Bifrost n°95 : La Lune

Au clair de la Lune,…

La Lune a toujours fasciné l’humanité, que ce soit à travers un télescope – et les observations à l’œil nu, à travers les fantasmes les plus fous ou encore par le biais de l’imagination débordante des virtuoses des mots.

Les premiers pas sur notre satellite naturel est un des rares événements qui a captivé en masse les téléspectateurs et la presse mondiale au siècle dernier. Bien évidement, les lutins sont subjugués par la Lune, au point de se payer quelques visites à la cité de l’espace à Toulouse, histoire de profiter au maximum de l’exposition temporaire. Ils sont mordus, ces lutins!

Alors, inutile de décrire la joie de découvrir très tôt le thème et l’illustration de Bifrost n° 95. Chose inouïe, à cette occasion, j’ai appris que le petit peuple sélénite, cousin des minuscules créatures terrestres étaient des fourmis. Si,si. Ce sont deux pointures de la Hard-SF qui nous le clament : Stephen Baxter et Hannu Rajaniemi!

L’attente fut terrible (surtout quand on oublie de se ré-abonner et que le précieux numéro n’arrive toujours pas dans la boîte aux lettres…), aussi, l’exigence sera-t-elle au diapason de ce long délai.

 

(vous remarquerez que j’essaie de coller au thème avec un support régolithe)

Au Sommaire

4 Nouvelles

  • Les Hommes-Fourmis du Tibet de Stephen BAXTER
  • Tyché et les fourmis de Hannu RAJANIEMI
  • Marche au soleil de Geoffreyy A. LANDIS
  • Après un Jugement dernier de Edmond HAMILTON

Carnet de bord

  • Objectif Runes : les bouquins, critiques & dossiers
  • Le coin des revues
  • Paroles de nooSFeriens

Le Dossier : LUNE & SF

  • L’Âge d’or des aventures lunaires, par Mike Ashley
  • Entre Hécate et Séléné : un parcours de lectures au clair de Lune
  • Décrocher la Lune : l’exploration lunaire dans les œuvres de fiction, par Roland Lehoucq & J.-Sébastien Steyer

SCIENTIFICTION

  • Petit précis d’histoire lunaire, par Roland Lehoucq

Blabla


 

4 Nouvelles

  • Les Hommes-Fourmis du Tibet de Stephen BAXTER

Un jeune garçon découvre une scéne surprenante alors qu’il s’aventurait en vélo sur la plage. Une énorme bouteille de verre s’est posée là. Un vieil homme en guenille, visisblement le passager/pilote, est entouré d’un petit comité tout aussi curieux que notre aventurier en herbe. L’objet étant sans surveillance, le garçon s’y dirige et après quelques péripéties gentillettes s’envoie en orbite, à son grand désarroi. Il finit par alunir et débute alors une épopée époustouflante aux yeux de ce jeune homme.

Ce récit, hommage à H.G. Wells, fait la part belle à l’aventure et la découverte. Il possède la saveur de son aîné, sa fantaisie initiale et une forme d’ébahissement surannée. Il rappelera également les autres faits d’armes d’écrivains comme Jules Verne avec une histoire bon-enfant, un enchaînement de maladresses, qui fait la part belle au fantasme lunaire – sans  oublier quelques notions scientifiques. Dans l’ensemble, j’ai ressenti une petite saveur des romans junéviles de Heinlein. Toutefois avec Stephen Baxter, je ressors  de mes lectures enchantée (Retour sur Titan) ou mitigée (L’anti-glace), et cette nouvelle fait partie de la seconde catégorie… Mais, il faut aussi préciser que les romans de Wells ont du mal à me passionner, seul l’aspect novateur parvenant à maintenir mon intérêt…

La bouteille sur le sable n’est pas sans rappeler les messages à la mer, et la chute conforte dans cette image.

Ce ne sera pas un éclat de lune printanier pour ce texte, mais une lune gibeuse.

  • Tyché et les fourmis, de Hannu RAJANIEMI

La jeune Tyché est une jeune fille pleine de vie, d’insouciance et dotée d’une âme généreuse. Souvent solitaire, l’espièglerie la pousse à jouer des tours à son entourage, et surtout au Cerveau, une IA chargée de sa sécurité et de son bien-être. Un jour elle décide de fausser compagnie à son petit monde, pour aller rendre visite au Magicien, de l’autre côté de la porte au Troll.

