Réalités – Loïc Grosman

Réalités, tome 1

 

2012 : Les Limiers Aeria et Bron effectuent en Réalité Un une mission pour la société idéale de la Réalité Zéro. Leur but ? Traquer ceux qui pourraient perturber leur époque en développant leur faculté de déplacement à travers les mondes.
Mais bien vite, le couple repère des anomalies dans les câbles quantiques. Selon l’Analyste Welmot, il s’agirait d’un fait rarissime qui ne se serait pas produit depuis la mise en place de la Fibre Unique, qui permet de changer de Réalité.
Pendant ce temps, Abigail, jeune serveuse dans un bar belge, se fait enlever par Kylee, un professeur aux talents de tueur à gages. Il l’entraîne dans une Réalité où l’humanité s’est presque éteinte au XXe siècle, et démarre alors un enseignement qui ébranle toutes ses convictions.
Et si ces deux événements étaient en fait intimement liés ? Une véritable course contre la montre s’engage pour Aeria, tandis que Welmot s’apprête à découvrir une vérité qui menace de détruire l’espèce humaine. Quant à Abigail, quel intérêt peut-elle avoir pour Kylee, ce scientifique si mystérieux ?

Ah! il est très difficile de lire un livre après un coup de cœur tel que Terminus de Tom Sweterlitsch. Ce rôle délicat a été assumé par le premier tome de la trilogie de science-fiction de Loïc Grosman, Réalités.

Le sort, car je l’avais « programmé » à ce moment là depuis quelques temps, a voulu que les deux auteurs construisent leur intrigue sur les mêmes thématiques : les univers parallèles et le voyage dans le temps. Aussi, cette confrontation indirecte a-t-elle été encore plus délicate pour notre écrivain français. Pourtant, il s’en sort honorablement, comme nous allons le constater.

Un univers multidimensionnel

Dans le roman de Loïc Grosman, il y a plusieurs réalités qui coexistent, l’une maîtresse, les autres contrôlées.

Elles ne sont pas bien nombreuses, car elles répondent à un impératif mathématiques, et repose sur la résolution d’une équation assez complexe, à plusieurs inconnues certes, mais au nombre bien délimité.

Dans la réalité référence, les sciences et les diverses théories associées ont franchis des paliers permettant d’entrevoir, non pas une vérité universelle, mais des ponts entre les matières. Le fonctionnement du cerveau est bien mieux compris, ainsi que celui du corps. L’humanité est parvenue à exploiter davantage ses ressources cognitives, et l’ouverture d’esprit alliée à une recherche dynamique ont permis de découvrir un sixième sens à certains individus.

Ils ont développé une sensibilité à certaines manifestations de l’espace-temps. En creusant l’affaire et combinant plusieurs disciplines, ils ont dégagé des fluctuations du champ quantique, et un lien entre les mondes parallèles – les câbles quantiques. Forcément, ils souhaitent garder le contrôle de ces « voies » ainsi découvertes…

L’auteur prend le temps de développer son explication sur la base des théories quantiques. Il le fait avec suffisamment de pédagogie pour que l’aspect hard-sf soit compréhensible par la plupart des lecteurs. Aussi, nous prenons nous au jeu, et il est aisé de s’immerger dans de telles alternatives.

En outre, il construit dans cette réalité un univers dans lequel la société a fortement évolué, lavée de nombreuses tares. Ce monde utopique, considéré comme idyllique par les habitants, montre quelques défaillances çà et là. Quelques éléments viennent, en effet, ternir l’image de perfection (c’est totalement volontaire de la part de l’auteur) que le lecteur pourrait admirer… J’ai particulièrement apprécié la façon dont le dogme – même en matière de sciences – pouvait aveugler même les esprits réputés les plus éclairés.

Réalités parallèles et voyages dans le temps

Si Tom Sweterlitsch et Loïc Grosman joue dans la même veine science-fictive, il n’en va pas de même pour leur registre.

Dans Terminus, l’univers est clairement noir, jouant à la limite de l’horrifique avec une ambiance angoissante. L’angoisse est tout autre dans Réalités, elle s’invite peu à peu, à mesure que les intervenants prennent conscience de la gravité de la situation, de leur perte potentielle de contrôle. En sus, le lecteur peut également entrevoir dans ce monde « utopique » une source d’angoisse en se demandant si il n’y a pas une dérive orwellienne, plus ou moins sioux.

