Zoulag II, La filière sibérienne de Stéphane Desienne

Un vent de fraîcheur souffle sur les zombies

Walrus

Précédemment, Zoulag s’était révélée être une agréable lecture avec un récit alliant peps et surprise. Nous repartons avec ce second texte de Stéphane Desienne sur les mêmes bases. Il s’agit toujours d’une histoire de zombies dans une veine pulp entièrement assumée.

Les morts-vivants sont rarement au programme du blog; or cette année, j’ai envie d’explorer d’autres nuances de l’imaginaire sans aller piocher dans la littérature bit-lit qui ne me séduit plus outre mesure (sans doute en ai-je trop lu). L’avantage de cette novella réside dans le choix initial de l’auteur : certes la pandémie zombie fit des ravages mais fut neutralisée tant bien que mal. Les victimes se chiffrent en milliard et les zombies encore animés sont parqués dans des zoulags situés en zone « fraîche ». La Finlande a été le lieu de la première aventure, cette fois la vaste Sibérie sert les desseins de Stéphane Desienne dans La filière sibérienne.

Prend-on les mêmes pour un nouveau tour ? Et bien, non, justement; changements de décor, de personnages et de structure sont au programme.

« Boris Yazounov et sa partenaire Nikki font tourner un bien étrange business : on les engage pour voler des zombies et les convoyer à travers les terres désolées de la Sibérie. Et pourvu que la paie soit bonne, le duo n’est pas curieux des motivations de ses commanditaires.

Si jusqu’à ce jour la mécanique du trafic semble bien huilée, l’idée d’une retraite bien méritée commence à germer dans la tête de Boris. Peut-être que cette mission sera la dernière… »

Cette pratique révélée dans Zoulag, la filière finlandaise, ne nous étaient donc pas inconnue. Potentiellement lourde de conséquences, ces attitudes révèlent les travers habituels de la nature humaine même si le salut ou l’intérêt commun devraient prévaloir. Nous sentons bien que Boris s’engage dans ce braconnage plus par défi, jeu ou égo que par appât du gain. Mais, les faits sont têtus, et le voilà parti pour une expédition à haut risque.

La technique pour rassembler une bonne centaine de spécimens vaut le détour, entre appât, ruse et maîtrise, sachant que toute imperfection dans la mise en œuvre signe la sanction ultime. Je n’en dirais toujours pas davantage, mais les frissons d’anticipation sont au rendez-vous, surtout du point de vue de la splendide Nikki. Bref, une fois le chargement assuré cahin-caha, la livraison au client est à l’ordre du jour avec un vaste territoire à traverser. La Russie est telle que l’on se l’imagine dans nos fantasmes franchouillards : truffée d’incertitudes, de pièges et de parrains de la pègre. Le voyage promet une bonne dose d’adrénaline pour les deux compères – et accessoirement pour le lecteur.

Suite à l’incident survenu en Finlande (je ne dévoilerais pas la nature de celui-ci et vous encourage à ne pas lire le résumé éditeur), les autorités internationales sont désormais conscientes que les périmètres des zoulags ne sont plus hermétiques, ils décident alors d’opérer quelques vérifications de bon aloi… Une bien mauvaise nouvelle pour Boris et Nikki.

S’engage donc une course poursuite – et une partie de cache-cache – avec un chargement implosif…

L’intrigue est certes cousue de fil blanc, mais demeure efficace avec des rebondissements bien sentis, ainsi qu’une chute pas forcément attendue, même si elle est moins frappante que le roman précédent. La structure est également habituelle pour ce genre de novella qui joue aussi bien sur l’anticipation liée à un danger omniprésent que sur les sensations d’une course contre la montre.

Ce choix narratif est habile car l’effet de nouveauté du premier opus éventé, une redite n’aurait été guère intéressante. Nous ne tombons pas dans l’opposition classique des morts contre les vivants pour autant, bien que le danger inhérent à leur présence joue pleinement son rôle d’accélérateur de tension.

L’écriture est toujours aussi claire et directe, parfaitement adaptée au rythme vif et à l’ambiance développée par Stéphane Desienne. L’humour est léger, et tout aussi bien dosé que dans Zoulag, premier du nom. Le format de la novella sied à ce genre de texte axé sur le divertissement et le peps.

