Toxic 1 – Stéphane Desienne

L’art d’une cavalcade vermeil

Gephyre

Toxic, tome 1

Stéphane fait des siennes et revient dans les pages d’Albédo (sorry….). En cette période de fin octobre, et la Toussaint approchant, quoi de plus naturel de vous causer d’un bon roman pulp rempli de zombies ?

Toxic est ma troisième incursion dans l’univers fun et débridé de M. Desienne, après Zoulag 1 et Zoulag 2 (j’attends le dernier opus, au passage…). Et cette aventure est celle que j’ai trouvé la plus convaincante.

Le décor et le genre

Prenons le temps de planter le décor, ainsi que de définir le récit qui vous attend.

Si vous êtes en attente d’une œuvre révolutionnaire qui tente de vous porter au nirvana de la spiritualité et de la philosophie, tentez plutôt le dernier bouquin de Dalaï-Lama, vous devriez en ressortir plus satisfait plus zen. En effet, Toxic c’est tout l’opposé. Le roman va vous ramenez méchamment les deux pieds dans le fumier et les tripailles, en plein « noirvoila ».

Le lecteur débarque dans l’histoire en compagnie d’un extraterrestre alors que la pandémie a largement prélevé son butin sur les vivants. Oui, oui, vous avez bien lu. Un ET.  Il s’agit du primark Naakrit, qui a obtenu la concession actuelle (le système solaire et notre Terre). Il pensait faire fortune devant une telle aubaine, car les autres espèces sont très friandes de chair humaine. D’ailleurs, les phalanges sont un must gastronomique, d’un chic épatant. Or, la réalité du mercenaire se révèle une catastrophe sans précédent, ne pouvant tenir ses engagement commerciaux… il rsique fort de rester sur le carreau.

Jave, l’émissaire du consortium,  arrive sur place pour tenter de rafistoler ce bateau ivre….

Stéphane Desienne assume complétement et avec jouissance la veine pulp du roman de zombie : une bande de survivants cherche… à survivre à la horde des mort-vivants et aux ET. C’est simple, n’est-ce pas?

Influences et références

La pandémie zombie passe presque au deuxième plan, tant la trame invasion extra-terrestre accapare l’attention. L’influence de la série « V » est manifeste, sans en être une pâle copie. Ici, point de 5° colonne (du moins jusqu’à présent), ni de tromperie. Les ET ne prétendent pas venir en paix, pouvoir guérir le cancer et les autres fléaux, alors qu’ils dirigent en secret une chaîne alimentaire digne de la grande distribution. Non, Naakrit afficha la couleur d’entrée : ils sont ici pour la boustifaille. Collecter et ripailler est leur crédo. Enfin presque, les pépètes sont la priorité de notre aimable Primark, pour les autres, l’appel du ventre se vérifie.

Jave, l’émissaire, joue un jeu surprenant. Il est difficile de savoir quelles sont ses intentions. Ce personnage végétal, semble chercher le vaccin au virus qui transforme les humains en estomacs maniaques, mais ses interventions laissent le lecteur en plein doute. Et pour corser le tout, ce n’est pas le grand amour entre lui et Naakrit.

Autre point de comparaison possible, la série The Walking Dead peut également se poser en influence en ce qui concerne la trame zombiesque. En effet, le lecteur débarque alors que la gloutonnerie zombie n’a eu d’égale que sa boulimie. Hector, un des personnages clés,  sauve -à contre cœur- quelques survivants sur un Yatch infesté de mort-vivants. Son bateau n’est qu’un refuge temporaire, et il compte débarquer ce groupe au prochain port.

Une fois sur place, l’accueil est plutôt festif et coloré. Les autochtones sont partants pour partager tripailles, viscères et boyaux, ils sont si heureux que la fête chavire en pleine frénésie vermeil, et l’hémoglobine coule à flot. Le groupe initial se réduit comme peau de chagrin, et seule une poignée d’entre eux parvient à rejoindre le bateau d’Hector en partance pour des mers plus calmes.

Il sera bon de noter, que lors de cette fuite bordélique et paniquée, notre infirmière de choc récupère en chemin un étrange garçon et qu’ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention d’un colonel de l’Armée américaine.

Et, là on dit « ah!que coucou! Z.A. Retch! »

Toxic, dans ces parties là, fait immanquablement penser au « Virus Morningstar »  de Z.A. Retch. Une fois la déferlante zombie enclenchée, les rescapés de la pandémie fuient d’une zone à l’autre à la recherche d’un potentiel vaccin. En outre, les deux romans se déroulent aux USA, partagent la dimension road-movie et une composition plus ou moins similaire.

Rythme et plume

Les romans de zombie réservent peu de surprises, et peu d’éléments les différencient. Nous les lisons généralement pour leur côté horrifique et la « vibe » spécifique de la horde zombie.

Quelques variations sur le thème peuvent accrocher l’attention et l’intérêt manifeste du lecteur, comme le rythme, la plume, les affrontements intimes, les liens, les interactions entre les vivants, et l’histoire de la pandémie elle-même.

Stéphane Desienne ne se démarque pas des grands récits par l’aspect zombie, mais par ce mix entre pandémie et invasion ET. Il y a même de quoi se demander si l’homme n’a pas volontairement proposer un produit avarié dans le double espoir d’obtenir une mise en quarantaine de la zone et de conserver quelques rescapés pour repeupler la planète ultérieurement. Le jeu de Jave très ambigu participe au suspens tant il est indéchiffrable.

Cette première partie de Toxic ravira les amateurs de récits de zombies, et autres lecteurs. L’auteur propose une double menace, et l’espoir se réduit d’étape en étape. L’incertitude sur le sort de nos protagonistes et de l’humanité pèse lourdement dans la balance. Le rythme très bon, navigue d’une tablée à l’autre, proposant des gratinés de phalanges, farandoles de pieds et de mains de première fraîcheur, et des envolées de bourre-pif entre deux bastons bien vermeilles.

Bon appétit!

Ce livre est pour vous si :
  • vous savourez les récits zombies… forcément
  • vous aimez lire des mix d’influences et de genres
  • vous avez passez une éternité dans votre crypte, vous avez soif….
je vous le déconseille si :
  • Du sang….* vous avez tourné de l’œil*
  • Vous êtes végan
  • Pour vous les zombies et les ET sont antinomiques
Autres critiques :
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27 réflexions sur “Toxic 1 – Stéphane Desienne

  1. Les zombies et les ET ne sont pas antinomiques, par contre Le Maki et les zombies ne font pas bon ménage. 😉

    J’attendrais d’autres livres de l’auteur, j’avais bien aimé Voyager dans un registre complètement différent mais plus Maki-compatible

    Aimé par 1 personne

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