Macon, 1922. En 1915. le film Naissance d’une nation a ensorcelé l’Amérique et gonflé les rangs du Ku Klux Klan. qui depuis s’abreuve aux pensées les plus sombres des Blancs. A travers le pays, le Klan sème la terreur et se déchaîne sur les anciens esclaves, déterminé à faire régner l’enfer sur Terre. Mais les Ku Kluxes ne sont pas immortels. Sur leur chemin se dressent Maryse Boudreaux et ses compagnes de résistance : une tireuse d’élite à la langue bien pendue et une Harlem Hellfighter.
Armées de fusils, de bombes et d’une épée imprégnée de magie ancestrale, elles chassent ceux qui les traquent et renvoient les démons du Klan tout droit en enfer ; alors qu’un complot effroyable se trame à Macon et que la guerre contre le mal est sur le point de s’embraser.
Naissance d’une Nation, le catalyseur
Ce film datant de Griffith datant de 1915 eu un impact conséquent à sa sortie en salle aux USA. Muet, les images qu’il présente sont fortes et accrocheuses, les dialogues n’y sont pas nécessaires pour comprendre l’histoire et le point de vue très partisan de Griffith. Naissance d’une Nation relate la Guerre de Sécession (1861-1865) et les années qui suivirent, la Reconstruction; glorifiant le KKK (Ku Klux Klan), justifiant la ségrégation des afro-américains et les réduisant à des bêtes sauvages, des prédateurs sexuels et des voyous avides de revanche, tandis que les membres du KKK ne s’avèrent en fait que des chevaliers, défenseurs de la veuve et de l’orphelin.
En pleine période de ségrégation, la sortie du film provoqua moult remous : des accrochages, des émeutes et même des meurtres racistes et gratuits. Dans certaines villes, le film fut interdit dès sa sortie et même l’action en justice de Griffith auprès de la Cour Suprême (au nom du 1° amendement – la garantie de la liberté d’expression) fut déboutée par cette dernière, le 23 février 1915. Il s’agit donc dès son origine d’une oeuvre proprement clivante dans cette Amérique ségrégationniste.
Cette courte présentation du film de 1915 s’explique par son importance dans le roman Ring Shout de P. Djélì Clark.
En effet, à Macon en 1922, Naissance d’une Nation est au programme, faisant le bonheur des membres et partisans du KKK. En revanche, cette rediffusion inquiète la population afro-américaine locale car les exactions qui suivirent la précédente projection furent violentes et nombreuses. Parmi les inquiètes, trois femmes, Sadie, Maryse et Chef se dresse sur leur chemin. Elles savent que le film contient en soi un sortilège provoquant ces accès de violence sur les hommes blancs, ce qui sert ainsi les intérêts de monstres dissimulés – plus ou moins bien – parmi eux, les Ku Kluxes.
Dans l’arsenal à disposition, hormis une épée magique et des balles de gros calibre, un « cantique » magique : le Ring Shout.
Un avis en demi-teinte
Sans doute, en attendais-je trop, car j’avoue une certaine déception à la lecture de la novella. Une forme de révolution de la fantasy ? Pas entièrement, puisque l’auteur explore un pan lovecraftien du genre, certes en en prenant le contrepied, et même un positionnement clairement en négatif, mais en soi, cela s’avère peu révolutionnaire.
Ring Shout est loin d’être un mauvais texte, bien au contraire.
L’influence du film sur la population est utilisée avec intelligence, tout en participant activement à la fois à l’ambiance et aux enjeux. En outre, cette utilisation directe d’un média d’actualité de nos jours permet un ancrage dans notre réalité, tout en nous invitant directement à se projeter dans l’histoire. Cela fonctionne parfaitement, puisque nous nous sentons immergés au coeur de l’action et des exaltations.
Nos héroïnes, Sadie, Maryse et Chef, ainsi que tout leur clan nous donne un aperçu poignant de leurs conditions de vie et de leurs passions. Le cantique Ring Shout est une idée magistrale qui participe à donner du caractère à la novella, car même si je ne la considère pas « révolutionnaire », P. Djélì Clark nous offre un texte qui se distingue, qui possède une saveur unique.
J’ai ressenti une forme exutoire, une catharsis dans Ring Shout, des éléments très personnels finalement à la lecture.
Les autres points qui n’ont pas emporté mon adhésion : des scènes très graphiques (les 3 hommes qui se mettent à dévorer le cadavre d’un chien en pleine rue,…). La conclusion vers Providence.
Enfin, le style d’écriture fut à la fois immersif, crédible et un frein à ma lecture. Ecrit à la première personne, ce témoignage tout en verve et en spontanéité adopte un langage et une grammaire propres à la narratrice. Ces styles ne me chavirent pas, je suis plus sensible à des plumes poétiques (Victor Hugo et Alexandre Dumas sont mes auteurs de coeur). Pour ce texte, je suis certaine que la version audio m’aurait plu davantage.
Ce livre est pour vous si :
- vous voulez lire un roman passionné
- vous souhaitez une histoire sombre
je vous le déconseille si
- vous n’aimez pas les histoires de monstres
- vous vérifiez le dessous de votre lit et les placards avant de vous couchez
Autres critiques :
Célindanaë – L’épaule d’Orion (en VO) – Les chroniques du chroniqueur – Yuyine – La Bibliothèque d’Aelinel – Le Bibliocosme –
Lu dans le cadre du :
Challenge Winter Short Stories of SFFF
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Illustration : Tooth Wu
Je vois que l’on a des avis assez similaires sur la novella. Hâte quand même de lire Le maître des Djinns.
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Je viens de lire ton retour, et je disais la même chose. Je suis assez surprise – agréablement, je me sentais seule – de lire que nos avis convregent à ce point.
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Oui surtout que la plupart des lecteur(ice)s ont apprécié. Après, je n’accroche pas aux monstres lovecraftiens.
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exactement.
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C’est vrai que les styles particuliers comme ça passent peut être mieux en audio !
Je ne pense pas le lire, déjà en VO je ne l’avais pas pris alors que j’ai tout le reste de l’auteur. Juste pas trop mon truc quoi. Même si je suis sur que c’est intéressant.
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Connaissant un peu tes goûts, il ne correspond effectivement pas à ce qui te plaît.
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Comme je le disais sur le blog d’Aelinel, même si je ne suis pas un fan des monstres, dans ce texte, ils ne m’ont pas dérangé. J’ai vraiment bien aimé cet ancrage historique et cela m’a permis de rentrer totalement dans l’histoire.
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Je sais que ce roman a beaucoup plu. J’en suis d’autant plus déçue.
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[…] D’autres lectures : CélieDanaë (Au pays des cave trolls), Fourbis et têtologie, Feydrautha (V.O.), Gromovar (V.O.), Fantasy à la carte, Just a word, Navigatrice de l’imaginaire, Les Chroniques du Chroniqueur, La bibliothèque d’Aelinel, Lutin (Albédo), […]
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Je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai que la version audio peut être forte sur un tel livre. Même si je souhaite autant de courage à la narratrice qu’aux auditeurices. 😅
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Il faut vraiment que je découvre cet auteur !
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Je comprends tout à fait les bémols que tu soulèves bien qu’ils aient, de mon côté, participé à mon enthousiasme. Le style d’écriture bien particulier peut en effet bloquer et passera parfaitement à l’audio.
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Je ne suis pas souvent réceptive aux styles d’écriture particuliers ou expérimentaux. Ici, il faut reconnaître qu’en audio se serait vraiment chouette.
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[…] Ring Shout de Djélì P. Clark, avec un sentiment plutôt mitigé. […]
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