Entends la nuit – Catherine Dufour

Investir l’immobilier : la pierre, une valeur sûre

L’Atalante

 

« La chair et la pierre sont de vieilles compagnes. Depuis des millénaires, la chair modèle la pierre, la pierre abrite la chair. Elle prend la forme de ses désirs, protège ses nuits, célèbre ses dieux, accueille ses morts. Toute l’histoire de l’humanité est liée à la pierre. Quand on a 25 ans, un master en communication, une mère à charge et un père aux abonnés absents, on ne fait pas la difficile quand un boulot se présente. Myriame a été embauchée pour faire de la veille réseaux dans une entreprise du côté de Bercy, et elle découvre une organisation hiérarchique qui la fait grincer des dents : locaux délabrés, logiciel de surveillance installé sur les ordinateurs, supérieurs très supérieurs dans le style british vieille école. Mais quand un de ces supérieurs s’intéresse à elle via Internet au point de lui obtenir un CDI et lui trouver un logement, elle accepte, semi-révoltée, semi-séduite… Mauvaise idée ? Pas pire que le secret qu’elle porte. Myriame est abonnée aux jeux dangereux dans tous les cas, et sa relation avec Duncan Algernon Vane-Tempest, comte d’Angus, décédé il y a un siècle et demi, est à sa mesure. Du moins le croit-elle. Catherine Dufour, éprise de légendes urbaines, nous offre avec ce roman un « anti-Twilight » tout en humour et une ode à Paris bouleversante. »

Il faut souligner que le résumé éditeur n’en dévoile pas trop sur l’intrigue en elle-même tout en parvenant à attiser notre intérêt. D’ailleurs, ce roman qualifié d’anti-Twilight n’est pour une fois pas une prétention usurpée. J’encourage même les lecteurs d’urban fantasy légère à lire ce texte de Catherine Dufour car, il leur plaira tout autant qu’aux autres lecteurs.

Avant de passer à la chronique, je m’excuse de ma petite présence en ce moment : j’ai beaucoup de boulot, ainsi que des matches de tennis (je suis arbitre et membre d’une équipe de joueuse, les rencontres sont nombreuses). Mon emploi du temps est un peu tendu. Je lis, et j’aurai de nombreuses chroniques à rattraper pour votre plus grand plaisir!! 😉

Un univers parisien intra-muros

Myriam n’est pas la plus brillante des jeunes femmes, et elle a eu tendance à profiter des joies de la jeunesse et de la vie. Entre flirts, joints et la pratique du squat de bâtiments abandonnés, nous pouvons dire qu’à 25 ans, elle a roulé sa bosse et a jouit de quelques années bohèmes (et aventureuses).

Mais voilà, suite à la longue maladie de sa mère, et toute la cohorte d’émotions accompagnant cette situation, elle a décidé de prendre sa vie en main : direction La Capitale, La Ville Lumière, Panam dans toute sa splendeur, avec ces monuments, ses vielles pierre, ses architectures travaillées et enviées…

Question job, elle se contente de ce qu’elle trouve, autrement dit, un boulot payé au lance-pierre, une considération identique à celle portée aux termites ainsi qu’un encadrement digne des bagnes des Misérables. Enfin, vous voyez le topo. Pourtant, le roman ne se déroule pas au XIX siècle. Que neni! C’est très contemporain, c’est aujourd’hui ou demain ou encore dans quelques années. La date est difficile à situer, mais cela n’a guère d’importance.

Myriame décroche un CDD dans une boite dénommée Zuidertoren, spécialisée dans la collecte d’informations. Dès les premiers temps, notre protagoniste s’aperçoit que les choses tournent pas forcément de manière logique dans la société…

Puis, très vite, elle est contactée par l’énigmatique Duncan Vane, qui montre un intérêt certain pour la jeune femme. Des conversations polies, en discussions plus personnelles, les deux lient une relation construite sur une attirance réciproque et une certaine ambiguïté.

Le voile se lève peu à peu, car Myriame est têtue et ne s’en laisse pas compter… Duncan est… un vampire, dirons nous…

L’Empire immobilier des vampires

En effet, Catherine Dufour ne nous propose pas un pastiche, une revisite ou une appropriation du mythe vampire à la sauce Twilligth. Certes, notre bel inconnu est ténébreux, peu causant, très curieux, avide de présence, mais il ne brille pas en plein jour, ne se met pas à un régime pour sa belle, et assume parfaitement sa nature. Bref, Ducan Vane et ceux de son espèce sont loin d’être du style vampire « végéte-et-rien ».

Ils aiment le sang. Parmi eux, certains sont complétement avides de chair humaine, et sont friands de la chasse à courre (d’humains, hein… pas de chèvre ou de caribou). A l’image de toute société, leurs individus sont divers avec des comportements totalement névrotiques, des consciencieux, des salopards,… il y a une belle panoplie, et j’ai adoré certains d’entre eux!

Vous vous demandez comment leur présence passe inaperçue à l’heure d’internet et des réseaux sociaux?

C’est qu’ils sont parfaitement intégrés parmi nous – les humains, accessoirement le bétail – et qu’ils maitrisent très bien les technologies modernes. Ils se sont construits de beaux empires immobiliers ou d’autres sociétés qui leur permet de vivre sous divers couverts. Pour autant ils ne sont pas invisibles et leur ennemis sont particulièrement redoutables. Une guerre discrète les oppose, mais vous n’en savez rien, car tout se fait sous couvert de la la légalité.