Consternée, elle découvre son amie en pleur, et leur « village » partiellement détruit. La coupable : une fourmie mécanique qui ne lui veut pas que du bien…

Ce récit me fait penser à Lewis Caroll, avec cette aventure faussement enfantine et naïve. Il s’agit du premier texte de l’auteur que je lis et je suis séduite par sa créativité, la plume trés visuelle qui associe aussi bien fond et forme. La chute est un poil convenue, sans que cela gâche le plaisir de lecture.

Belle pleine lune.

  • Marche au soleil, de Geoffreyy A. LANDIS

Trish Mulligan (le sort s’est chargé de distribuer sa main de carte – sorry, je sors…) s’est crashée sur la Lune. Il n’était d’ailleurs pas prévu que son engin s’y pose. Une chance insolente lui permet de contacter la Terre in extremis, avant que le terminateur précéde ses possibilités de transmission. Son message de détresse parvient à bon port, et les secours seront sur place dans… 30 jours. Dans l’attente, elle doit survivre. Et si la question alimenatire ne s’est pas un obstacle majeur, l’apport en oxygéne et le maintien à température s’avèrent bien plus délicat.

Il lui faut précéder le terminateur, qui cherchera constament à l’avaler dans son ombre au fur et à mesure de la rotation de la Lune, l’empêchant d’accéder à la précieuse lumière… Et donc, marcher, marcher, marcher – et pas à l’ombre (je sors, bis).

Le dernier texte de Landis exploré dans les colonnes d’Albédo était Le Sultan des nuages. J’avais adoré l’ambiance, l’exotisme, la vraisemblance. En revanche j’étais restée sur ma faim en terme d’intrigue. Ici que neni!

Tout est parfait. La nouvelle est telle que je les apprécie, mêlant ambiance, invitation à l’exploration, exactitude scientifique, émotion, construction psychologique, suspens et dramaturgie. Le reproche récurent lu à propos de la Hard-Sf est son accessibilité difficile. Or, cette idée est bien souvent éronnée comme en témoigne ce superbe texte. La Hard-sf consiste à ne rien concéder à la fiction en terme de respect des connaissances scientifiques. Certes, le processus d’écriture est nettement plus évident lorsque l’auteur choisit la proximité terrestre…

Ici, pas de terme technique sauvage, de description matérielle longue comme la nuit polaire, ni de concept totalement étrange. Et pourtant, le texte se classe en hard-SF. Et pourtant, le lecteur est franchement séduit.

Très belle surprise, une de mes nouvelles préférées de l’année, avec une cette belle pleine Lune Rousse!!!

  • Après un Jugement dernier, de Edmond HAMILTON

La nouvelle Comment s’est là-haut ? avait changé ma perception du père de Capitaine Flam. Pour les raisons que j’ai citées dans le paragraphe précédent : un texte associant fond, forme et émotion.

Après un jugement dernier joue sur le même registre, tout en étant moins intense et plus sombre, puisqu’il y est question de fin du monde. Le récit est prenant, et devait être assez percutant lors de sa publication initiale.

Une belle pleine Lune.

Carnet de bord

La rubrique qui vous fait hurler… je ne sais toujours pas pourquoi. Une question de déco ?

Avec un petit mot pour Apo!

 

  • Objectif Runes : les bouquins, critiques & dossiers

Au bilan, 5 livres lus, 3 déjà dans ma PAL et 5 dans ma Wish-list.

 

  • Le coin des revues

… ou le coup du hérisson.

  • Paroles de nooSFeriens

Article intéressant qui brosse les débuts d’internet la sphère geek francophone. Etonnant de constater autant de frilosité initiale pour des mordus de SF…. Mais quand nous constatons les freins s’opposant au numérique à l’heure actuelle…

Le Dossier : LUNE & SF

  • L’Âge d’or des aventures lunaires par Mike Ashley

L’article de ce numéro. Pas forcément ce qui justifie l’achat de Bifrost 95 à lui seul car ce serait inexact tant les nouvelles valent le détour. Toutefois, cette exploration de la  littéraire lunaire est réellement passionante. Mike Ashley nous propose aussi bien une petite étude littéraire que psychologique et philosophique, qui illustre parfaitement combien la Lune passionne depuis l’antiquité. Passionne, fascine et parfois inquiéte.

Incontournable.

  • Entre Hécate et Séléné : un parcours de lectures au clair de Lune

Il s’agit d’un guide de lecture sur la Lune. Ou plus exactement sur les aventures de fiction liées à la Lune. Le panorama commence en 160 ap JC pour s’achever avec Luna de McDonald.

Des oeuvres majeures et incontournables sont analysées en passant par des précurseurs tels que Jules Verne et Wells, en n’oubliant pas Heinlein et Clarke.

