La Lyre et le Glaive – Christian Léourier

La Lyre et le Glaive

Le diseur de mot & Danseuse de Corde

Critic

« Peut-être chaque être humain est-il à son tour, ne serait-ce que quelques minutes, quelques secondes, celui dont dépend l’équilibre du Monde. » – Le Lyre et le Glaive

Ce diptyque complète ma découverte de l’œuvre de Christian Léourier. J’entends par ces termes, non pas la lecture complète de sa bibliographie, mais une plus humble incursion dans une production éclectique. En effet, Sijinrêta fut ma première prise de contact avec un space-opera fort agréable et bien rythmé. Je ne me lasserai pas de La Longue Patience de la Forêt, une nouvelle poétique et envoutante.  Et enfin, l’auteur nous offre une fantasy bien plus âpre avec La Lyre et le Glaive, composée de deux tomes (Le diseur de motsDanseuse de Corde). Ainsi, ai-je pu goûté à différentes facettes de l’auteur, et je suis convaincue par chacun de ces périples.

« Lorsque Kelt se voit refuser le passage d’un pont parce qu’il ne peut s’acquitter du péage, il prédit l’effondrement de la construction. Ainsi sont les diseurs de mots, ils ont de drôle de pouvoirs, jamais ils ne mentent et, dit-on, leurs vérités ensorcellent.Accusé par le gardien du pont d’avoir jeté un sort à l’ouvrage, Kelt est arrêté puis jeté dans les geôles du seigneur local. L’incrimination étant cependant difficile à démontrer, le gardien convoque une ordalie, où le diseur de mots doit prouver son innocence une arme à la main. Heureusement pour lui, Hòggni, un mercenaire en mal de contrat, se porte volontaire pour le représenter. Hòggni remporte le duel, mais le seigneur local n’en a toutefois pas fini avec les deux hommes. Vexé, il les envoie au devant du danger, en mission au Heldmark, où le culte d’un dieu unique se répand comme la peste.« 

Un univers aussi rugueux qu’une terre viking

Sur les terres du Solkstrand du hartl Skilf Oluf’ar, la vie ne suit pas un cours paisible, c’est ce que découvre le gardien du pont qui n’a rien pu faire face à la furie des eaux. Immédiatement démit de ses fonctions, suite à l’effondrement du passage enjambant le fleuve, notre bonhomme, pas si bon que cela,  goûte aux geôles du maître céans et doit faire face à la peine capitale. Le bougre est soupçonné de ne pas avoir rendu grâces au dieu fluvial…. Chance inouïe, il est autorisé à s’expliquer. Il évoque alors, le sortilège d’un sorcier, un diseur de mot : Kelt.

C’est ainsi, que notre nomade découvre l’hospitalité geôlière. Il fait éclater son innocence lors d’une ordalie opposant le champion du hartl Skilf Oluf’ar, à un volontaire issu de la foule. Un homme sanglier : Hòggni, mercenaire de son état.

A la surprise générale, ce dernier remporte le combat (et refuse de mettre à mort son opposant, une décision lourde de conséquence…). Le Hartl leur confie alors une mission qui consiste à enquêter sur l’influence grandissante d’une secte/religion au Dieu unique et au nom sans équivoque, l’Unique, en Heldmark ainsi que sur les intentions de son souverain.

Outre, les termes rocailleux, le climat n’épargne pas les habitants, les animosités se règlent à grand renforts de castagnes, de meurtres ou d’emprisonnements. La population ne bénéficie d’aucune mansuétude, l’oligarchie en place n’a de cesse d’accroitre sa fortune et de fait son influence, avec à son sommet un hartl maniaque et mégalo. L’avenir s’assombrit lorsque les troupes du Hedmark envahissent le Solkstrand, et les peuples, en particulier celui des forgerons itinérants payent un lourd tribu.

Le compte-rendu de Kelt et Hoggni se sera vu rapidement confirmé, avec l’annexion du Solkstrand et les vues affichées sur le pays frontaliers… Commence alors une valse autour du pouvoir particulièrement tendue, sournoise et addictive pour le lecteur.

L’ambiance nordique est superbement restituée, et le lecteur se plonge dans les affres de cette contrée en lutte avec un prosélytisme agressif, un esclavagisme avéré d’une partie de ses habitants et la fermeté des nouveaux dirigeants.

Sur le fond, le solkstrand en perte de  cohésion et en mal de spiritualité ne possède plus les armes pour lutter contre une nouvelle religion (l’Unique) qui menace d’effacer ses modes de vie et d’embraser l’ensemble de la région.

Des Personnages au cœur d’un chronique nordique

Kelt, ou de on nom public Bouche d’Or, manie la vérité comme une arme. A l’occasion, cette dernière semble le choisir comme son instrument privilégié. Les  conséquences s’avèrent pour le moins spectaculaires!

Le choix de Christian Léourier est loin d’être innocent car cette vérité mouvante, est intrinsèquement liée à la véritable nature et aux intentions de ses protagonistes. Elle est une arme redoutable, mais à double tranchant, potentiellement lourde de conséquences. Le partie pris de porter deux noms, l’un privé et l’autre public, fait penser aux textes de Ursula Le Guin, notamment dans Terremer.

Nous retrouvons ce choix « dual » dans les autres protagonistes : Hoggni, Varka, Oddi (surtout), Kélia,… dont le potentiel, leur vérité ne se dévoilera qu’au prix de certains sacrifices.

En conclusion

La Lyre et le Glaive, diptyque immersif dans un univers nordique, remporte mon adhésion. Sa poésie ne se concentre pas uniquement sur la plume de Christian Léourier, mais égalementement dans la geste de cette contrée transpirant d’une mélancolie tragique.

Le roman est dense, aussi certains lecteurs trouveront-ils quelques longueurs liées à la volonté d’offrir des « Chroniques » au Solkstrand. En revanche, les amateurs d’univers à l’historique et au worldbuilding solides et cohérents se régaleront.

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez les univers soignés,
  • vous souhaitez vous immerger dans une contrée nordique
  • vous appréciez la poésie de C. Léourier
je vous le déconseille si
  • vous n’avez aucune affinité avec la dark fantasy
  • vous recherchez une magie spectaculaire
  • vous souhaitez un roman qui pète dans tous les sens, et tout le temps
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35 réflexions sur “La Lyre et le Glaive – Christian Léourier

  1. Welcome back, Lutin ! J’espère que tout va bien ou mieux tout au moins.

    Très envie de lire ce livre mais j’aimerais poursuivre Léourier avec son cycle de Lanmeur que j’ai commencé il y a quelques années sans jamais poursuivre (et pourtant qu’est ce que c’était bien !)

    Aimé par 1 personne

    • Merci.
      Nous allons croiser les doigts pour que l’avenir soit bien plus clément que ces quelques mois.
      La tentation d’entamer des nouveaux cycles est grande, je compatis, mais il vaut mieux écouter la voie de la sagesse et noter celui-ci pour plus tard.

      Aimé par 1 personne

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