Le Revenant – Jamie Sawyer

Un final tout en panache!

Lazare en guerre, tome 3

L’Atalante

Ce troisième tome de Lazare en guerre nous offre un final de toute beauté, pour cette trilogie de SF militaire jouant sur des accents horrifiques. Rédemption (tome 2.5) nous apportait un éclairage spécifique sur l’attaque de la station Cap-Liberté.  Cet « ‘intermède » s’avère être non seulement un moment de pure action pétaradante, mais comporte aussi des petits événements clés trouvant toute sa saveur dans ce dernier volume.

Les forces compatriotes de Harris sont en très mauvaise posture, en conflit sur deux fronts, d’une part  avec les cheenois du Directoire – des humains adhérant à un système totalitaire- et d’autre part avec la multitude des krells, aliens agissant en essaim. L’espoir est bien mince, et nous ne sommes pas sûrs que même la Légion Lazare puisse relever le challenge… sauf qu’il y a un dernier coup à jouer, peut-être l’atout maître, la carte du désespoir certainement : Le Revenant.

Un petit point de situation

Nous avions découvert cette section des forces spatiales et spéciales dans le premier tome de la trilogie : L’artefact. La scène d’ouverture, choc,  mettait en scène les compères d’Harris, dont Jenkins, ‘Ski et Martinez, en plein combat contre des krells, qui les conduisit tout droit au trépas! A cette occasion, deux points importants se révélaient : un ennemi alien coriace, organisé en colonie, et doté de capacités bio-technologiques; mais également, la particularité de la légion Lazare : les simulants.

Cette troupe n’était pas tombée au combat, seuls leur alter-égo modifié génétiquement avait été sacrifié. Cette technique permet de préserver les compétence et l’expérience de ces soldats d’élite, ils « pilotent » ainsi un corps aux aptitudes martiales et à la résistance hors du commun grâce à une connexion neurale – qui n’est pas sans rappeler Jupiter du centaure de Poul Anderson.

Lors du tome d’ouverture, la Légion parvient à sauver un artefact mystérieux, d’origine bribe. Ces extra-terrestres, désormais disparus de la galaxie, ont laissé derrière eux de nombreux témoignages de leur passage, et certains potentiellement utiles pour l’effort de guerre. Une utilité qui se révèle déterminante dans le deuxième tome, Légion, où Harris et compagnie affrontent non seulement les krells mais également les hommes et traîtres du Directoire. La technologie bribe est encore active et fort utile que ce soit dans le domaine de la communication ou encore dans l’armement. Mais les événements tournent au massacre alors qu’une créature de cauchemar garde jalousement ces derniers. Les pertes vont être lourdes, même pour la Légion Lazare, et la dernière mission – Damas – se solde par un demi-échec.

Le revenant débute donc 6 mois après Damas et la perte de la station Cap-liberté.

Le MOICP (Mission – Objectif – Itinéraire – Conduite à tenir – Position du chef)

Le chaos règne en maître après la destruction de la station stratégique. Le lieutenant-colonel Harris est à la recherche de Kaminski et du professeur Saul. Aussi son équipe stimulante, épaulée par d’autres, intervient de camps d’internement en planètes-prisons du directoire, jusqu’à l’aboutissement de cette quête, au résultat… mitigé. C’est une entrée en matière assez rude et rythmée. Nous y découvrons quelques surprises, avec une meilleure vision des forces du Directoire, et des Krells aux améliorations bio-technologiques incessantes.

Une fois ces péripéties achevées, le Haut Commandement confie LA mission à Harris.

Mission

Retrouver le vaisseau Arianne et ses escorteurs, le chef de mission (et accessoirement Eléna)

Objectif 

Obtenir l’arme/artefact permettant de mettre un terme à cette guerre, le ramener ou l’activer si nécessaire.

Itinéraire

Emprunter le portail bribe, se porter en plein cœur du Maelstrom, se positionner à proximité d’une planète krelle, Dévonia

Conduite à tenir

Si possible discrétion

Sinon ouvrir le feu à vue, détruire, tuer, dégommer, flinguer, cramer, dézinguer, atomiser tout agent du directoire ou krell.

Place du chef

l’Amiral restera à bord du vaisseau, Harris  au cœur de la mêlée.

Une montée en puissance jouissive

La petite première partie, sur une planète glacée s’avère bourrée d’action et permet une remise dans le bain efficace et dynamique. La série a sensiblement bifurqué vers de la SF teintée d’horrifique, et nous retrouvons cette ambiance dans les geôles du Directoire, entre sentiment de claustrophobie et frissons d’angoisses. Jamie Sawyer mène ses affrontements avec un timing parfait, et nous en ressortons essoufflés et satisfaits.

