Les Sempiternels d’Aude Réco

Une aventure steampunk dopée aux amphétamines

Walrus

«  Depuis la dernière guerre, on croyait les Sempiternels endormis : ces créatures mécaniques, douées d’une âme et d’un cœur, reposaient inertes et loin des hommes dans le désert de Pue-la-Mort. Mais les Sempiternels n’ont pas dit leur dernier mot, et l’heure du réveil a sonné. C’est en tout cas ce dont la baronne Alexandra Milael Noble est persuadée.

Car Alex n’est pas le genre de baronne à user les fauteuils des salons : pour elle, l’aventure et le risque sont une seconde nature. Épaulée par Majidah, sa domestique qui depuis le temps n’en est plus vraiment une, la quadrilleuse enchaîne les missions dangereuses pour le compte des autorités à bord du Vagabond, son aéronef. Mais un abordage périlleux précipite l’appareil sur Pue-la-Mort et confronte la baronne à une révélation terrible.

Alex en est persuadée : les Sempis préparent une nouvelle attaque. »

Envie d’une petite douceur pétillante pour les fêtes ? C’est par là!

Ainsi que le laisse deviner le résumé éditeur, Les Sempiternels d’Aude Réco est une aventure steampunk de la baronne Alexandra Milael Noble, baignant dans la veine fantasy. L’ambiance est conforme à ce que le lecteur peut attendre avec des automates, de la vapeur, des dirigeables, ainsi que la petite touche magique qui confère à l’ensemble un côté à la fois suranné et décalé.

Les sempiternels, provenant étymologiquement du latin sempiternus, composé de semper (« toujours ») et de aeternus (« éternel »), ont été conçu par un génie fou ne supportant pas la solitude, éliminé de l’échiquier depuis. Ces créations avait été neutralisées par la baronne lors d’un premier conflit, mais telle la vague zombie, les voilà qui se réaniment et repartent à l’assaut des vivants.

A la différence des zombies, ceux-ci ne sont pas des vivants passés au statut de morts (vivants), mais des choses inertes à la vie insufflée par l’Inventeur. D’ailleurs, Alex porte  le cœur de ce dernier en pendentif. Je vous rassure rien de sanglant ou lugubre dans ce colifichet, il s’agit d’un cœur mécanique contenant l’étincelle nécessaire à l’activation du souffle de vie des sempiternels…

Ceux-ci compte dans leur rang des automates tels qu’on les imagine, mais aussi des corneilles et même un dragon au nom de Gandhi, compagnon d’Alex. Il porte son nom avec honneur, et est un partisan de la non-violence…

Le récit s’axe sur la baronne Alex qui me fait fortement penser à Adèle Blanc-sec : même époque, langage fleuri, comportement débridé, téméraire, déterminée, culottée,…. Une héroïne de tempérament, haute en couleur, avec ses petits défauts et une propension à la séduction. Elle est accompagnée par sa fidèle Maj, sa domestique dont le caractère affirmé est une composante cruciale pour l’équilibre de ce duo. Plus discrète que sa patronne, elle n’en est pas pour autant effacée ou fade. J’ai même tendance à préférer ce personnage.

« Alexandra, elle, admettait avoir déjà survolé deux ou trois fois la zone pour y balancer des cadavres encombrants » (au sujet de Pue-la-mort… 😉 )

St Ann est le supérieur de l’aventurière, et s’avère un personnage bien mystérieux. Il est prometteur or son potentiel n’est pas exploité pleinement. C’est dommage. Sans doute, l’auteur a choisi de développer le duo Alex et Maj, mais nous restons à son sujet sur notre faim. Enfin Najat, la fille de l’Inventeur vient mettre du piment et semer le chaos, elle est parfaite en adversaire tenace de la baronne, surtout que l’affect n’est pas étranger à l’opposition corsée, elles entretenaient une liaison…

Aude Réco joue essentiellement la carte de l’humour, orientant clairement son récit vers le divertissement. Le ton est léger, empreint de dérision qui correspond tout à fait à ce que j’aime question aventures humoristiques. Si le tout ne se prend pas au sérieux, l’ensemble n’en est pas creux pour autant, notamment avec cette héroïne aux meurs ouverts et visiblement attirée par les autres femmes. Le public cible est clairement adulte pour apprécier les petits clins d’œil parsemés ici ou là, et en raison de scènes coquines.

« Les Sempi avaient en partie disparu après s’être entre-tués à coup d’offensives magnétiques qui rendaient les appareils, dont leur cœur artificiel, complétement zinzins.« 

Le rythme est dopé aux vitamines XXL, et nous passons d’un affrontement, à un atterrissage en catastrophe, d’une confrontation houleuse à du tir aux pigeons corneilles; quelques brèves respirations amicales ou pas entrecoupent cette frénésie. Cette vitesse de croisière est au diapason du ton et de l’histoire, la novella étant parfaitement taillée pour cette narration.

Aude Réco ne mise pas tout sur un ton et le peps, la trame est construite, certes elle reste classique et ne réserve que peu de surprises.

Les sempiternels est un court roman steampunk  plein de fun, dopé aux amphétamines. S’appuyant sur l’humour -sans être lourd ou loufoque – il bénéficie d’un excellent rythme, de personnages charismatiques et d’une histoire qui fait mouche. Une parenthèse acidulée et sucrée toute indiquée, je me suis bien amusée.

 

Ce livre est pour vous si :
  • vous voulez vous payer une bonne tranche de rire
  • vous adorez l’univers steampunk
En revanche, déconseillé si vous :
  • vous n’êtes vraiment pas amateur d’humour et de dérision
  • vous recherchez un roman dénué de scènes coquines
  • vous voulez du lourd, un roman percutant, oui,  mais percutant vos méninges

Ce roman a été reçu dans le cadre d’un service de presse. Merci aux éditions Walrus.

PS : je suis toujours en panne d’ordinateur, je réponds avec retard aux commentaires,  je suis donc bien moins présente sur vos blogs aussi, je m’en excuse. J’espère pouvoir retrouver la blogosphère rapidement, cela me manque!…

Autres critiques :

L’Ours Inculte

Challenges :
Challenge Littérature de l’Imaginaire – 5° édition

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Le livre :

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  • 116 pages
  • 24 décembre 2017
  • broché : 12€
  • e-book : 4,99€

 

18 réflexions sur “Les Sempiternels d’Aude Réco

  1. Il y a beaucoup de romans de Steampunk dans ce genre la, plein d’humour, un peu coquin et avec plein de références.
    J’avoue qu’en général ça me plait bien comme lecture détente, même si c’est vrai que des fois ça tombe à plat niveau humour (je suis assez difficile sur ce point).
    Par exemple les protectorat de l’ombrelle c’était à la limite, des fois j’explosais de rire (le second tome) et certains tomes me sont pourtant passés totalement par dessus la tête à ce niveau la (le T3 par exemple était un échec retentissant, le T1 limite aussi)
    Du coup à tester, ça passe ou ça casse :p

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    • Ayant lu le protectorat de l’ombrelle, je peux éventuellement faire une comparaison. Ici, c’est plus dynamique, moins sur la comédie de moeurs même si les ambiances se ressemblent.
      Question humour, sur le tome 1 je n’ai pas trop ri non plus. Ce n’est pas le même genre d’humour. Pas de traduction avec Aude Réco, la touche humour se joue sur des expressions françaises, des décalages, un ton dérisoire. J’ai préféré cet humour-là. 🙂

      Après, n’étant as trop dans la veine humour question lecture, c’est le format qui me conviens bien.

      Oui, teste-le, c’est court, intense, pas prise de tête. 🙂

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