Stand By – Pellegrino & Seigne & Vuataz

Intégrale de la saison 1

Voici une lecture peu commune dans les pages du blog. Certes, Stand By est affilié à la SF, dans une veine anticipation, mais il s’écarte largement des jalons jusqu’à présent brossés dans les articles. En effet, votre Lutin goûte très peu les romans catastrophes, trop souvent caricaturaux. Il y a une exception, si nous voulons considérer que les textes survivalistes et zombies appartiennent à cette sphère; et encore ne remportent-ils pas ma totale adhésion.

Lors du récit, les marqueurs classiques sont absents; pas de virus ayant échappé d’un laboratoire avide de dollars, pas de détraquage météorologique dépassant les scénarios envisagés tout aussi farfelus qu’improbables, ni de guerre fratricide déclenchant de réjouissantes retombées nucléaires nocives.

Un volcan décide de mettre le bazar dans notre quotidien. Tout simplement.

Un rapide aperçu des enjeux

Lorsqu’un volcan dans la région de Naples entre en éruption, un prodigieux nuage de cendres paralyse progressivement l’Europe, clouant les avions au sol et brouillant les communications. Sur le point de s’envoler pour New York depuis Paris, Alix Franzen doit revoir ses plans. Au Monténégro, Nora, Vasko et Virgile, trois adolescents, se retrouvent sans adultes et découvrent l’indépendance, grisante et inquiétante. Au même moment, les Green Teens – une équipe de jeunes Européens qui accomplissent leur Service climatique obligatoire – reste bloquée au cœur du Groenland, loin de tout secours.

Nous sommes habitués à entendre de ci, de là, l’annonce de l’éveil ou l’éruption d’un volcan. Les conséquences restent mineures, et se cantonnent à un déplacement (douloureux pour les familles concernées) de population ainsi que le versement de primes d’assurances éventuellement.

Or, les trois auteurs nous proposent une éruption sans commune mesure avec ces accidents naturels, ces colères magmatiques spectaculaires.  Nous avons vécu une expérience similaire avec l’explosion du volcan islandais en 2010, Eyjafjöll. Le premier épisode a duré quelques jours et a perturbé le trafic aérien pendant quelques semaines, il y eu quelques répliques (de mars à mai) mais qui n’ont guère occupé le temps d’antenne dans nos médias.

Vous vous rappelez sans doute cette poussière se répandant partout, les images des chevaux dans les plaines grises, le ciel bleu entaché par un immense panache de fumée ?

Les auteurs suisses proposent l’explosion d’un volcan plus important, « promettant » une catastrophe supérieure à l’éruption du Mont Saint Helens aux USA en 1980, événement plutôt retentissant…

Mais que se passerait-il si une caldéra manifestait sa colère ?

Une anticipation au cœur de l’Europe

Vous aurez peut-être deviné que l’explosion volcanique qui nous occupe est celle des Champs Phlégréens près de Naples. Au premières heures, les morts se comptent en milliers, et bien rapidement en centaine de milliers.

Pourtant, ce n’est pas cette catastrophe qui est décrite dans les pages, qui serait propice au sensationnalisme, digne d’un film de grande « envergure » made in Hollywood. Non, le choix s’est portée sur l’intimité, sur les conséquences dans la vie quotidienne de trois groupes de protagonistes situés à divers endroits de l’Europe.

La première conséquence impacte l’aéronautique. Le panache de fumée se répand rapidement, d’abord en Italie et ses pourtours et très vite dans les pays voisins avant de couvrir une bonne partie du globe. Ce n’est pas tant la visibilité réduite, qui explique que les autorités clouent les avions au sol, mais l’aspiration des cendres dans les moteurs qui les rend aussi aptes au vol qu’un fer à repasser.

Le réseau est également perturbé, l’information délivrée au compte goute, les magasins sont assiégés,…

Pourtant, notre regard se porte ailleurs, loin des zones les plus impactées.