Pour les amoureux de la dichotomie et des champions de la Lumière, je crains que ce roman tout en nuances de gris (les 50 ne sont pas loin quand nous considérons la relation masochiste qu’entretient notre héroïne avec Duncan), n’épouse pas votre soif de limpidité et de pureté…

Je vais éviter de  dévoiler la nature exacte de la société vampire ainsi que leurs ennemis, car toute cette découverte participe à l’attrait du texte de Catherine Dufour. L’ensemble très bien exploitée,  offre une autre facette au mythe.

Quand à l’intrigue, comme toute guerre durant depuis des siècles, vous n’en aurez qu’une tranche, assez consistante, mais ne vous attendez pas à la voir s’achever dans la courte période d’une vie humaine. Myriame, à son corps défendant (mais consentant…) s’y trouve mêlée, et le lecteur se demande comment elle pourrait s’en sortir.

Notre protagoniste n’est pas une héroïne à la Lara Croft qui tire sur tout ce qui bouge (ou qui ne bouge pas), bien que très résiliente,elle n’a pas vocation à devenir le paladin de notre temps. S’il elle s’en sort vivante, c’est sans doute le mieux que l’on puisse espérer.

Une fable contemporaine

Cette absence d’option, ou d’ouverture héroïque, illustre parfaitement bien un sentiment qui pourrait décrire notre époque ; la fin des illusions et des perspectives assez limitées. Le ton acerbe du texte colle parfaitement à l’ambiance et offre une critique du monde du travail dans les grandes entreprises. Toutefois, il ne faut pas noircir le tableau, car, l’auteur nous permet de découvrir de magnifiques facettes de Paris. SI j’avais l’occasion je lui demanderais si elle a voulu retranscrire son amour pour ces vielles pierres.

Entends la nuit de Catherine Dufour offre une entrevue de Paris hors des sentiers battus, en compagnie de créatures antiques, tout en ravivant le mythe des lémures, et autres vampires modernes. Très loin du clichés commercial de l’éphèbe végète-et-rien, les créatures mises en scènes diverses et captivantes marqueront le lecteur. Cette fable contemporaine propose un regard acerbe sur notre société actuelle, les cœurs tendres devront s’abstenir.

Ce livre est pour vous si :
  • vous savourez les récits nerveux
  • vous aimez lire un roman assez sombre
  • vous voulez découvrir une nouvelle facette des mythes vampires
je vous le déconseille si :
  • Vous ne voulez que des êtres brillants surtout en plein jour
  • Vous êtes un amateur de SF, et c’est tout!
  • Les vampires sont beaux et bons quoi qu’on en dise
Autres critiques :

Le Bibliocosmele dragon galactiqueBrizeMaman lit

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36 réflexions sur “Entends la nuit – Catherine Dufour

    • Alors, c’est parfait car je pense que ce roman est taillé pour toi, et pour Lianne.
      Les textes plus ambigus sont les plus savoureux, la palette d’émotion est plus large, et invite à la rélfexion (ludique ou pas).

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  1. Ah ben, ta chronique est très sympa, merci, ça me tentait au départ, mais au final c’est pas du tout ce qui me fait envie pour le moment, du coup, à noter dans un coin, peut-être pour une autre période ^^

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  2. Jadis, j’ai bien connu Duncan comte d’Angus, c’était un fieffé manipulateur et mon principal rival pour séduire ces jeunes ambitieuses prêtes à tout et dont nous savourions le nectar sanguinolent… J’ai rejoint les limbes bien avant lui, mai ce qui fut cocasse, c’est que dans ma vie d’humain, j’ai été un grand amateur de bœuf Angus…….

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  3. J’hésite ! Je n’ai jamais lu Catherine Dufour… je n’ai pas beaucoup lu sur les vampires non plus mais ça éveille ma curiosité. A voir !
    (Tu lis toujours Complainte pour ceux qui sont tombés ? J’ai eu un peu de mal même si l’idée de début est sympa.)

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    • C’est vraiment une histoire de vampires tr!s particulière. Assez éloignées du mythe originel. C4est même assez limite pour être qualifier de vampires, mais je ne veux pas gâcher la découverte, alors je préfére utiliser ce terme.
      La plume de Dufour est très sympatique.

      J’ai terminé la Complainte, et j’ai bien aimé. C’est plus un conte sur l’Afrique dans un cadre SF qu’un véritable space opéra.

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  4. Pas sûre que j’ai envie de le lire celui-ci. L’urban Fantasy, ce n’est pas trop mon truc. Ne t’inquiète pas pour ton temps moins disponible sur ton blog. Je connais actuellement la même chose. Je suis crevée et le soir quand je rentre, je n’ai pas envie d’écrire un article.

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  5. Me voilà dans l’embarras. Ta critique me donne envie de découvrir le livre, et pourtant mes précédentes lectures de l’auteur m’ont laissé au mieux mitigé.
    Notamment j’ai toujours trouvé ses récits alambiqués ou plein de lourdeurs. Seules quelques nouvelles ont su me plaire.
    Du coup, vais-je tenter de nouveau ? Me voilà bien embarassé.

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    • Ah! je ne sais trop quoi te dire.
      J’ai trouvé la prose agréable et adaptée aux situations, une bonne variation au niveau des langages des uns et des autres, pas de lourdeurs qui m’aient fait tiquer.

      Voilà, franchement une meilleure pioche que je ne pensais. 🙂

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