En aparté, je signalerais que Napoléon a bien pris la ville de Moscou en septembre 1812 contrairement au propos de l’auteur. L’hiver russe a eu raison des troupes de l’Empereur lors de la Retraite de la Grande Armée, le Tsar ayant dérogé aux lois de la guerre d’alors (d’aucuns diront qu’il s’agissait même d’un acte déshonorable, cet abandon de la capitale au lieu de reconnaitre la défaite sur le terrain. Si vous souhaitez en savoir davantage demandez-moi en commentaire).

Zoulag II confirme l’impression du premier volet, avec une aventure de zombies qui s’affranchit des canons habituels de la horde infestée cherchant à becter les vivants. Ils demeurent un danger permanent qui ajoute au suspens omniprésent dans cette novella sous tension. Un pulp que je recommande à tous ceux qui veulent une perfusion d’adrénaline et quelques tripes et éclat de cervelles en prime.

 

Cette novella a été lue dans le cadre d’un SP. Merci aux éditions Walrus! 🙂

Ce roman est pour vous si :
  • vous recherchez un roman alliant frissons et fun
  • vous adorez les zombies
  • vous souhaitez une lecture courte, divertissante et pas neuneu
En revanche, déconseillé si vous :
  • vous êtes claustrophobe
  • n’aimez pas le format court
  • n’avez pas besoin de pause
Autres critiques :

signalez-vous!

Le livre :

logo-version-rouge

  • 100 pages
  • 10 octobre 2017
  • broché : 12€
  • e-book : 5,99€

22 réflexions sur “Zoulag II, La filière sibérienne de Stéphane Desienne

  1. Tu avais titillé mon intérêt avec le premier, j’attends donc le lire pour savoir si ce second volet aura l’honneur de ma liseuse.
    Je note toutefois un prix un peu élevé au vu du nombre de pages.

    Si tu souhaites découvrir les zombies avec un point de vue différent, je te conseille l’excellent Zombie Nostalgie, dans une veine littéraire avec un côté très réaliste. Malheureusement avec un prix élevé et des DRM !
    https://lechiencritique.blogspot.fr/2016/05/zombie-nostalgie.html

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  2. 5.99 euros pour un texte de cent pages ? Non merci, c’est le double du tarif pratiqué par les maisons d’édition anglo-saxonnes pour les novellas ! Mais merci pour ta critique. De toute façon, ce texte ne m’attire pas plus que le précédent. Rien que la quantité de clichés dans le résumé me fait dire que ce n’est pas pour moi. Il faudrait d’ailleurs ajouter une ligne dans le TL:DR : « en revanche déconseillé si – Votre pseudonyme est Apophis » 😀

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      • J’ai lu Mortal Derby X (très bon) et Jennifer a disparu (juste bon), le reste est en standby. J’avais tout chopé en promo je crois, parce que j’aurai jamais acheté ça à 5.99 comme le souligne Apophis. Ou alors ils ont monté les prix ?

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        • J’ai aussi acheté quelques titres en promo l’année dernière. C’est vrai que leur tarif est un peu élevé. Je ne sais pas s’ils ont augmenté les prix.

          Je me note Mortal Derby.
          J’ai Zombie Kebab et Kappa 16. 🙂

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  3. Il faut toujours se méfier des zombies… et parfois, pas de la manière à laquelle on pense a priori. Pour avoir lu ces deux épisodes dans le sens inverse, la découverte fonctionne tout aussi bien 🙂 Il me tarde de découvrir le dernier opus. Je te remercie pour la précision concernant la prise de la ville par Napoléon.

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    • Oui, les zombies sont décérébrés mais pas inactifs! Il me tarde aussi de découvrir le n°3.
      Pour Napoléon il y a tant de choses fausses qui sont écrites, même la partie avec la Russie et l’hiver qui a fait tant de mal est complétement erronée dans l’esprit collectif…

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    • Hello!
      Oui, j’ai lu le premier volet de Zoulag. Et je prévois de lire la suite. Pour l’instant, je n’affiche que ces deux textes de Desienne.

      Zombie Nostalgie a trouvé le chemin de ma bibliothèque et j’espère le lire prochainement. 🙂

      A bientôt! 🙂

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