Les trois adolescents découvrent et savourent une liberté et une autonomie toute nouvelle. Il y a une dose d’inconscience dans leur comportement, qui colle tant à la réalité que cette partie donne une forte vraisemblance au roman.  Mis à part l’absence de réseau et de communication qu’ils pensent temporaire (à raison), l’inconfort de leur situation se limite aux contraintes budgétaires… Quelques surprises attendent le lecteur en chemin, et leur périple est plutôt engageant.

A quelques milliers de kilomètres, toute une équipe d’observateurs scientifiques lèvent le camps avant l’arrivée de l’hiver en plein Groenland. Ils empaquettent le tout rapidement, l’avion doit -devait – arriver dans l’après-midi.

Et, il y a urgence!

La veille, les plus jeunes ont fêté la fin de l’expédition, en improvisant un jacuzzi dans l’atelier/tente technique. La boisson aidant, les jeux ont dérivé du récréatif au sensuel, aspergent au passage quelques équipements techniques, dont le système de communication satellite… Or, les esprits ne sont guère clairs en ce début de journée, et la maladresse associée à une bonne gueule de bois provoque un accident sérieux avec une des participante au programme.

Les secours se situent à 60km au bout d’un désert de glace…

Enfin nous avons Alix, qui décide de migrer vers le sud.

Un petit point sur le style.

Le roman fait 480 pages, avec des paragraphes denses. Il n’y a pas de retour à la ligne pour les dialogues, car souvent, le lecteur est invité à « occuper » l’esprit d’un des personnages. Tout y est vécu à travers ces différents points de vue. L’empathie et l’émotion sont ainsi très bien exploitée, mais il faut un temps d’adaptation pour s’habituer à ce chois de rédaction, très similaire au « Un animal doué de raison » de Robert Merle.

En conclusion

La documentation est sérieuse, ainsi, le roman se lit avec un grand plaisir car l’ensemble délivre un parfum de cohérence et de vraisemblance. Le choix de ne pas axer sur un roman catastrophe est des plus judicieux car l’intimité liée aux personnages implique le lecteur émotionnellement. Le suspens est servi par des trames diverses, bien maîtrisées, qui maintiennent en haleine tout autant que les conditions environnementales se dégradant.

De plus, le monde ne part pas à vau l’eau, et se ressaisit bien vite, face aux événements. Aussi, sommes-nous frappés par cette réalité alternative.

Le personnage d’Alix, très égocentrée, n’emporte pas mon adhésion, ni son périple à travers la France.

 

Autres critiques :

Signalez-vous!!

Ce récit est pour vous si :
  • vous aimez les textes d’anticipation
  • vous cherchez un récit autour des personnages
  • Les volcans vous fascinent
je vous le déconseille si :
  • C’est pas vraiment un roman écolo, çà!!!
  • Du survivalisme sans zombie, beurk!
  • Vous préférez quand l’environnement est plus hostile

 

Ce roman est un cadeau de Noël de Mande Wolf, pour découvrir des auteurs suisses de SFFF.

Un petit coup de pouce pour votre lutin adoré :

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Roman version brochée (13,90€)

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7 réflexions sur “Stand By – Pellegrino & Seigne & Vuataz

  1. Oh mais ça me fait tellement plaisir que tu aies aimé !! J’ai donc réussi ma mission de te faire lire des plumes suisses héhé (et là, ça fait d’une pierre trois coups !).
    La saison 2 est sortie dernièrement, je l’ai dévorée 🙂
    Et je te rejoins sur Alix, j’ai du mal à m’y attacher. Par contre j’aime beaucoup les deux autres arcs narratifs !

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    • C’est avec plaisir que j’ai découvert des auteurs suisses. Et oui, 3 d’un coup!! 😉

      Bonne nouvelle pour la saison 2, j’ai été vraiment captivée par les 2 autres intrigues, Alix mise à part.

      Me reste, l’autre petit cadeau pour aller encore plus loin!

      Aimé par 1 personne

  2. Il m’a l’air pas mal ce roman surtout que la catastrophe est tout à fait plausible. Je me rappelle de l’éruption de 2010, mon avion en partance pour Rome avait été annulé. Du coup, on y est allés en voiture. Et sur place, on était trop bien car il y avait peu de touristes qui n’avaient pas pu se déplacer. C’était top pour les musées.

    Aimé par 1 personne

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