Les Agents de Dreamland – Caitlin R. Kiernan

Le Bélial – UHL

Ce 25 volume de la collection Une Heure-Lumière fait suite à ma lecture du Le Manuel du Gardien de Lindqvist. Cette succession est involontaire, et j’avoue mon amusement à la découverte d’un thème se recoupant. Amusement d’autant plus grand que je me suis lancée dans la lecture du Dossier Arkham d’Alex Nikolavitch…

Effectivement, nous empruntons un itinéraire qui va flirter avec les terres de Lovecraft, Bloch, Clark Ashton Smith et bien d’autres. Nous naviguons en marge d’une (weird ?) fantasy horrifique qui revêt des oripeaux de plus en plus angoissant à mesure qu’incertitude et compréhension gravissent les pentes de la conscience.

Pourtant le Signaleur, agent de Dreamland, est un habitué des enquêtes particulières, des révélations qui bousculent les fondements de la raison, des découvertes propres à faire basculer la santé psychologique. Toutefois, lorsqu’il se voit missionné pour rencontrer la fameuse Immacolata Sexton, son ancrage ainsi que sa légendaire distance décapsulent. Non seulement l’agent doit faire face à une redoutable concurrente, alliée de circonstance en l’occurrence, mais aussi enquêter sur une secte qui ne vise qu’à appeler une chose ancienne et indicible tapie dans le cosmos.

Dès le début de l’aventure, lectrices et lecteurs sont projetés dans un bain de suspicion, fait d’admiration et d’appréhension. Le Signaleur attend. Malgré des années d’expérience, son malaise est perceptible, tout autant que l’odeur de sa sueur, sa dernière mission a pénétré ses défenses, le laissant légèrement plus troublé. Un état d’esprit guère indiqué tandis qu’il revit sa découverte, alors qu’il attend impatiemment l’agent britannique.

Le ton est ainsi donné. Désiriez-vous une enquête policière trempant dans le glauque, saupoudrée d’une pincée d’ésotérisme ? Caitlin R. Keiran se fait un plaisir d’accéder à vos désirs, avec un récit mêlant indicible, inéluctable et angoisse. Chacun des chapitres ajoute conjointement quelques révélations et une dose d’anxiété. Peu à peu, les dessous de l’enquête se dévoilent; toutefois ce que le mystère perd en occulte, l’ambiance le gagne en malaise. La prise de conscience débouche non pas sur une révélation et le fin mot de l’histoire mais sur une promesse de sang, de spores et d’effroi…

Les Agents de Dreamland ne constitue pas une lecture aisée. Son chapitrage explore les facettes temporelles de cette histoire de manière non chronologique, offrant une double trame qui se marie en fin de récit. Personnellement, j’apprécie grandement les textes non linéaires, les enjeux prennent de l’ampleur, tandis que l’aspect angoisse gagne en épaisseur. Les points de vue sont partagés, si celui du Signaleur ne comporte aucune difficulté, celui de la suspecte est plus énigmatique parfois, et peut déconcerter. Enfin, le texte est bourré de références la plupart axée sur l’œuvre de Lovecraft ou de ses héritiers, d’autres musicales (Les Beatles, ou encore Jimmy Hendrix « all along the watchtower’), « Apocalyptiques », culture geek, Appel de Cthulhu, ect… Aussi, si vous n’en saisissez pas quelques unes, le récit perd en consistance et en saveur.

Pour ces différentes raisons, les Agents de Dreamland peut apparaître comme un OVNI dans la collection UHL, mais n’est-ce pas tout naturel dans Les Contrées du Rêve ?

La traductrice a dû bien s’amuser à traduire cette novella, chapeau! Enfin, vous pourrez constater que Le Bélial est traumatisé par le confinement, nous l’avons à toutes les sauces désormais : « Les mesures de confinement sont très strictes » p24.

Les lecteurs qui s’aventurent sur les traces des Agents de Dreamland, le font à leurs risques et périls. Ils sont priés de signer une décharge auprès des éditions du Bélial, si une fois sa lecture achevée, ils devaient fréquenter un institut psychiatrique.

Ce livre est pour vous si :
  • Vous aimez les personnages énigmatiques
  • Vous adorez les récits non linéaires
  • Vous êtes fan de Lovecraft et de son héritage
je vous le déconseille si :
  • J’ai horreur de l’Horreur
  • Vous aimez les choses claires et limpides
  • Lovequoi ? Je suis plein d’amour, moi!

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