Loïc Grosman propose de suivre deux trames, l’une relative à Aéria et Bron, l’autre à Abigail et Kylee. Nul doute pour le lecteur que les deux finiront par se télescoper.

Aéria et Bron sont des Limiers. Ces personnes sont particulièrement sensibles au champ K, que nous pouvons rapprocher d’une manifestation des nœuds espace-temps.  Elles se sont entraînées pendant de longues années à se concentrer intellectuellement pour se déplacer par ses « portes » d’une réalité à l’autre, d’un temps à l’autre, en suivant ses fils ténus d’énergie quantique. Je ne vais pas trop tenter d’expliquer le comment, l’auteur le fait bien mieux que moi, et avec davantage de pédagogie. D’ailleurs, cela peut paraître absurde à la lecture de mon billet. Sorry 😦

Leur mission ne se résume pas à du tourisme, loin s’en faut. Ils sont chargés d’identifier et de localiser les personnes des autres réalités susceptibles de menacer la suprématie de Leur réalité. Le sort réservé à de tel individu n’est guère mystérieux.

Lors d’une de ces missions, ils se font décrocher du wagon quantique. Accident? incident? ou ce phénomène annonce-t-il une menace plus sérieuse ?

Pendant ce temps, Abigail, serveuse de son état, est abordée par Kylee qui se propose d’exploiter un potentiel en sommeil. C’est à l’occasion de l’apprentissage de la jeune femme que l’auteur dévoile le fonctionnement de ses « voyages ».

 

La première moitié du roman prend le temps d’explorer et d’exposer ces univers, de poser les enjeux et les personnages. Par la suite, le rythme devient plus enlevé, et le lecteur se laisse prendre au jeu. Une fois embarqué sur les câbles quantiques, difficile de retrouver notre Terre ferme. Les amateurs de plumes chatoyantes pourraient trouver la prose un peu plus aride pour leur goût.

 

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez les multi-univers et les voyages dans le temps
  • vous rêviez d’explorations
  • vous aimez la hard-sf
Je vous le déconseille si :
  • Vous n’aimez pas les utopies, ni Orwell
  • vous n’aimez pas les romans qui suivent plusieurs trames
  • vous ne jurez que par des textes en alexandrin
Autres critiques :

bientôt ?

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8 réflexions sur “Réalités – Loïc Grosman

  1. Il y a des choses que j’ai dû mal à comprendre :
    Le livre fait 230 pages
    Les histoires de voyage dans le temps sont toujours un peu complexe
    Il s’agit d’une trilogie

    230 X 3 = 690 p.
    Soit un quota qui aurait très bien pu tenir en 1 seul volume, et qui ne demanderait pas aux lecteurs de se replonger dans les tomes précédents pour renouer les fils du suivant.
    A moins de lire les autres tomes à la suite dans une réalité parallèle.

    Bref, je suis perplexe !

    Aimé par 1 personne

    • 690 pages d’un coup?…. hummmm je ne sais pas si je tiendrais le coup sur tout un roman. La lecture est assez rude de temps à autre. C’est un peu la même chose avec certains bouquins d’Egan qui restent courts en eux-même et qui auraient pu tenir en 2 ou 3 volumes au lieu de 5.

      Celui-ci dans tous les cas n’est pas pour toi!

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  2. Bonjour à tous / toutes.

    Ce livre n’est que le premier des trois parties. Je vais fournir à notre hôte la suite, et la fin.
    En version papier, édité par Les Livres De Demain (premier tome réédité pour encore plus de fluidité), chaque livre fait environ 310 pages, soit plus de 900 pages 🙂
    Et, nous n’avons dans ce premier opus qu’un neuvième de toute l’histoire.
    Oui, les trames vont se télescoper (c’est prévu !). Le second tome va « plus vite », et une partie développe une multi-uchronie (hé hé), quant au troisième tome, il fait vraiment l’apothéose, en n’oubliant pas de proposer la vraie partie « contre-utopique » de ce roman.
    Le site internet d’achat n’est pas amazon, mais leslivresdedemain.fr
    Voilà 🙂
    Ah, j’oubliais : il est tout juste en cours de nomination pour les prix Hugo 2020 (Nouvelle Zélande), dans deux catégories : meilleur roman, et meilleure série.

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