Trading in Danger – Elizabeth Moon

Le choix des armes

Vatta’s War tome 1

Lecture VO

Voici, le parfait exemple du roman et de la série classée comme SF militaire, avec une héroïne qui n’est ni militaire, ni sur le point de l’être, qui ne fait pas partie d’une armada guerrière ou d’une flotte martiale…

En effet, Kyrala Vatta est l’unique fille d’un des hommes les plus riches de sa planète, et accessoirement à la tête d’une vaste flotte commerciale. Elle avait un rêve qui consistait à faire carrière dans la Flotte militaire de Slotter Key. Hélas, le petit con de service signe sa déchéance, et la voilà expulsée de l’Académie lors de la dernière année.

Le scandale éclate dans la presse illico-presto; son père pour préserver l’affaire familiale et la réputation des Vatta Transport Ltd, lui confie le transfert du Glennys Jones jusqu’à Lastway où le vaisseau doit être démanteler. Elle sera capitaine, épaulée par une équipe expérimentée. En route, le virus commercial des Vatta la démange, alors elle tente des coups pour se faire la main… qui vont les conduire, elle et son équipage, dans une situation périlleuse.

Univers, genre, comparaison

Comme je l’ai mentionné plus haut, Vatta’s War est une série en 5 tomes (achevés) classée en SF militaire, un choix que j’ai du mal à expliquer car, l’histoire et le protagoniste principal n’ont rien à voir avec une figure féminine du genre : Honor Harrington de Weber. Or, la présentation de l’éditeur pourrait tromper le lecteur qui s’attendrait légitimement à une série dans cette veine. Il n’en est rien, les aventures de Kyrala comportent du danger, des contrats avec des mercenaires et même une « guerre » personnelle pour redresser la compagnie financièrement et commercialement (dans les tomes suivants), mais en aucun cas, nous la voyons s’engager au sein d’une organisation (para-)militaire ou s’impliquer dans un conflit armé galactique.

Nous sommes, en revanche, plus proche de la série Vorkosigan de Loïs McMaster Bujold, avec un personnage principal mis au ban, qui part à l’aventure, un peu en live engendrant des répercussions proches de la catastrophe. Cependant, la saga Vorkosigan, par la nature même de Barrayar, de son système féodal très martial, et des Vor s’attache à la veine militaire.

La trajectoire de Kyrala est similaire à celle de Miles (Vorkosigan), surtout dans les prémices de l’histoire de Trading in Danger, pour ensuite s’en écarter (heureusement), mais l’ambiance est loin d’y être la même…

Donc, en substance, ne vous attendez pas à des batailles spatiales, des conflits entre forces armées, du « à vos ordres!« , « Yes! Sir! », « alarme« ,…. mais plutôt à des aventures spatiales et commerciales que l’on peut rapprocher de La Hanse Galatique de Poul Anderson, le truculent personnage de Van Rijn en moins. Et il me semble que ce cycle ne porte pas l’étiquette SF militaire….

Quant à l’univers, rien de nouveau sous le soleil galactique, les planètes revendiquent pleinement leur souveraineté. Elles possèdent une zone solaire « territoriale » associée à une zone économique d’exclusion – enfin, pour vous donner des éléments de comparaison avec notre monde. Cet espace incluant la ou les planètes habitables, les satellites naturels et artificiels sont défendus par une flotte militaire, comme le feraient des gardes-côtes et les douanes.

Aucune instance supranationale n’unit entre eux les différents systèmes stellaires, reliés par des points de saut. Très sensibles aux forces gravitationnelles, ces derniers sont placés à une certaine distance de leur étoile. Les voyages interstellaires prennent donc un temps certain; par exemple, le voyage initial entre Slotter Key et Lastway doit durer 9 mois, de quoi laisser le tempête médiatique se déliter (en relation avec le renvoi de Kyrala de l’Académie).

Le seul organisme supra-stellaire existant s’avère le InterStellar Communications (ISC), très indépendant et doté de se propre force de combat et de protection. Redoutable en sus de son monopole sur les communications….

