre de Christian Jacq qui la vulgarise bien mieux que moi et qui vous tiendra quelques centaines de pages en haleine.

Sachant que l’histoire est romancée, la plupart des scènes sortent de l’imagination de l’auteur, tout comme certains personnages de premier plan. Ainsi, Chenar est-il un pur produit de Christian Jacq, un levier de poids ( 😉 ) afin de renforcer l’aspect à la fois romanesque et dramatique de la trame globale. Les lecteurs s’avéreront plus impliqués dans le déroulement des événements tant que cette épée de Damoclès restera présente dans la vie de notre protagoniste principal. Une fois ce fil rouge épuisé, le poisson étant ferré, le frère aîné n’est plus aussi nécessaire.

Cette construction présente également l’avantage de placer clairement l’ambition de Christian Jacq : Ramsès II est un roman d’inspiration historique, et non un précis d’histoire.

En effet, du le seul point de vue de la véracité historique, la proposition n’approche pas ce que Christiane Desroches-Noblecourt* a pu écrire afin de vulgariser ce pays et cette période. Ainsi, retrouvons-nous des approximations historiques (avec les relations hittites, Moïse, les rites,…), compréhensibles dans le cadre du roman; pour la fluidité de l’intrigue, les ressorts dramatiques, le suspens,…. une « appropriation » du panthéon et de la spiritualité de l’Égypte antique propres à faire bondir les puristes; enfin, un détournement de la religion vers les territoires magiques.

Nous ne pouvons guère jumeler les romans de Guy Gavriel Kay et cette saga de Christian Jacq, car l’un assume parfaitement leur appartenance à la fantasy, alors de le second y goûte du bout des mots. Ensuite, le canadien travestit la période historique choisie avec des atours que lui seul détermine. L’auteur français embellit celle qu’il fait sienne. Enfin, Christian Jacq souhaite transmettre un minimum de connaissances historiques à ses lecteurs, pour Kay, je ne pense pas que la motivation soit identique (mais ceci étant une déduction,…). Les deux auteurs offrent des romans travaillés et documentés, dotés d’une belle saveur exotique et d’un notable souffle épique.

L’aspect magique s’introduit à travers les rites religieux, et autres manifestations expliquant quelques faits : interventions divines, menaces, faveurs particulières,… L’essence même de cette dernière provient des différents dieux, et manque peut-être d’un peu de clarté. Il y a même de la magie noire. Avec l’évolution de la fantasy ces dernières années, quelques lecteurs pourraient qualifier cette thaumaturge de désuète.

Une plume engageante

Christian Jacq possède une écriture agréable, qui communique parfaitement les émotions de ses différents personnages, tous très bien croqués. Ramsès démontre une personnalité unique, charismatique. Chénar paraît à la longue forci à gros traits, avec son obsession pour le pouvoir, tandis que Néfertari, puis Iset illustrent la force associée à la douceur, chacune à leur manière. Les personnages secondaires participent à la richesse de la saga, en étant variés, évitant de ne représenter que des esquisses grossières.

Lors de passages épiques, la bataille de Kadesh en étant l’exemple typique, la plume peut s’avérer grandiloquente. Cela peut déranger certaines lecteurs qui apprécieront la retenue; pourtant, ces scènes ainsi que ce monarque se prêtent à cette démesure.

Conclusion

La saga Ramsès II, retraçant la vie du célèbre pharaon, est une lecture fort plaisante qui combine l’exotisme et l’épique tout en nous fournissant quelques clefs historiques sur son personnage phare ( 😉 ), sur les remous de cette période antique et sur l’Égypte en particulier. Une lecture qui s’avère donc à la fois divertissante et enrichissante.

Sur l’ensemble de la saga, les lecteurs pourront remarquer quelques répétitions au niveau des situations, des similitudes d’un tome à l’autre, sans que cela ne gâche le plaisir de la lecture. A noter, que j’ai lu les 5 volumes d’une traite, et que ce sentiment s’explique également par les résumés des tomes passés distillés ici et là.

Ce récit est pour vous si :
  • vous aimez les romans historiques au léger parfum de mystère
  • vous souhaitez lire une saga envoûtante
  • vous êtes séduit par les magies discrètes
je vous le déconseille si :
  • Vous êtes à la recherche d’un roman qui bombarde dans tous les sens
  • Quoi, Ramsès n’était un magicien ?!!!
  • Hérétique!!!!!!
Autres critiques :

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

Envie de soutenir le blog ? Vous pouvez le faire en passant par le lien en dessous (pas de frais supplémentaire!).

Acheter Le Fils de la Lumière (6,95€)

Acheter Le Temple des Millions d’années (6,95€)

Acheter La Bataille de Kadesh (7,60€)

Acheter La Dame d’Abou Simbel (6,95€)

Acheter Sous L’Acacia d’Occident (6,95€)

*je vous recommande :

19 réflexions sur “Ramsès II – Christian Jacq

  1. Un très bon souvenir de lecture, tout comme la trilogie du Juge d’Égypte (ah, Neferet…). Très belle critique !

    Sinon, de mon point de vue, vu qu’il y a tout de même une ambiguïté sur le surnaturel, voire une présence avérée ou suggérée, ce genre de cycle / roman a toute sa place sur un blog « purement » SFFF. J’envisage d’ailleurs de critiquer Azteca de Jennings sur le mien pour les mêmes raisons (le dieu Ehecatl y apparaît plus d’une fois). Et puis bon, hein, c’est ton blog, tu critiques ce que tu veux, fais selon tes envies 😉

    Aimé par 3 personnes

    • Merci!
      Pour moi aussi, cela restera un très bon souvenir. J’ai aimé cette immersion, ainsi que le personnage titre assez fidèle à ce que l’on en sait.
      Il faut que tu critiques Azteca!!! C’est une de mes lectures mémorable!

      Aimé par 1 personne

  2. Yeeeees! De l’Histoire! De l’Histoire! De l’Histoire! Mais si, il faut chroniquer des romans historiques! Tu sais que cette pentalogie fait partie de mes premiers livres de ma bibliothèque? J’ai les tomes originaux, je les avais lus lorsque j’avais 11-12 ans et que j’étais dans ma période « Egypte ». Je ne sais pas en revanche si j’accrocherais aujourd’hui. Je ne me rappelais pas du tout du côté fantastique, mais bon ça fait 25 ans aussi.

    Aimé par 1 personne

  3. J’avais lu un livre de cet auteur quand j’étais jeune, l’histoire d’une jeune femme qui devient une concubine d’un pharaon et qui se retrouve embarquée dans une intrigue qui va la faire sombrer.
    Je ne me souviens plus du tout du titre, et je ne l’ai jamais retrouvé (j’avais vaguement regardé des résumés mais sans jamais tomber sur un qui me disait quelque chose).

    Je me souviens avoir aimé à l’époque.

    Mais du coup pourquoi pas tenter un de ceux la, ça pourrait être cool.

    Aimé par 1 personne

Répondre à Tigger Lilly Annuler la réponse.