Simulacres Martiens – Eric Brown

UHL

Simulacres Martiens propose une aventure mêlant deux classiques de la littérature, La Guerre des Mondes de H.G. Wells et Sherlock Holmes de Conan Doyle. Suivre notre détective si victorien dans ce pastiche pourrait dérouter les amateurs de ce dernier, car le cocktail a de quoi surprendre. Au premier abord.

Une fois les tripodes de Wells invités dans le paysage, le décalage avec notre vision de l’époque s’efface pour prendre un tournant surprenant et tout à fait agréable. En cela, il m’a rappelé L’instinct de l’Équarrisseur de Thomas Day, à la différence que l’auteur transportait Sherlock Holmes dans une autre époque.

Simulacres Martiens se déroule en 1912, à Londres, soit près d’une quinzaine d’années après la tentative d’extermination de l’humanité par les martiens. En effet, depuis de nombreux siècles, la planète rouge était observée par les astronomes et scientifiques du monde entier. Des canaux étrangement parallèles avait été découvert et faisaient l’objet d’hypothèses abondantes et contradictoires. D’aucun prétendait que leur présence prouvait l’existence d’une vie intelligente sur Mars.

En 1894, la planète s’anima et présenta maintes explosions et éclairs à sa surface. Quelques temps plus tard, il s’avéra que ce n’était pas des météores qui se dirigeaient vers la Terre, et plus précisément l’Angleterre, mais une force martienne, que l’on découvrit rapidement agressive et très efficace. Bien vite, la gigantesque machine à 3 pattes, le tripode, fut redoutée partout en raison de son rayon mortel, le Rayon Ardent.

Visiblement, le fil du roman de Well est reconduit dans Simulacres Martiens car si les extra-terrestres ne paraissent plus une menace, celle-ci fut écartée conformément à La Guerre de Mondes. Désormais, amitié, entraide et assistante technologique animent les deux peuples.

Donc, en 1912 à Londres, au 221b Baker Street, l’ambassadeur martien sollicite l’aide du célèbre détective, Sherlock Holmes et de son fidèle compagnon, le Dr Waston. Le nom du diplomate, comme tous les habitants de la Planète Rouge (visiblement) se compose d’un Machin-Truc-Chouette aux consonances de produit pharmaceutique, ici en l’occurrence un médicament destiné à l’encombrement intestinal. Bref, notre ambassadeur requiert l’aide de Holmes : il y a eu un meurtre sur Mars, un de leurs plus illustres penseurs : un Machin-Truc-Chouette destiné à l’encombrement des bronches et des voies respiratoires ( 😉 ). Les 2 amis doivent donc se rendre sur place, près du Mont Olympus afin de faire toute la lumière sur cette affaire.

Il semblerait que nos nouveaux amis ne soient pas aussi tendres que ce qu’ils prétendent.

Eric Brown emprunte les personnages de Doyle sans en faire des héros qui vont assurer la survie et l’avenir de l’humanité. Il tire des différents romans de l’auteur britannique les traits et attitudes des deux protagonistes pour les mettre en oeuvre à bon escient. Ainsi, notre bon vieux docteur est-il toujours aussi prompt, par empathie, à se laisser berner, se présentant comme un faire-valoir de choix pour Holmes. Ce dernier relève immédiatement quelques détails par lui seul remarquables. D’autres incohérences confirmeront très vite ses suspicions, mais les événements battent rapidement leur plein et un danger (mortel) assombrit leur paysage.

Holmes va ainsi s’interposer, mais il n’est plus aussi vigoureux qu’auparavant. Aussi, compte-t-il davantage sur d’autres ressources, son sens de l’observation et son intelligence.

Eric Brown retranscrit parfaitement cet état d’esprit, et rend l’histoire plus cohérente. Avec Watson comme narrateur de choix, nous vivons les événements par son regard et les interprétations de Holmes. Certains pourraient être un poil déçus de ne pas voir nos deux héros à la tête des événements, mais ce serait oublier leur âge en 1912. Néanmoins, les voir agir comme soutien de choix, avec une fin qui préfigure une action dans l’ombre bien plus efficace, s’avère bien judicieux.

Cette novella est référencée bien au-delà de l’exploitation des événements de La Guerre des Mondes de Wells et de l’emprunt du duo de Baker Street à Conan Doyle. Nous pouvons noter quelques apparitions de choix, contemporaines de l’époque : George Bernard Shaw et G. K. Chesterton, deux écrivains engagés, le premier fut lauréat d’un Prix Nobel.

Martians Go Home !(1955) de Brown, Frederic qui traite également d’une vague martienne pas plus amicale que celle de Wells fait une courte apparition. L’utilisation du titre du livre de son homonyme dans le passage est jouissive. Outre d’autres petites touches liées à l’ère victorienne, c’est l’apparition du professeur Challenger qui m’a fait bien sourire. Le héros du Monde Perdu est tout aussi truculent sous la plume de Brown qu’il le fut sous celle de Conan Doyle.

Il est à notre que les aventures de Holmes avec les martiens ne s’achève pas là, une note nous indique qu’une nouvelle sera disponible dans le Bifrost 105. A vos portes-monnaies!

Simulacres Martiens possède le parfum d’un récit de Conan Doyle, et si l’idée initiale pouvait provoquer la hausse d’un sourcil, la réalisation est maîtrisée pour notre plus grand plaisir. Les deux œuvres iconiques se marient harmonieusement pour nous offrir une aventure trépidante sur une Mars pittoresque.

Ce livre est pour vous si :
  • vous voulez une nouvelle aventure de Holmes
  • vous souhaitez découvrir une Mars fantasmée
  • vous aimez vous plonger dans un roman court mais intense : une Mars et ça repars!

je vous le déconseille si

  • vous n’aimez pas les pastiches
  • vous voulez des batailles spatiales
  • mars avec bonhommes verts, n’importe quoi!
Autres critiques :

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Simulacres Martiens d’Eric Brown

En Bonus : L’instinct de l’équarrisseur de Thomas Day que je vous conseille vivement.


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25 réflexions sur “Simulacres Martiens – Eric Brown

  1. Vendu ! J’ai d’autres novellas de la collection à lire, mais c’est officiellement celle-ci qui me tente le plus. Et puis, même si les martiens sollicitent Sherlock Holmes, c’est que définitivement on ne peut pas passer à côté d’une histoire où il intervient !

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    • Comme je le précise, il faut être sensible à l’exercice et aimer SH. C’est mon cas, donc, je la trouve chouette. Elle est sans prétention, ne cherche pas à épater la galerie par une réflexion philo de premier plan, ect…

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