Pas de véritable révélations ou des découvertes de premier ordre.

  • Décrocher la Lune : l’exploration lunaire dans les œuvres de fiction par Roland Lehoucq & J.-Sébastien Steyer

Une double dose de Roland Lehoucq sur ce numéro : je prends!

Cet article reprend quelques ouvrages présentés précédemment, pour les analyser au prisme des connaissances scientifiques du jour. Il est tout autant passionnant que le billet introductif de Mike Ashley, mais vous ne lirez plus les bouquins de la même façon… Un bien pour un mal ? C’est à voir.

SCIENTIFICTION

  • Petit précis d’histoire lunaire par Roland Lehoucq

Le titre dit tout. Les habitués de la rubrique adoreront. Précis, pédagogique et la touche d’humour adéquate. Un petit bonheur.

blabla

Je suis trés surprise qu’ Anatèm ou Dans la Toile du temps n’ait pas remporté le GPI… Je ne connait pas les membres du jury,…

En revanche, pour la traduction, le prix est amplement mérité sur Anatém.

 

 

Voici un numéro de Bifrost qui séduira – ou pas en fonction de vos attentes. Les nouvelles présentées sont de grande qualité, charmant aussi bien l’âme que le coeur, et stimulant les neurones avec douceur et intelligence. Il faut souligner le texte de Landis, Marche au Soleil qui met le lecteur sur la brèche à la fois par le périple que par la psyché de son héroïne. L’autre morceau de choix est le texte de Mike Ashley qui nous offre une étude littéraire lunaire de premier ordre.

A vos fusées! Objectif  : Lune!

 

Ce numéro est pour vous si :
  • Si vous êtes souvent dans la Lune
  • Si vous souhaitez décrocher la Lune : le mode d’emploi est expliqué par nul autre que Roland Lehoucq !
  • Si vous avez conservé une âme qui s’émerveille
je vous le déconseille si :
  • Vous êtes trop Terre-à-Terre
  • Vous êtes lunatique
  • La Lune s’est trop surfait
Autres critiques :

Bientôt, quand la connexion ne mettre pas deux lunes pour afficher une page…. Vive les vacances!

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

Objectif Lune (11€)

 

 

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SSW

24 réflexions sur “Bifrost n°95 : La Lune

  1. Quel massacre fluorescent sur ma belle critique de Paria 😀 Non, je rigole. Et oui, nous sommes d’accord sur l’essentiel 😉

    Sinon, Braises de guerre est un Space Op’ très honnête, ce n’est évidemment pas le bouquin de SF de l’année, mais ce n’est pas la purge décrite non plus.

    Pour le tome 1 du Journal d’un Assassynth, j’ai trouvé ça très faible, effectivement. Ce que je peux te dire, c’est qu’il ne faut pas s’attendre à une merveille malgré la ribambelle de prix récoltés, et qu’il faut plus envisager ça comme une petite lecture rapide et sans prise de tête.

    Content de te revoir poster plus régulièrement, en tout cas 😉

    Concernant le texte de Rajaniemi, si tu as aimé celui-là, qui est le plus mauvais parmi ceux de l’auteur que j’ai eu l’occasion de lire, tu vas adorer le reste, qui est laaaaargement au-dessus.

    Aimé par 2 personnes

    • Je sais bien que mon utilisation du stabylo ne te fait pas bondir. 🙂

      Je me souviens de ta critique et que tu soulignais que le tome 2 était meilleur. Ainsi, cela fait quelques mois que je l’ai sur ma liste d’achats. Je n’ai pas encore franchi le pas, pour une bête question de sous et de priorités. Quant à la purge, celle-ci m’incite à lui donner sa chance. LOL!

      La Martha Wells, je ne suis toujours pas entièrement décidée (les mêmes raisons) et surtout je suis influencée par e que tu en as pensé.

      Mon agenda reprend son cours normal, et j’avais une anémie, ce qui explique ma grosse fatigue ces derniers temps, avec l’incapacité d’aligner plus de quelques pages le soir…. La traitement commence à faire un bel effet, et avec davantage de temps, je reprends la lecture plus régulière et le blog.

      J’ai bien aimé. J’ai le Voleur quantique dans ma bibliothéque… je sens que je vais me régaler. 🙂

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  2. La seule nouvelle qui m’est passionnée est Les Hommes-Fourmis du Tibet de Stephen Baxter. Le reste m’a laissé de marbre.
    Je pensais que tu avais un petit coup de mou avec le blog, content de voir qu’il n’en était rien et que tout rendre dans l’ordre

    Aimé par 1 personne

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