Les coureurs d’étoiles – Poul Anderson

Vers l’infini et au-delà!

La Hanse Galactique, tome 3

Le Bélial

 

Je ne cache pas mon addiction aux textes de Poul Anderson. Ivresse entretenue assiduement, si vous suivez l’actualité de ce blog, vous aurez remarqué que son nom revient régulièrement. Ainsi, ne vous étonnez pas de lire une critique ouvertement chaleureuse, et tirant sur ma fibre (ténue certes) fangirl!

« En ce XXIIIe siècle trépidant, l’humanité s’est implantée sur nombre de planètes, se frottant à un univers exotique grouillant de vie. Afin de protéger leurs intérêts, les négociants interstellaires ont formé une alliance : la Ligue polesotechnique. Nicholas van Rijn, fondateur de la Compagnie solaire des épices et liqueurs, est le plus flamboyant de ces princes-marchands : le présent volume, totalement inédit, réunit le troisième volet de ses aventures picaresques… »

Au sommaire  :

  • Avant-propos de Jean-Daniel BRÈQUE
  • Réflexion historique
  • Territoire
  • Plus ça change, plus c’est la même chose
  • Les Tordeurs de troubles
  • Le Jour du Grand Feu
  • La Clé des maîtres
  • Chronologie de la « Civilisation technique » de Sandra MIESEL

 

Je passerai rapidement sur les intermèdes, objets de curiosité qui s’imbriquent logiquement dans ce canevas. L’avant-propos de Jean-Daniel Bréque – Éminence Grise derrière la publication des écrits de Poul Anderson au Bélial, Illustre Connaisseur de l’auteur,  Grand Fauconnier de mon panthéon personnel et accessoirement traducteur… ou l’inverse – donne des éléments permettant de replacer notre lecture dans le contexte.

Le recueil s’articule autour de 3 nouvelles et d’une novella.

Territoire

Lors de cette première nouvelle, nous nous déplaçons jusqu’à T’Kela, une planète glacée orbitant autour d’une naine rouge. Les températures sont plutôt fraîches et l’environnement ne peut pas être qualifié d’accueillant pour le genre humain. Il y fait entre -40°C et -60°C… L’atmosphère composée d’ammoniac, fait que l’évolution a choisi un autre métabolisme que le notre pour y établir une vie indigène et intelligente.

Pour autant, technologiquement, ils ne s’avèrent pas aussi évolués que les membres de La Ligue Polésotechnique, leur division en différentes tribus concurrentes ne promouvant pas les échanges scientifiques et culturels.

Une ambassade s’y est cependant fixée, en ayant l’espoir d’apporter la lumière. aux habitants (nous passerons sur la condescendance d’une telle initiative)… Les indigènes, ingrats décident donc de les débusquer et de les faire déguerpir. Le jour J, Van Rijn est en visite, aussi se propose-t-il de sauver la mise… Forcément avec un personnage aussi colossal et roublard, les intérêts de son entreprise ne seront pas oubliés…

Je suis assez partagée avec cette nouvelle. La base scientifique sur laquelle repose sa planète T’Kela est une fois encore, un petit bijou dans son genre, et démontre qu’un peu de rigueur permet de construire un récit avec de solides fondations tout en soignant la touche exotique. Van Rijn est conforme à lui même, et ne peut que séduire par sa roublardise, son charisme et sa verve. Ce personnage est si gouleyant et tellement anti-conformiste dans le panel de l’héroïsme qu’il marque indéniablement le lecteur. Les tours de force opérés, le sont avec grâce, bonne humeur (le plus souvent), et une pincée de sournoiserie qui changent dans le paysage romanesque et SF.

Cependant, j’ai une impression de redondance avec Un Homme qui compte contenue dans le premier volet de La Hanse Galactique. Rien de rédhibitoire pour apprécier les aventures du Sieur Van Rijn, mais j’attends davantage.

Les tordeurs de troubles

Nous quittons le fondateur la Ligue des épices pour retrouver un ancien compagnon de route : David Falkan, accompagné par Adzel, et cette fois-ci Chee Lan en sus.  Cette dernière est une étrange créature, un croisement entre un chat angora et un raton-laveur, tous deux élevés dans un temple ninja, possédant donc agressivité et cerveau.

Le trio doit établir un comptoir marchand sur une planète nouvellement découverte, mais non explorée, Ikrananka. Alors qu’il devisent gaiement, une jeune femme (humaine) semble avoir besoin de secours. Falkan, n’écoutant que son courage, se précipite à sa rencontre et défait les poursuivants.