Il n’y a guère de pause avant d’enchainer avec d’autres morceaux de bravoure, et j’avoue avoir lu ce qui suit avec non pas une certaine réserve, mais un sentiment approchant. J’avais une sensation de déjà-lu, et je ne trouvais pas qu’il y avait là un renouvellement qui emporterait mon enthousiasme. Pendant, un temps, j’ai cru à une redite dans la veine du tome 2 et de l’intermède 2.5.

Je suis particulièrement heureuse de constater que mes craintes, certes temporaires, n’étaient justifiée en aucune façon. En effet, une fois LA mission lancée, le lecteur va s’immerger dans un récit millimétré au cordeau ( et à la dynamite). Il n’y a aucun temps mort, entre l’exploration de la planète Dévonia, de l’artefact bribe, les affrontements divers et variés, les coups de génies, les trouvailles de l’auteur, les rencontres et le final en apothéose. Seuls les esprits chafouins seront tatillons.

L’atmosphère rendue est vraiment particulière. Sawyer est parvenu à créner une planète qui marque, à la fois par son environnement, ses couleurs, les impressions qui s’en dégagent, et forcément son artefact bribe. Le récit est très orienté vers la SF militaire à consonance horreur. Et cela, dès l’exploration du vaisseau Arianne, qui rappelera la série des Aliens à de nombreux lecteurs. Le frisson parcours l’échine et les claustrophobes ne se sentiront pas très à l’aise lors de ces passages. Lorsque l’équipe atteint Dévonia, le curseur angoisse est déjà bien élevé, et l’espoir de trouver des survivants est des plus minces.

L’horrifique se renforce une fois les pieds à terre (la scène du ‘tsunami » me restera longtemps en mémoire), mais, je ne peux évoquer davantage le cours du récit. La découverte de la trame participe énormément au plaisir de cette lecture. Les amateurs de jeux vidéos (Halo, Mass effect,…) trouverons des ressemblances  nombreuses avec leur titres préférés, et une ambiance au diapason. Je fais également le lien, outre Alien, avec Prédator et ses combats dans la jungle.

Un personnage abouti

Je souhaite revenir sur la personnage d’Harris qui m’avait un peu agacée au début de l’aventure. L’auteur soulignait par des flash-backs nombreux et par diverses scènes combien son protagoniste principal était un homme brisé, traumatisé, et ainsi si compétent dans son simulant. Un tempérament à double tranchant, car les morts répétitives n’encourageaient pas un regain de santé psychologique. Je pensais, et je pense encore, que Jamie Sawyer a un peu surdosé la cartouche « personnage » abîmé, au point que nous étions un peu limite dans la construction du personnage.

Dans le deuxième tome, la trame ayant une orientation nettement plus action, le personnage ne bénéficiait pas d’une exposition très appuyée.

En revanche, avec Le Revenant, Jamie Sawyer a largement revu son dosage, aussi Conrad Harris apparaît toujours comme un homme au bord de la rupture, mais l’équilibre est parfait, et c’est l’empathie et la compréhension qui dominent. Seules trois scènes de flash-back coupent un récit mené tambour battant, mais ces 3 passages apportent non seulement un éclairage au protagoniste mais également à la perception de l’action décrite. La maîtrise est nettement visible à ce stade, et au final nous n’avons pas une caricature d’un soldat au bord du gouffre mais un homme complexe, souffrant, prés de basculer, un personnage abouti.

Le Revenant, dont le titre est un beau clin d’œil en soi, est un texte de SF militaire, mâtiné d’une ambiance horrifique dans la veine d’Alien. Jamie Sawyer achève sa trilogie avec panache, dans un feu d’artifice d’actions et d’émotions. Loin d’être un récit à ne lire qu’au premier degré, il propose un roman au rythme élevé, à la tension continue, et aux frissons garantis.

Ce livre est pour vous si :
  • vous aimez la SF militaire intelligente
  • vous souhaitez associer action et ambiance prenante
  • vous adorez les frissons d’angoisse
je vous le déconseille si
  • vous avez une dent contre les choses qui dégoulinent de salive
  • vous avez peu d’affinités avec le genre
  • vous cherchez un roman plus philosophique
Autres tomes
  1. L’artefact
  2. Légion
  3. Rédemption, tome 2.5
Autres critiques :

Apophis Lianne Le nocher

Pour toute la série : artémus dada

Challenges :

SSW VIII

ssw-8

S4F3

  • 357 pages

S4F3 saison 4

17 réflexions sur “Le Revenant – Jamie Sawyer

  1. MOICP, rien que ça !
    Bien vu pour le coup, [-_ô]

    En tout cas je suis d’accord avec toi, ce tome conclu une excellente série ; que j’avais d’ailleurs lue d’une traite [http://artemusdada.blogspot.com/2018/06/lazare-en-guerre-jamie-sawyerflorence.html].

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