Point Nemo : Polaris – Philippe Tessier

Editions LEHA

L’Univers : De l’eau à perte de vue

Les Généticiens, maîtres absolus des fonds marins, y imposèrent leurs lois et leur domination pendant plus de mille ans. La surface étant devenue invivable, la nature du cataclysme qui s’abattit antérieurement n’est évoqué qu’à demi mot, le milieu océanique fut le seul milieu en capacité de recueillir les êtres vivants. Les Généticiens régnèrent donc sur tous.

Il y a six siècles, l’Alliance Azure parvint à les renverser, et le monde sous-marin s’éparpilla en diverses factions. Ce ne fut guère une période paisible car les frictions étaient nombreuses, et l’acquisition des ressources la priorité, quelque soit la méthode exigée pour les obtenir.

Pour autant, cette faction ne semble pas animer que d »intentions pacifiques ou philanthropiques. Sa première apparition sur le devant de la scène est martiale, déterminée et dénuée de compassion. Des qualités qui sont associées avec sa plus grande rivale.

En effet, à la chute des Généticiens, l’Hégémonie, le plus puissante des « nations », ne cherchait qu’à conquérir et s’étendre. Sa dénomination donnait déjà un fabuleux indice, sans que l’auteur ait besoin de rentrer dans moult détails. Très avancée technologiquement, elle fut capable de réaliser des prouesses génétiques, permettant aux hommes de se sentir comme des poissons dans l’eau aux prix de la perte de quelques gènes bien humains. Militairement à la pointe, elle fait figure d’ogre dans le roman de Philippe Tessier, Point Nemo : Polaris. Nous la côtoierons très peu, essentiellement pas dialogues interposés. Pour l’instant.

Ce monde maritime est loin d’être bipolaire, avec de nombreuses parties de puissance variable, toujours à cran : La Ligue Rouge, La République de Corail, L’Alliance Polaire. Au milieu de tout ce charivari, un organisme interétatique : l’Organisation des Etats Sous-Marins (OESM), aussi efficace que notre ONU…

Point Nemo

Loin de ses considérations géopolitiques, perdue dans une faille au décor magique, baignée d’une lumière féérique, la station (sous-marine) Nemo vit ses dernières heures : à bout de souffle, ses couloirs intestinaux grippés, pètent, défaillent, vomissent gaz toxiques et fuites d’eau. La pression menace d’écraser les personnels répondant encore présents. ET si elle résistait, le découragement le plus total y veillerait.

Cette station, autrefois fierté de l’humanité, est simplement à l’abandon. Karl, représentant de l’OESM et directeur de la relique en décomposition, attend un ravitaillement qui affiche deux ans de retard sur le chronomètre. C’est un miracle qu’il parvienne à conserver un minimum de cohésion et d’autorité au sein de son équipe, surtout avec de fortes têtes à ses « ordres ». Olympe, mécanicienne hors pair est la grande gueule au grand coeur, par excellence, Simon et Valère, plus discrets ont le moral dans les chaussettes, et enfin, Mallard demeure à l’écart.

Voilà le maigre personnel sur le pont tentant de lutter contre l’inéluctable. Certes, une expédition est partie avec le dernier submersible pour rallier un port et demander des secours, mais il faut encore attendre. Toujours attendre.

Jusqu’au jour ou la réalité s’impose : pas de secours en vue ou à l’ouïe, il faut tenter l’opération de la dernière chance… Et ce n’est que le début des ennuis…

Un Water-Opera qui met la pression

Avec ce Polaris, nous sommes très loin du Nemo de Walt Disney : c’est tout simplement l’opposé. De plus, le roman comporte, lui, une référence et hommage à Jules Verne. Oubliez l’océan coloré, les images d’Epinal ou encore les reportages de bancs de poissons évoluant avec grâce et multitude. Cet univers marin est bien plus sombre, dangereux et oppressant. La profondeur, qui participe également à ses sensations, n’en est pas l’unique raison. Même ces rayons de lumière féérique qui tombent sur la station ne peuvent divertir le lecteur de son angoisse; et, par son contraste avec la menace aigüe, cette beauté ne fait que renforcer la sensation d’imminence.

La situation catastrophique de ces rescapés, à court de vivres et de solutions techniques, en est une des clefs. Parfaitement isolés dans cette immensité d’eau, le huis-clos et son dénouement fatalement fatal fonctionne à merveille. Nul besoin d’ajouter des frictions entre les personnages prisonniers de ces conduites, nous avons dépassé ce stade, et à la lecture, cela saute au yeux.

Puis, lorsqu’ils tentent l’opération de la dernière chance, avec un Karl qui se débat avec ses peurs et ses angoisses, le lecteur ne peut que ressentir cruellement l’inéluctable de la situation. Enfin, avec un environnement propice au festival de bestioles pleines de tentacules, de courants marins diaboliques, c’est le désespoir qui frappe à la porte.

Jusqu’à ce que Karl découvre un submersible…

Outre, ces sensations angoissantes dans ce huis-clos bien huilé, le lecteurs profitera de scènes tendues, de dialogues percutants ainsi que de combats à haute pression!

Point Nemo : Polaris vous propose une plongée en eaux profondes, aux confins de l’Océan, avec un huis-clos prenant et parfaitement huilé. Cette station Nemo en perdition vous fera chavirer, pleurer et rager. Ce roman de Philippe Tessier a de quoi vous surprendre.

Ce récit est pour vous si :
  • vous aimez les romans qui vous prennent à la gorge
  • vous souhaitez lire un Space-opéra, dans l’eau
  • vous êtes fascinés par les huis-clos
je vous le déconseille si :
  • Vous êtes à la recherche de votre papa
  • Quoi, il n’y a pas de vaisseaux spatiaux ?
  • Nemo, c’est pas le poisson de Walt Disney ?
Autres critiques :

Au pays des Cave-trolls

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12 réflexions sur “Point Nemo : Polaris – Philippe Tessier

    • Alors disons qu’une première partie sera à ton goût, la seconde un peu moins, mais je ne la qualifierais pas de testostéronée. APrès Olympe, elle, l’est d’entrée, et ce sera bémol suivant les goûts. Je n’aime pas particulièrement les personnages féminin qui ressemble à tout point au cliché du camionneur vulgaire.

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