Ayant sauvé la belle, le jeune héros ne se sent plus de joie. Mais, il y a un hic de taille dans l’affaire : les hommes mis en déroute appartiennent à l’armée de l’Empereur qu’ils doivent rencontrés pour établir leur comptoir. La situation devient vite tendue, bien plus complexe et épineuse que ne le laisse entrevoir les premiers paragraphes.

Poul Anderson montre tout son talent dans le format court : action, émotion, réflexion sont au rendez-vous. Le trio est attachant et savoureux, j’avoue un faible tout particulier pour Chee Lan qui démontre un potentiel vraiment intéressant. L’auteur alterne les points de vue au sein du trio proposant ainsi une histoire aux sensibilités différentes, aux schémas de pensées variés, et des pistes de résolution allant du cocasse au plus sérieux.

Il ne faut pas oublier l’IA du vaisseau, le Débrouillard, qui pourrait s’associer la qualification de « la Bien Nommée ».

Une petite délicatesse qu’il convient de lire impérativement.

 

Le Jour du Grand Feu

Van Rijn s’éclate sur Mersia. Gardez ce nom en tête, car il reviendra.

Un texte plaisant dans la lignée de Territoire et d’Un homme qui compte. Une impression de redondance.

Cependant, il ne faut pas pour autant le négliger car il participe à cette Histoire du Futur.

La Clé des maîtres

La Clé des maîtres est la novella phare de ce recueil.

Un des narrateurs, inconnu de nous, se rend à un débriefing organisé par Van Rijn, suite à la désastreuse campagne commerciale sur la planète Caïn (le nom n’est pas du au hasard). Sur place, il y a des maîtres et des esclaves, les premiers d’une lignée plus évoluée que les seconds, à comprendre dans le sens de Darwin et l’évolution des espèces. Indirectement, Poul Anderson lui rend hommage.

Un regard languissant ou complaisant, ne noterait pas cette relation entre les deux lignées de cette même espèce. Les raisons sont diverses : ce monde vient de découvrir l’agriculture, les habitants sont armés – esclaves inclus, la cellule familiale est la structure sociale de base. Et il faut dire que les concepts abstraits ne sont pas encore totalement acquis…  Il faut donc un regard attentif et impliqué pour noter la relation maître-esclave.

Et c’est là, que Per, le capitaine de l’expédition, a péché. Abordant la spiritualité, inconscient du malaise grandissant des autochtones, lui et son second, ont allumé le feu sous le brasier. Ils rentrent donc atterrés de cette mission, choqués de la tournure des événements, et surtout sonnés par l’incompréhension de cet enchaînement aussi volatil. Van Rijn, lui, va tenter de démêler les nœuds de cet écheveau.

Le récit est intéressant à plusieurs niveaux.  La structure n’est pas très habituelle, notamment chez Poul Anderson. La parole est prise tour à tour dans ce texte, et la rédaction à la première personne à chaque prise de parole peut surprendre le lecteur. Sous couverte de légèreté et d’aventure galactique, l’auteur n’hésite pas à évoquer des thèmes sérieux, et lourd de sens, tout en gardant une approche scientifique solide.

Enfin, nous abordons les prémices de ce qui deviendra La Longue Nuit. Contrairement aux autres récits avec un Van Rijn tout aussi truculent, le ton et l’ambiance sont plus sombres, porteur dans leur ombres de promesses plus obscures. L’insouciance et la bonne humeur des débuts cèdent peu à peu le pas… Et en cela, il faut saluer Poul Anderson qui construit une épopée tout en cohérence. Malgré une impression de redondance dans deux nouvelles, le recueil offre des moments de bravoures, en compagnie d’un personnage aussi savoureux que truculent, et surtout une novella qui en fait tout le charme.   Comment passer à côté ?

PS : j’apprécie davantage cette couverture.

Ce livre est pour vous si :
  • vous savourez les récits d’aventures galactiques
  • vous aimez lire des romans plein d’humour
  • vous voulez un personnage « greater than life« .
je vous le déconseille si :
  • Non, le format court, ce n’est pas pour vous.
  • Vous êtes une féministe convaincue, jusqu’aux ongles de vos orteils
  • Les vieux trucs, cela sent trop la poussière…
Autres critiques :

Apophis

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