Les compagnies de mercenaires sont trop locales pour représenter une quelconque guilde intergalactique…

L’intrigue, le rythme

Ma foi, l’intrigue est assez classique, et ne réserve pas énormément de surprises. Tout est cousu de fil blanc, et l’amateur du genre, aura bien du mal à sursauter d’effroi, voir sa rate tourner au court bouillon devant une insoutenable tension, trembler d’effroi à l’ouverture d’un sas grippé,… Pour autant, l’ensemble est plutôt bien fichu, plaisant à lire, avec un casting sympathique et une héroïne dont l’évolution au cours du récit en fait un des points d’attrait.

Ainsi, après son énorme désillusion, Kyrala Vatta se voit confier les rênes du Glennys Jones, un vaisseau promis au démantèlement. Cette mission bénéficie de l’avantage de l’éloigner des retombées médiatiques, de lui donner un autre os à ronger ( 😉 ), mais également de réveiller ou d’étudier la présence d’une éventuelle fibre commerciale « Vatta » dans les veines de la jeune femme. Une escale est prévue sur le chemin dans le système de Bélinta, endroit où elle apprend l’existence d’un contrat commercial possible consistant à transporter de machines agricoles depuis la colonie de Sabine. Le sang Vatta entre en ébullition.  Après un rapide calcul, Ky s’aperçoit qu’elle peut potentiellement ré-armé correctement le Glennys Jones avec le bénéfice se dégageant de l’opération.

Elle s’écarte donc de sa route initiale, sans rien dire à son paternel, et se rend à Sabine où un conflit couve…

Elizabeth Moon prend le temps d’installer son personnage et ses acolytes, de brosser l’importance de Vatta transpord Ltd, et de décrire le fonctionnement du commerce dans cet univers. Une fois, à Sabine, les événements s’accélèrent, et le rythme décolle largement.

Un personnage travaillé

Kyrala Vatta fait tout le sel de ce premier roman. Nous sommes peut-être dans une veine qui montre quelques similitudes avec la Hanse Galactique, sans qu’elle n’ait rien à voir avec Van Rijn ou Flakan. Ces ressemblances et différences permettent ainsi au lecteur de lire quelque chose de très plaisant, sans tomber dans un roman trop proche ou jouant à la fois sur le même registre et les mêmes leviers.

Elizabeth Moon nous propose une jeune femme crédible et intéressante. Malgré un passage par l’Académie qui a effacé les plus gros traits de tempérament de « fille à papa », elle conserve quelques traces illustrant l’aisance financière paternelle et l’influence de ce dernier. Ainsi au début du roman, surgissent parfois ces petites pointes superficielles liées à cette éducation, elle peut agacer le lecteur, d’ailleurs.

Puis peu à peu, la responsabilité du vaisseau et de son équipage influe sur son comportement et son approche d’autrui, et au final, c’est un véritable et jeune capitaine de vaisseau marchand qui emmerge des pages du roman.

Durant le périple, elle sera amenée à prendre des mesures drastiques, un moment ou il faut agir. Elle a apprécié cela et se demande alors si elle est une « bonne » personne, si le fait d’avoir goûter cet éclair d’action, cette prise de décision instinctive ne l’écarte pas de la probité. Une thématique qui revient également dans le tome 2. Mais nous y reviendrons.

Trading in danger est un roman d’aventures spatiales mettant en scène une jeune femme, à la tête froide, à la tête d’un vaisseau marchand au plein milieu d’une guerre. Sympathique, ce tome introductif se laisse lire avec plaisir.

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez la Hanse Galactique
  • vous souhaitez un roman fun
je vous le déconseille si
  • vous ne connaissez pas un mot d’anglais – ou juste un ou deux.
  • de toutes façons, vous êtes misogyne!
Autres critiques :

Lianne –

Challenges :

SSW VIII

ssw-8

S4F3

  • 357 pages

S4F3 saison 4

15 réflexions sur “Trading in Danger – Elizabeth Moon

  1. Je suis en train de le lire…
    D’accord avec toi pour l’essentiel…
    Le début aurait pu être un peu plus travaillé à mon avis ; son éviction de l’armée sent le coup monté et les raisons invoquées sont plutôt bidons. Moon aurait pu inventer qque chose de plus crédible.
    Mais c’est très agréable.

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